Archives

Dans les villes de plus de 20.000 habitants, le taux de pauvreté varie de un à neuf

L'Observatoire des inégalités publie une étude sur les écarts de taux de pauvreté entre les communes. Celle-ci reprend un travail du Centre d'observation de la société, émanation du bureau d'études Compas également dirigée par Louis Maurin, créateur et directeur de l'Observatoire des inégalités. L'étude repose sur l'exploitation de données Insee de 2013 concernant les villes de plus de 20.000 habitants. Elle n'apporte donc pas d'informations nouvelles, mais la mise en perspective souligne l'ampleur des écarts entre les villes, au regard du taux de pauvreté à 60% du revenu médian.

Un taux de pauvreté de 5% à Gif-sur-Yvette et de 45% à Grigny

Les taux de pauvreté le plus élevé et le plus faible s'observent dans le même département, en l'occurrence l'Essonne. Il s'agit de Gif-sur-Yvette (5,0% de taux de pauvreté) et de Grigny (44,8%), ce qui correspond à un rapport de un à neuf. Pour mémoire, le taux de pauvreté à 60% du revenu médian est de 14% au plan national.
Sur les vingt villes de plus de 20.000 habitants présentant les taux de pauvreté les plus élevés, douze se situent en Ile-de-France (dont huit figurent parmi les dix plus pauvres). Outre Grigny, on y trouve Clichy-sous-Bois, Aubervilliers, La Courneuve, Garges-Lès-Gonesse, Saint-Denis, Villiers-le-Bel et Bobigny. Hors Ile-de-France, Roubaix (3e) et Creil (7e) figurent également dans les dix villes les plus pauvres. Même si l'étude ne l'évoque pas, la densité des villes de plus de 20.000 habitants en Ile-de-France joue évidemment un rôle dans ce résultat.
Pour cette raison, mais aussi à cause des forts contrastes de revenus dans cette région, les communes d'Ile-de-France - et notamment celles des Yvelines - occupent aussi les premiers rangs parmi les villes présentant le plus faible taux de pauvreté : huit communes sur les dix premières (Gif-sur-Yvette, Le Chesnay, Vélizy-Villacoublay, Montigny-le-Bretonneux, Maisons-Laffitte, Le Plessis-Robinson, Chatou et Versailles) et treize sur les vingt premières. Hors Ile-de-France, les villes concernées sont Vertou (Loire-Atlantique), Saint-Médard-en-Jalles (Gironde), Tournefeuille (Haute-Garonne), Saint-Sébastien-sur-Loire (Loire-Atlantique), Couëron (Loire-Atlantique), Sainte-Foy-lès-Lyon (Rhône) et Allauch (Bouches-du-Rhône).
Autre enseignement : aucune métropole, ni même ville de plus de 100.000 habitants, ne figure parmi les vingt communes les plus pauvres, à l'exception de Saint-Denis (107.000) et de Mulhouse (110.000). Il en est de même parmi les vingt villes affichant le plus faible taux de pauvreté. Un résultat là aussi logique, dans la mesure où la diversité d'une population croît avec son importance.

Des écarts différents pour Paris, Marseille et Lyon

Pour l'Observatoire des inégalités, "ce type de classement illustre les écarts qui marquent le territoire et comment un taux de pauvreté national moyen de 14% décrit bien mal ce qui se passe dans certaines communes". Pour autant, l'étude reconnaît elle-même les limites de l'exercice : manque de signification des frontières administratives dans les zones à forte densité, effet de taille qui lisse les résultats en fonction de l'importance de la population, limites de l'approche globale dans les grandes villes...
A titre de démonstration, l'étude creuse l'exemple des arrondissements de Paris, Marseille et Lyon. Dans la capitale, le taux de pauvreté va ainsi de 8,2% (7e arrondissement) à 24,0% (19e), soit un rapport de un à trois. A Marseille, ce rapport est de un à cinq entre le 8e arrondissement (11,1%) et le 3e (52,8%). Mais il est seulement de un à deux à Lyon, entre le 6e arrondissement (8,7%) et le 8e (19,4%).
L'Observatoire rappelle aussi que Compas, dans une étude remontant à 2014, avait montré que certains quartiers de Paris (comme la Goutte d'Or) ou de Lyon (Balmont-La Duchère) dépassaient les 40% de taux de pauvreté. Faute d'un échelon de territoire incontestable, l'approche territoriale de la pauvreté doit donc être abordée avec une certaine prudence, l'intensité de la pauvreté, comme de la richesse, croissant avec le niveau de découpage du territoire.