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CDG Express : deux grands élus et Ile-de-France Mobilités demandent la suspension des travaux

La maire de Paris, Anne Hidalgo, et le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, ont demandé à leur tour ce 13 décembre la suspension des travaux du futur train rapide CDG Express. La veille, un appel similaire avait été lancé par Île-de-France Mobilités (ex-Stif), l'autorité régionale des transports, que préside Valérie Pécresse.
Le CDG Express doit relier à partir du 1er janvier 2024 la gare de l'Est, dans le centre de Paris, au terminal 2 de l'aéroport de Roissy. Le trajet, long de 32 kilomètres, doit durer vingt minutes et coûter 24 euros. Le nouveau train direct sera en concurrence avec le RER B, bien moins cher mais long et souvent bondé, qui conduit à la gare du Nord puis traverse tout Paris, et - à partir de 2030 si tout va bien - avec la ligne 17 du futur métro du Grand Paris.

Crainte d'impacts sur les transports du quotidien

"L'amélioration de la liaison de Paris à ses aéroports est un enjeu pour l'attractivité de la métropole parisienne, mais elle ne peut se faire au détriment des lignes utilisées quotidiennement par les habitants de la région parisienne", estiment Anne Hidalgo et Stéphane Troussel. Selon eux, "pendant la phase travaux prévue de 2019 à 2024, le CDG Express va impacter l'infrastructure empruntée par les lignes RER B, RER D et le Transilien K ainsi que les lignes P et E lors de l'adaptation de la gare de l'Est". "Des impacts sont aussi anticipés après l'ouverture du CDG Express. La ponctualité des lignes K et H pourrait être affectée. Le RER E sera également impacté par la réorientation des trains vers la gare de l'Est. La capacité d'accueil sera alors réduite par le CDG Express", poursuivent-ils. Pour la maire de Paris et le président du Conseil départemental de Seine-Saint-Denis, "rien ne vient démontrer aujourd'hui que le CDG Express contribuerait significativement" à l'attractivité des territoires et "toutes les alternatives doivent donc être mises aujourd'hui sur la table pour éviter que le CDG Express ne devienne, dès son inauguration, une liaison obsolète et néfaste pour les transports du quotidien".
Mercredi, Île-de-France Mobilités avait indiqué souhaiter obtenir des "garanties sur l'absence d'impact sur les voyageurs du quotidien". "Même si les bénéfices du CDG Express pour l'attractivité de notre région sont réels, les travaux générés par ce projet dans son calendrier actuel pourraient durablement détériorer la vie quotidienne de millions de Français", s'était inquiétée la présidente de l'autorité régionale des transports, estimant que "les 900.000 voyageurs du RER B sont prioritaires". Pour Valérie Pécresse et les élus du conseil d'Ile-de-France Mobilités, "la priorité absolue (...) doit être la fiabilisation et la modernisation des lignes de train et de RER".
Le ministère des Transports a réagi dans la soirée de mercredi en affirmant que la ministre Élisabeth Borne s'entretiendrait "dans les tout prochains jours avec Valérie Pécresse au sujet du CDG Express". Les transports du quotidien ont par ailleurs été présentés par le ministère comme "la première des priorités de l'Etat dans son action et ses choix d'investissement".

Un projet défendu par Aéroports de Paris

"Le projet CDG Express participera au désengorgement du RER B", a plaidé de son côté le groupe Aéroports de Paris, qui assure que ledit projet participe d'une "stratégie globale d'amélioration des accès à l'aéroport", en vue de disposer d'une desserte aéroportuaire comparable "aux meilleurs standards européens et internationaux".
L'association "Non au CDG Express" ne l'entend pas de cette oreille, elle pour qui la priorité est de faire "des travaux fort utiles pour améliorer les transports des usagers du quotidien". Elle préconise, dans un communiqué, que les quelque 2 milliards consacrés au CDG Express soient utilisés "par SNCF Réseau pour faire face à la multitude des travaux à réaliser sur le réseau ferroviaire en Ile-de-France".