Création d'entreprise - "Chômeurs et Rmistes ne représentent que la moitié des porteurs de projets"
CCI Entreprendre en France, le réseau d'accompagnement des créateurs et repreneurs d'entreprises des chambres de commerce et d'industrie, a mis au point avec l'Ifop un observatoire permanent des porteurs de projet de création d'entreprise dont les premiers résultats ont été publiés le 14 mars. Objectif : s'interroger sur leur profil, leurs motivations, et les domaines investis. Les détails avec Sandrine Wehrli, déléguée générale de CCI Entreprendre en France.
Localtis : Quelles sont les principaux enseignements de l'observatoire ?
Sandrine Wehrli : A travers cette étude, on s'est rendu compte que la création d'entreprise ne représentait plus seulement la solution de dernier recours pour permettre aux chômeurs de retrouver un emploi. Il y a de plus en plus de salariés qui créent leur société. A l'inverse, les demandeurs d'emploi et Rmistes représentent à peine plus de la moitié (53%) des porteurs de projet, et seulement 8% des personnes interrogées abandonneraient leur projet de création si on leur proposait un emploi salarié ! S'il est important de continuer à inciter les chômeurs à créer leur propre société, il faut aussi prendre en compte ce nouveau phénomène.
Est-ce que la multitude des aides, souvent critiquée, est vécue comme un facteur de frein ?
Plus de la moitié des porteurs de projet ont recherché à obtenir des aides et 36% d'entre eux se sont positionnés en faveur d'une simplification des démarches. Mais ce n'est pas le facteur le plus important pour accélérer leur projet : une grande partie d'entre eux souhaiteraient surtout un accompagnement gratuit et des conseils pour mener à bien leur projet. D'après notre expérience du terrain, le plus judicieux, en matière d'aides, serait de disposer d'un socle minimum commun et d'y ajouter pour certaines niches des aides supplémentaires. Le rapport de la Cour des comptes sur le sujet a beaucoup secoué les esprits et de nombreux conseils régionaux ont commencé à simplifier leur propre dispositif mais il y a encore du travail. A mon avis, on gagnerait à accorder les aides en fonction des projets et plus seulement en fonction du statut du porteur de projet.
Quelle est l'ambition de cet observatoire ?
Tout se joue au niveau régional. Il faut se rapprocher au plus près des besoins. C'est dans cette optique que nous avons créé cet observatoire. Son originalité : c'est une campagne au fil de l'eau. Après cette première vague de 700 questionnaires, 20.000 autres vont être déployés dans les chambres de commerce et d'industrie tout au long de l'année 2007. Cette enquête va donner lieu à des rapports nationaux mais aussi à des statistiques régionales. Les régions pourront ainsi disposer d'éléments de comparaison, mieux connaître leurs propres porteurs de projet et ainsi faire évoluer leur politique d'aide à la création d'entreprise.
Propos recueillis par Emilie Zapalski
Une création d'entreprise choisie et non plus subie
Les résultats de l'enquête CCI/Ifop tordent le coup à une idée reçue : la création d'entreprise n'est plus vécue comme une situation de secours. 53% des porteurs de projets sont des demandeurs d'emploi ou des Rmistes. 92% des demandeurs d'emploi n'abandonneraient pas leur projet de création pour une offre d'emploi salarié. 27% des porteurs de projets actuellement salariés souhaitent cumuler leur emploi actuel et leur nouvelle entreprise. Créer ou reprendre une entreprise est d'abord un moyen de se réaliser (62%) avant d'être un moyen de gagner sa vie (55%). Par ailleurs, 76% des porteurs de projets déclarent avoir besoin d'un apport complémentaire, mais ils sont 36% à considérer les démarches administratives trop compliquées.