Comment faire fonctionner l'habitat social intergénérationnel ?

Si l’habitat intergénérationnel suscite beaucoup d’intérêt, et au moins autant de questions, les projets sont encore rares. Celui que développe à Arras le bailleur social Pas-de-Calais Habitat associe une dimension de mixité sociale et permet de tester des mesures d’accompagnement.

Le département du Pas-de-Calais est confronté au vieillissement de sa population tout en comptant davantage de jeunes que la moyenne nationale. En termes de logement, cela pose la question de l’habitat intergénérationnel. "Cette approche est conforme à nos valeurs de bailleur social qui prônent le mieux vivre ensemble", souligne le représentant de l’office d’HLM. L’occasion de la mettre en pratique se présente en 2007, quand Pas-de-Calais Habitat reprend à Arras (42.000 habitants), une résidence, l’îlot Bon Secours, située au cœur d’un quartier ancien et déclinant, mais proche du centre-ville. Le projet de réhabilitation de l’ensemble immobilier présenté par le bailleur séduit les élus de la ville : "Il a immédiatement emporté notre adhésion, car il est basé sur l’intergénérationnel et une large mixité sociale", précise Nicole Canlers, conseillère municipale à l'action sociale aux solidarités, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la santé. Les travaux débutent en 2008 pour un montant de 17 millions d’euros, financés en totalité par Pas-de-Calais Habitat.

Projet à l’échelle du quartier

Répartis sur plusieurs bâtiments, les 77 logements de T2 à T5 (de type PLAI, PLUS et PLS) sont conçus pour accueillir des personnes à mobilité réduite. Pour renforcer encore la mixité sociale, quatre logements sont en location/accession. En outre, des locaux en pied d’immeubles ont été prévus pour ouvrir la résidence à des activités créatrices d’emplois et de lien social. L’ambition du projet dépasse en effet le périmètre de la résidence. En plus d’un local commercial et de services (centre de relation clients), des salles sont ouvertes aux associations locales et une crèche a été installée, tandis que d’autres locaux sont plutôt destinés à des activités de soins. Un club d’aînés géré par la mairie et le centre social Nord Est Centre y sont implantés et participent ainsi à la vie de l’îlot Bon Secours.

Animatrice à temps plein et partenaires associatifs

Une animatrice intergénérationnelle, à temps plein sur le site, propose des activités pour les résidents et les habitants du quartier avec l’objectif de développer le lien social. La résidence est câblée en fibres optiques et les locataires peuvent à leur demande recevoir une tablette numérique pour se connecter facilement entre eux et avec l’extérieur. Un portail numérique présente notamment le planning des activités et permet de s’y inscrire en ligne. Pour accompagner les personnes encore peu familiarisées avec internet, un "ambassadeur de l’habitat connecté", mis à disposition par l’association Unis-Cité  (une fondation pour le développement du service civique), se charge de fournir toutes les explications. Cet outil numérique est aussi proposé aux autres habitants du quartier afin qu’ils accèdent aux mêmes informations et services. Des partenaires fournissent un soutien indispensable à la réussite du projet. Parmi eux : l’association Down Up qui milite pour le droit à l’autonomie des personnes trisomiques, la Maison départementale du Handicap, les associations de quartier, la CAF et la ville d’Arras.

S’assurer de l’adhésion des futurs résidents

"Si l’attribution des logements a suivi la procédure classique, nous avons au préalable expliqué le projet aux futurs locataires pour nous assurer de leur adhésion, poursuit l’interlocuteur de Pas-de-Calais Habitat. Ils avaient la possibilité de refuser et d’obtenir un logement dans un autre quartier de la ville. De plus, nous avons été très attentifs à ce que le taux d’effort ne dépasse pas 25% de leurs revenus, quitte à ajuster les loyers."
Aujourd’hui, l’Îlot Bon Secours est habité par des couples avec et sans enfants, des personnes seules, des personnes âgées et handicapées. Ces dernières commencent à nouer des relations et paraissent satisfaites de leur choix.

Quelle reproductibilité pour l’habitat intergénérationnel ?

Reste que les questions de l’évolution de ce projet dans le temps et de sa reproductibilité sont essentielles. "Nous avons mis en place un laboratoire des usages pour étudier les interactions entre les habitants afin de nous aider à mieux développer nos futurs projets dans le cadre intergénérationnel. Un partenariat a été noué avec l’université de Laval au Québec pour effectuer un travail de recherche plus approfondi sur ce thème. Nous pourrons établir un premier bilan fin 2013 conclut Laurent Dal. C’est la reproductibilité de ce dispositif qui fera ou non le succès de cette opération."

Victor Rainaldi, pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 


Trois types de prêts locatifs
Le PLAI, prêt locatif aidé d'intégration finance le logement des ménages qui rencontrent des difficultés d'insertion.
Le PLUS, prêt locatif à usage social, est le principal dispositif de financement du logement social, il permet aux organismes HLM de favoriser la mixité sociale au sein d'un même programme de construction.
Le PLS, prêt locatif social, est destiné à financer des logements correspondant à des niveaux de loyers et de ressources supérieurs au prêt locatif à usage social (PLUS) dans des zones tendues.

 

Ville d'Arras

Nombre d'habitants :

42000
Place Guy Mollet - BP 913
62022 Arras cedex

Nicole Canlers

Conseillère municipale à l'action sociale aux solidarités, aux personnes âgées, aux personnes handicapées et à la santé

Pas-de-Calais Habitat

68 bd Faidherbe
62000 Arras

Laurent Dal

Directeur de la communication

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