Des agriculteurs logeurs d'étudiants : le concept Campus vert

Diversifier le revenu des agriculteurs et trouver des solutions d'hébergements à prix raisonnables pour les étudiants, c'est le pari tenu du concept Campus vert dans le Nord-Pas-de-Calais. Les étudiants peuvent être logés à quinze minutes des sites universitaires ou des entreprises où ils sont en stage, dans la campagne, à la ferme. Séduits, des agriculteurs bretons proches du pôle universitaire de Rennes souhaitent se lancer ; mais essaimer le concept Campus vert en France, c'est d'abord trouver des élus et des interlocuteurs partenaires pour un nouveau type de développement collectif.

La réussite de Campus vert dans la région Nord-Pas-de-Calais, explique Philippe Amielh administrateur, cofondateur et coordinateur du développement du concept Campus vert, est d'avoir atteint l'objectif du contrat de plan, à savoir : 300 studios à la ferme, plus de 80 agriculteurs partenaires répartis sur douze zones et l'autofinancement de deux postes de permanents. "Nous gérons la centrale de réservation, le développement raisonné sur le Nord-Pas-de-Calais et aujourd'hui les demandes provenant d'autres régions."
Après dix ans de travail, du projet pilote à l'essaimage aujourd'hui, "la clé de la réussite, c'est la dynamique collective d'un  réseau" accompagnée par un coordinateur, agent de développement local.
Aujourd'hui, Campus vert est une association à laquelle adhèrent des agriculteurs qui s'engagent à offrir des logements confortables, sur un territoire géographique d'un rayon de 15km autour d'un pôle universitaire, aux formations spécialisées, avec des entreprises accueillant des stagiaires. Il s'agit de studios ou duplex de 15 à 30m2,  équipés et meublés. Les tarifs 2005 étaient compris entre 198 euros par mois pour un studio de 18m2 jusqu'à  310 euros pour un deux pièces de 40 m2. Campus vert a élaboré une charte qui précise le concept de l'association, les conditions d'adhésion, de qualité d'accueil des étudiants et de gestion des logements.
Afin de mieux préparer l'accueil des étudiants, les propriétaires sont conseillés et accompagnés par l'association (quatre jours de formation) pour appréhender les différentes étapes de transformation de bâtiments à usage agricole en logements et respecter les normes de qualité Campus vert. Les différentes étapes nécessitent d'associer les propriétaires à différents partenaires : d'abord les élus, notamment pour la délivrance du permis de construire, puis l'architecte pour la transformation, les artisans pour la réalisation et les autres propriétaires pour le développement harmonieux du concept sur une même localisation.
Enfin, Campus vert gère une centrale de réservation qui permet aux étudiants de s'adresser à un seul interlocuteur, de rendre service aux propriétaires, mais surtout de suivre les demandes et les offres. Ainsi avec ces indicateurs précis, Campus vert peutgarantir une occupation des logements sur 12 mois, donc afficher des tarifs raisonnables et le développement raisonné des chambres sur chaque zone.

Un engagement fort des élus

Le concept Campus vert se développe en cinq axes transversaux.
Humain : il permet l'échange entre deux populations très différentes, des étudiants d'écoles spécialisées, universités ou stagiaires d'entreprises et des agriculteurs. Il favorise le lien social intergénérationnel et créé une dynamique dans des zones périurbaines.

Patrimoniale : il donne une nouvelle fonction à des bâtiments qui avaient un usage agricole, avec les conseils d'un architecte, pour réhabiliter, transformer, mettre en valeur et créer des logements, du studio au deux pièces.

Economique : il complète et diversifie le revenu des agriculteurs. Il fait travailler les artisans locaux. Il dynamise les activités commerciales, culturelles, sportives des villages, par l'arrivée de nouveaux jeunes habitants.

Social : il contribuer à diminuer le problème de logement des étudiants, en leur offrant une habitation de qualité, à un prix modéré, identique selon la taille, sur un même territoire et inférieur aux tarifs pratiqués en ville.

Collectif et territorial : à l'initiative des agriculteurs, les projets vivent et se développent aux niveaux des communes et des EPCI, grâce au soutien et à l'engagement fort de tous les élus.

Campus vert Bretagne, Picardie? 

En 2005, un article de Ouest-France parle de Campus vert. Des agriculteurs de l'agglomération de Rennes ont alorscontacté l'association. Depuis, une réunion de sensibilisation a été organisée pour présenter le concept a plus de vingt-cinq participants. "Ils étaient très motivés. Vingt d'entre eux ont fait le déplacement en Nord-Pas-de-Calais pour rencontrer les propriétaires, réfléchir, échanger?  Finalement huit ont présenté un dossier de candidature et en octobre 2005 et ont été agréés pour démarrer Campus vert de Bretagne"?
Mais le concept ne peut pas se développer sur toute la France depuis le seul Nord-Pas-de-Calais. Pour essaimer demain en France, la priorité est de mettre en place dans les régions intéressées un agent de développement pour coordonner et accompagner les différents partenaires : propriétaires, élus, pôles universitaires, écoles, entreprises, administrations et garantir le concept Campus vert.
Le projet est long à  mettre en place. Il doit être soutenu localement, notamment dans son financement.  Si le poste s'autofinance par le biais des cotisations des adhérents vers la sixième année, le démarrage doit être aidé. Ainsi, dans le Nord -Pas-de-Calais l'Etat via le FNADT (Fonds national d'aménagement et développement du territoire) a donné un coup de pouce pendant un an, depuis le départ, le conseil régional est un partenaire clef, d'abord dans le cadre de la politique de la ville, puis, dans le cadre du soutien à l'agriculture (direction régionale de l'action économique) grâce à un contrat d'objectif apportant une subvention annuelle de 36.000 euros, pendant 5 ans. Enfin les conseils généraux ont pris le relais, soutenant l'association et la mise en place de son réseau par un poste d'emploi jeune d'une part et une subvention annuelle de 6.000 euros de la direction de l'aménagement du territoire, d'autre part.
Enfin, il reste à identifier dans les collectivités, l'interlocuteur officiel qui puisse accompagner et répondre aux problématiques transversales du concept Campus vert : éducation, habitat, aménagement, agriculture, patrimoine, université, logement...

Campus vert  espère rencontrer des élus dans les régions intéressées pour les aider à trouver, ensemble, les moyens de ce développement rural et péri urbain innovant en France.

Campus vert

175 route des Estaires
62138 Violaines
campusvert@wanadoo.fr

Philippe Amiel

Administrateur et coordinateur

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