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Dépendance : l'espérance de vie augmente, mais surtout pour les âges élevés

Alors que le projet de loi Grand Âge et Autonomie est en cours d'élaboration, une étude de l'Insee montre que l'espérance de vie est désormais tirée par la baisse de la mortalité après 70 ans, ce qui pose le problème de l'accélération du vieillissement de la population et de sa prise en charge.

Alors que le projet de loi Grand Âge et Autonomie est en cours d'élaboration en vue de sa présentation avant la fin de l'année, l'Insee publie une étude très éclairante sur l'évolution des gains d'espérance de vie. Il en ressort que ces gains se concentrent désormais sur les âges élevés. Une situation qui confirme le vieillissement accéléré de la population et soulève la question de la prise en charge d'une dépendance qui s'accroît de façon exponentielle avec l'âge.

Après la baisse de la mortalité infantile jusqu'aux années 1990...

L'Insee rappelle que l’espérance de vie à la naissance est aujourd'hui de 85,3 ans pour les femmes et de 79,5 ans pour les hommes. Elle a très fortement augmenté depuis 1947, mais croît à un rythme plus modéré depuis quelques années. Mais la nature de cette croissance de l'espérance de vie s'est profondément transformée.

En cinquante ans, entre 1947 et 1997, l'espérance de vie à la naissance a fortement progressé. Celle des femmes est ainsi passée de 66,7 à 82,3 ans, soit une progression de 15,6 ans, tandis que celle des hommes progressait de 61,2 à 74,6 ans (+13,4 années). Durant cette période, c'est la baisse de la mortalité infantile qui joue le rôle principal, notamment chez les hommes, représentant plus du quart de la hausse.

Entre 1997 et 2017, la progression de l'espérance de vie à la naissance se poursuit, mais à un rythme inférieur. Ainsi, l’espérance de vie des femmes augmente encore de 3 ans sur la période, soit un gain annuel de 0,15 année par an, deux fois inférieur à celui constaté entre 1947 et 1997 (+ 0,31 année par an). La différence est sensiblement moins marquée pour les hommes, puisque leur espérance de vie augmente de 4,9 ans sur la période, soit +0,24 année par an, après +0,27 année sur la période 1947-1997.

... c'est le recul de la mortalité aux âges élevés qui tire aujourd'hui l'espérance de vie

Dans les deux cas, la mortalité infantile a pratiquement disparu et n'a donc plus d'impact sur cette évolution. Si on exclut le cas particulier du recul de la mortalité violente des jeunes durant ces vingt dernières années (notamment sous l'effet du renforcement de la sécurité routière), l'essentiel de la hausse de l'espérance de vie constatée entre 1997 et 2017 est dû à la baisse de la mortalité aux âges élevés, après 70 ans. Celle-ci explique, par exemple, les deux tiers des gains d'espérance de vie des femmes.

L'Insee observe toutefois une différence au sein de la progression de ces vingt dernières années. En effet, entre 2012 et 2017, les gains d’espérance de vie des femmes ralentissent et se concentrent après 80 ans. Ils ne sont plus que de 0,4 an entre 2012 et 2017, soit +0,08 an par année, très loin des +0,31 par an entre 1947 et 1997. L'Insee constate que, pour les femmes, la progression de l’espérance de vie se concentre désormais aux très grands âges : près de 80% des gains viennent de la baisse de la mortalité après 70 ans, et 60% du recul de la mortalité après 80 ans. La hausse est un peu moins concentrée aux âges élevés chez les hommes : seuls 45% des gains (+0,9 an entre 2012 et 2017, soit +0,18 année par an) viennent de la baisse de la mortalité masculine après 70 ans. Le reste des gains pour les hommes vient notamment de la tranche 50 à 59 ans, "probablement grâce aux progrès médicaux dans le traitement des maladies cardiovasculaires, affectant davantage les hommes, et des cancers".

En dépit de ces atténuations mineures, l'étude de l'Insee montre clairement, comme l'indique d'ailleurs son titre, que "les gains d’espérance de vie se concentrent désormais aux âges élevés". Sauf amélioration significative de l'espérance de vie en bonne santé – sur laquelle la France est en retard par rapport à ses principaux voisins –, l'APA a donc encore de beaux jours devant elle...