Comment évolue l’accès à la formation pour les demandeurs d’emploi ?

La Direction animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère du Travail (Dares) s’est interrogée sur l’évolution de l’accès à la formation des demandeurs d’emplois depuis 2017. Si le taux d’accès a globalement augmenté, elle relève que des freins demeurent en fonction des profils et du niveau de formation, mais aussi de la localisation géographique des demandeurs d’emploi.

Les personnes les plus éloignées de l’emploi, et notamment les moins diplômées d’entre elles, "sont celles pour lesquelles les formations influent potentiellement le plus sur les chances de retour à l’emploi". Un public pour lequel la Dares cherche donc à décrypter quels sont les freins potentiels qui peuvent les maintenir éloignés de ces dispositifs de formation. En 2012, souligne une étude publiée le 16 mars dernier, les personnes interrogées évoquaient en priorité le coût (42%) ainsi que le manque de soutien du service public de l’emploi (37%) pour justifier un projet de formation non abouti. La Dares rappelle d’ailleurs qu’en 2018 l’Etat avait initié un Plan d’investissement dans la compétences (PIC) destiné, notamment, à simplifier l’accès à la formation et revaloriser les rémunérations des stagiaires de la formation professionnelle.

Le taux d’accès à des formations qualifiantes reste bas

En s’intéressant à la période 2017-2020, la Dares s’interroge donc sur l’évolution du taux d’accès à la formation des demandeurs d’emploi inscrits à Pôle emploi depuis au moins un an. Un taux qui a globalement augmenté durant cette période, exception faite de la séquence de la crise sanitaire. Au 1er trimestre 2017, 8,5% des demandeurs d’emploi sont entrés en formation durant leur première année d’inscription à Pôle emploi. Et en 2019, ce chiffre grimpe à 10,8% avant de connaître une baisse sur les quatre trimestres suivants. La diminution est marquée à compter du 1er trimestre 2020 avant de repartir au trimestre suivant pour renouer avec son niveau d’avant crise sanitaire dès le 3e trimestre, atteignant même 14,3% en incluant les formations financées par les demandeurs d’emploi grâce au compte personnel de formation (CPF). En parallèle, l’étude relève que le taux d’accès à des formations certifiantes demeure bien plus bas, autour de 2,8% début 2017 pour finir à 4,2% fin 2020.

Les plus diplômés et les plus jeunes ont plus de chance d’entrer en formation

La Dares constate également qu’à compter de 2017, l’écart se réduit globalement entre les moins diplômés (infra-Bac) et les bacheliers, même si le taux d’accès aux formations certifiantes reste plus élevé chez les seconds. D’une manière générale, les bacheliers et les plus jeunes ont davantage de chance d’accéder à une formation : à caractéristiques équivalentes (situation familiale, géographique...) "les demandeurs d’emploi peu diplômés ont 0,93 fois moins de chance de se former que les bacheliers, alors même que ces personnes sont a priori celles pour lesquelles la formation pourrait être la plus utile", souligne l’étude. L’âge est également un paramètre à prendre en compte puisque les moins de 26 ans ont deux fois plus de chance d’accéder à une formation que leurs ainés de plus de 50 ans. La situation familiale est un autre frein puisque les jeunes en couple avec enfant et les hommes en famille monoparentale accèdent moins à la formation que les hommes célibataires sans enfant.

Le poids de la géographie dans la capacité des demandeurs d’emploi à entrer en formation

Au-delà des situations de famille, la géographie entre également en ligne de compte sur les questions d’accès à la formation puisque ce taux varie en fonction des régions. Il est particulièrement bas en Ile-de-France où, en moyenne, seuls 6,2% des demandeurs d’emploi suivent une formation dans les douze mois qui suivent leur inscription à Pôle emploi. Ce taux est comparativement plus élevé en Occitanie (11%) ainsi qu’en Bretagne (10,1%) ou encore dans les Pays de la Loire (10%), même si l’écart s’est resserré entre 2017 et 2020. Que disent, alors, ces variations géographiques ? Selon la Dares, "elles peuvent refléter des écarts dans les caractéristiques des demandeurs d’emploi". Dans les régions où la main d’œuvre est plus qualifiée, les chances de retour à l’emploi sont plus élevées et les besoins de formation plus limités. La question de l’offre de formation est également pointée, la Dares relevant que "les difficultés de mobilité constituent un obstacle à la formation" au point qu’en l’absence d’une offre de proximité, beaucoup renoncent. Concrètement, les demandeurs d’emplois qui se disent prêts à effectuer un trajet de 20 km ou de plus de 30 mn ont une probabilité d’accéder à une formation 8% plus élevée que ceux qui ne peuvent pas se déplacer à plus de 10 km ou 20 mn de leur domicile. Un phénomène qui touche de facto davantage ceux qui sont éloignés des grandes aires métropolitaines.