CyberCantal Télémédecine, une des solutions à la désertification médicale (15)

Comme ailleurs, le Cantal doit faire face à une désertification médicale qui se traduit notamment par un manque de spécialistes. Le conseil départemental a lancé l’expérimentation d’une solution de télémédecine. Celle-ci vient d’être reconduite pour trois ans.

Le projet CyberCantal Télémédecine a été retenu en 2013 dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt lancé par le Feder Massif central. "Cette expérimentation, prévue sur deux ans, avait pour but de tester une solution de télémédecine pour lutter contre la désertification médicale, améliorer l’accès aux soins et la qualité de la prise en charge des patients tout en limitant leurs déplacements", indique la vice-présidente du conseil départemental en charge de la solidarité sociale, Sylvie Lachaize. Sur le terrain, l’expérience se décline en plusieurs projets mis en place progressivement par spécialités en étroite relation avec l’agence régionale de santé (ARS Auvergne).

Chef de projet, établissements pilotes et gouvernance

L’expérimentation a démarré en janvier 2014 avec le recrutement par le conseil départemental du chef de projet CyberCantal Télémédecine. "Je me charge de toutes les questions techniques et administratives, ainsi que de la logistique et de la coordination, afin que les médecins ne s’occupent de rien d’autre que de leur cœur de métier", explique Mme Anh-Thu Thai-Duc.
Cinq structures pilotes - deux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), deux foyers d’accueil médicalisés (FAM) et une clinique - sont partenaires du projet. Elles ont été équipées de chariots de télémédecine. La gouvernance de CyberCantal Télémédecine est assurée par un comité de pilotage qui se réunit environ deux fois par an pour valider les grandes orientations et suivre les problématiques qui surgissent au fil du temps. Il regroupe notamment des élus du département ainsi que des représentants de l’ARS, des caisses de sécurité sociale, des établissements pilotes, de la région et du Conseil de l’ordre des médecins.

Démarrage avec la dermatologie

Le recensement des besoins d’expertise médicale dans les établissements a montré que la dermatologie figurait en tête de liste. Le chef de projet a pris contact avec le centre hospitalier d’Aurillac (CHA) et construit un projet de télémédecine avec l’aide d’une dermatologue. Le CHA a contractualisé la prestation avec l’ARS, puis passé une convention avec chacun des établissements pilotes. Le conseil départemental a fourni l’équipement nécessaire à l’exercice de la télémédecine (voir en fin de texte).

Consultation à distance

Lorsqu’une infirmière repère une pathologie cutanée, elle en réfère au médecin de l’établissement ou au médecin traitant qui peut déclencher un acte de télémédecine en envoyant le dossier médical numérisé du patient à la dermatologue du CHA. Un rendez-vous est alors pris pour une consultation à distance. Trois types d’actes sont autorisés dans le cadre de cette expérimentation : la téléconsultation, la téléassistance qui consiste, par exemple, pour une infirmière à refaire un pansement en étant guidée à distance par la dermatologue et la télé-expertise qui permet de donner un avis médical en ligne.
Un deuxième projet de télémédecine a démarré en septembre 2015, la cardiologie, et trois autres seront finalisés en fin d’année. "En 2016, nous comptons continuer à augmenter encore le nombre de spécialités concernées", précise la chef de projet.

Malgré des freins encore à lever…

L’absence d’interface entre la plateforme de télémédecine et les systèmes informatiques des différents établissements génère une perte de temps, et c’est là l’un des points à améliorer. "L’interfaçage est en théorie possible, mais son coût est prohibitif et dans la pratique des bugs informatiques en réduisent l’utilité", observe la chef de projet.
Il y a aussi des difficultés administratives dues à la persistance de certaines pratiques : l’obligation de transmettre par fax les documents nécessaires, y compris pour une admission classique en hôpital, ou l’absence de codification par la Sécurité sociale des actes de télémédecine. "L’ARS nous a octroyé un fonds correspondant à un forfait de 150 téléconsultations afin que nous puissions rémunérer les spécialistes."

… un bilan concluant

En onze mois, au cours desquels seule la dermatologie a été mise en œuvre, le bilan est de 46 actes de télémédecine pour 33 patients. Les professionnels de santé ont constaté que les personnes âgées acceptaient très bien ce nouveau mode d’exercice : les rendez-vous sont pris au plus tard en quinze jours, pas de déplacement à l’hôpital souvent perturbant.
Enfin, les équipes soignantes des établissements qui bénéficient de l’expertise des spécialistes gagnent en compétences. La vice-présidente en charge de la solidarité sociale, Sylvie Lachaize, se déclare satisfaite de cette première expérience.

Equilibre économique à trouver

"Le conseil départemental vient de prolonger l’expérimentation trois ans, délai que nous mettrons à profit pour trouver et valider un modèle économique qui soit généralisable. Actuellement les coûts sont encore trop élevés", constate-t-elle.

Budget et équipement
Le budget 2014-2015 de cette expérimentation s’est élevé à 370.000 euros financé à 50% par le Feder, à 42% par le conseil départemental et à 8% par la région. Il comprend l’achat des équipements de télémédecine, leur maintenance et le poste de chef de projet.
L’équipement mis à disposition des établissements comprend : un chariot de télémédecine, une licence d’utilisation, la maintenance d’un logiciel de téléconsultation médicale, une caméra et une connexion internet SDSL à la plate-forme régionale de télémédecine qui permet les transferts sécurisés d’images et de données médicales.

Victor Rainaldi pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

Conseil départemental du Cantal

Nombre d'habitants :

147500

Nombre de communes :

260
Hôtel du département - 28, avenue Gambetta
15015 Aurillac Cedex

Sylvie Lachaize

Vice-présidente en charge de la solidarité sociale

Anh-Thu Thai-Duc

Chef de projet CyberCantal Télémédecine

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