Mutations - Ce que seront les territoires d'Europe dans vingt ans
En 2030, l'âge moyen de la population européenne dépassera les 45 ans dans la plupart des régions eropéennes. Dans certaines d'entre elles, la Corse, la Sardaigne, le nord de l'Espagne, l'Allemagne de l'Est ou le centre de la Suède, le vieillissement de la population sera encore plus marqué. C'est ce que prédit l'Orate, l'Observatoire européen en réseau de l'aménagement du territoire (Espon en anglais) dans une analyse prospective sur les "scénarios pour le devenir du territoire européen" où il tient compte des différentes options politiques qui seront prises par l'Europe. Si le cap de la politique européenne est maintenu, un scénario que l'Orate qualifie de "tendanciel", la désertification de certaines régions rurales ou éloignées s'accélérera, tandis que les aires métropolitaines, notamment au nord-ouest de l'Europe, continueront d'attirer de nouvelles populations avec des effets importants sur l'urbanisation, le trafic et la pollution de l'air. "Les opportunités en matière de réduction du chômage présentées par le nombre croissant de départs en retraite ne pourront pas être totalement exploitées si les mesures adéquates de formation et d'intégration ne sont pas prises", prévient l'Orate pour qui "l'enjeu de l'immigration devra être sérieusement envisagé si on veut maintenir une population stable et équilibrée en Europe". Le pentagone délimité par Londres, Paris, Milan, Munich et Hambourg continuera d'être la principale zone d'attractivité économique mais s'étendra le long des corridors de transports vers Barcelone, Madrid, Glasgow, Rome, Copenhague, Stockholm et Oslo, Berlin et Varsovie, Prague, Vienne et Budapest... Mais en même temps, certaines régions sont vouées au déclin. De manière générale, les territoires ruraux et périphériques risquent de faire les frais des mutations économiques vers une "Europe de la connaissance" et des services et de l'augmentation des prix de l'énergie. Effet du changement climatique, certaines terres agricoles du sud de l'Europe seront abandonnées. La globalisation affectera de nombreuses régions industrielles à faibles technologies, principalement en Europe centrale. Le rattrapage de certaines régions de l'Est risque de prendre plus de temps que prévu.
L'analyse prévoit ensuite deux autres scénarios en fonction des deux principaux leviers dont l'UE dispose : la compétitivité ou la cohésion. En actionnant le levier de la compétitivité, le risque de marginalisation rurale et de déclin industriel sera beaucoup plus fort encore. A l'inverse, un tournant dans la politique de cohésion permettrait de limiter les dégâts aussi bien socio-économiques que climatiques, mais avec des performances économiques moindres, dans un contexte de forte concurrence internationale.
"Le développement des territoires soulève des défis importants pour le processus politique européen", souligne l'Orate, à l'amorce des débats sur l'agenda territorial dont l'enjeu sera de donner plus de place aux territoires dans les prises de décision. Après l'audit urbain de la Commission publié la semaine dernière, les futures orientations de Bruxelles se précisent.
Michel Tendil