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De sensibles disparités de parcours et résultats scolaires selon la commune des élèves

Selon leur commune de résidence, les élèves français ne connaissent pas les mêmes parcours scolaires et la même réussite, indique une étude du ministère de l'Éducation nationale. Les élèves des petites villes sont les moins diplômés.

Dis-moi où tu habites, je te dirai quelle école tu fréquentes et quel parcours scolaire tu suis. Voilà résumée en quelques mots l'ambition d'une note d'information de la direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Éducation nationale publiée début octobre.

Intitulée "Une typologie des communes pour décrire le système éducatif", la note distingue les communes selon neuf catégories après avoir croisé des "approches morphologique et fonctionnelle", depuis les communes rurales éloignées très peu denses jusqu'aux communes urbaines très denses, en passant par les "rurales périphériques peu denses", les "bourgs" ou les "urbaines périphériques peu denses".

Les collégiens plus nomades que les écoliers

Après avoir rappelé que "la présence d’une école est essentiellement liée à la densité de la commune", la note avance, sans surprise, qu'à la rentrée 2017, "plus de la moitié des élèves du premier degré public résidant dans des communes rurales éloignées ou périphériques très peu denses ne disposent pas d’école publique dans leur commune". Ceux-là sont donc scolarisés dans une autre commune, notamment dans le cadre d’un réseau pédagogique intercommunal (RPI). Les élèves résidant dans les communes rurales périphériques sont même plus souvent dans ce cas (61%) que ceux résidant dans les communes rurales éloignées (50%). Cela parce que "les liens des communes périphériques avec les grands pôles urbains occasionnent des déplacements fréquents des habitants […]", lesquels déplacements facilitent la mise en réseau des écoles. À l'inverse, dans les communes éloignées très peu denses, le faible nombre d’enfants scolarisés et les moindres possibilités de mise en réseau "impliquent plus souvent le maintien d’écoles de petite taille". 41% des élèves de communes rurales éloignées très peu denses sont ainsi scolarisés dans une école à une ou deux classes.

Plus globalement, dans le premier degré, 84% des élèves sont scolarisés dans leur commune de résidence. Une proportion qui s'abaisse à 46% dans le second degré. L'explication est évidente : les établissements du second degré sont peu implantés en commune rurale et plus souvent dans des bourgs, petites villes, et surtout dans les communes denses et très denses.

Ces chiffres font écho à une autre note de la Depp, également publiée début octobre et portant sur "l'indice d'éloignement des collèges". En s'appuyant sur trois éléments (éloignement des élèves, offre de formation proposée autour du collège et présence d'équipements sportifs et culturels), cette dernière affirme qu'"il existe un lien relativement important entre éloignement et ruralité". Elle pointe par exemple que parmi les cent collèges les moins éloignés, tous se situent à Paris, à l’exception de deux situés dans l’académie de Créteil. Par ailleurs, "les 40% des collèges les moins éloignés sont tous implantés dans une commune urbaine", et "à l’inverse, parmi les 10% des collèges les plus éloignés, près de sept sur dix sont situés dans une commune rurale". Globalement, "on trouve des collèges éloignés surtout dans la diagonale allant des Ardennes jusqu’aux Landes, ainsi qu’en zone de montagne", pointe encore la note

Le bac général plus urbain

En termes de réussite cette fois, l'étude sur la typologie des communes établit un bilan contrasté. La proportion d’élèves ayant obtenu un baccalauréat, quelle que soit la filière, est de 73% chez ceux issus des communes rurales éloignées peu denses, et de 79% pour ceux qui résidaient dans les communes urbaines très denses en sixième. La différence s'accroît cependant si l'on considère chaque type de baccalauréat : alors que 60% des élèves qui résidaient en sixième dans une commune urbaine très dense ont obtenu un baccalauréat général ou technologique, ils ne sont que 46% dans ce cas parmi ceux issus des communes rurales éloignées très peu denses. Dans ces communes, 28% ont obtenu un baccalauréat professionnel et 14% un diplôme de niveau BEP/CAP.

Quant aux élèves qui n'ont obtenu aucun diplôme, on en retrouve 12% tant dans les communes rurales éloignées très peu denses que dans les communes urbaines très denses. Dans les autres types de communes, cette proportion varie de 9% de non-diplômés chez les élèves des communes rurales périphériques peu denses à 14% chez ceux des petites villes. Ici, la note avance que cette situation peut "être due à des conditions socio-économiques moins favorables à la poursuite d’études". En effet, parmi toutes les catégories de communes, les "petites villes" sont celles qui offrent l'indice de position sociale (IPS) moyen par élève entrant en sixième le plus faible.

Les "petites villes" se retrouvent enfin les plus mal classées dans le dernier aspect de l'étude : la proportion de jeunes en difficulté de lecture selon le type de commune de résidence. 13% des jeunes de 16 à 25 ans de nationalité française ayant passé les épreuves de la Journée défense et citoyenneté (JDC) en 2018 connaissent des difficultés de lecture, et pour 6% ces difficultés sont sévères, quand ils sont issus de petites villes. Ici, ce sont les jeunes des communes urbaines périphériques peu denses qui connaissent le taux de difficulté de lecture le plus faible (9%). En outre, conclut la note, "même si la proportion de jeunes en difficulté de lecture est plus faible dans les territoires urbains denses et très denses, ces territoires, qui rassemblent la majorité de la population résidente, concentrent la majorité des jeunes en difficulté de lecture (six sur dix)".