Des bénévoles pour accompagner les personnes en difficulté

En Brie Centrale (Seine-et-Marne), des maires se mobilisent pour que des bénévoles viennent en appui des professionnels de l’action sociale.

Cet été 2009, dans la salle des fêtes de Champdeuil, une vingtaine de maires sont réunis dans le cadre de l’amicale du canton de Mormant. Leurs communes sont regroupées en deux communautés de communes, celle de Brie Centrale et celle de la Brie Boisée. Mais, du fait que l’action sociale ne fait pas partie des compétences dont elles se sont dotées, les actions touchant à l’insertion restent d’un niveau communal tout en faisant l’objet de concertation territoriale. En fait, l’insertion est le terrain d’action de la maison du développement local (MDL), transcommunale, présidée par Etienne Courtois, conseiller municipal de Fouju. La réunion du jour a pour but de réfléchir à la façon dont les différents maires présents peuvent agir en sorte que se créent les "relais de proximité", un réseau de personnes de bonne volonté qui, dans chaque commune, peuvent, en appui des professionnels, accompagner les personnes en difficulté.

L’expérience du réseau de "bons voisins"

Il se trouve qu’en matière de création et d’animation d’un réseau d’accompagnateurs bénévoles, la maison du développement local bénéficie d’une solide expérience. Celle du réseau de "bons voisins", pour l’accès au logement des personnes en difficulté. Le principe en est le suivant : sur cet espace sud du département, des personnes morales ont affecté des bâtiments à l’insertion par le logement (transformation des bâtiments en logements). Ceux-ci sont disséminés sur une vingtaine de localités, souvent en habitat diffus. Cette dissémination, du fait qu’elle évite l’effet de ghetto, présente un fort intérêt du point de vue des politiques d’insertion. La gestion de ce portefeuille d’une centaine de logements est assurée par l’AIPI, une association d’insertion qui fait partie de la maison du développement local. Elle en reçoit la charge sous forme de baux à réhabilitation. Et en assure la rénovation grâce à l’Eirel, une entreprise d’insertion dédiée au BTP. Puis elle les met en location. Mais alors, se pose la question des relations qui vont se nouer entre le futur résident et son environnement. Le nouvel arrivant ne va-t-il pas être pas stigmatisé du fait qu’il ne possède pas les codes de bonne conduite ? Pour éviter ce rejet, l’AIPI recherche dans l’environnement immédiat une personne de bonne volonté volontaire pour jouer le rôle de "bon voisin" : il aura pour tâches aussi bien de prêter une perceuse que d’aider au déménagement ou de faire fonction de médiateur si des impayés ou des troubles de voisinages apparaissent. Ce bon voisin, tout bénévole qu’il soit, n’en est pas moins astreint à des contraintes comparables à celles des professionnels : confidentialité, travail en équipe, etc.

Les "relais de proximité" agissent de façon coordonnée avec les professionnels de l’action sociale

Les "relais de proximité" s’inspirent de l’expérience des "bons voisins" pour l’élargir à d’autres terrains. Voici un exemple, rapporté par un travailleur social : Un homme s’était réfugié dans un abri de jardin pour vivre sa fin de vie. Dans un manque total d’hygiène et après avoir renoncé aux permanences de l’action sociale comme aux aides qu’il aurait pu recevoir. Grâce à la démarche d’accompagnement d’un bénévole, il a fait l’effort de retrouver les pièces administratives nécessaires à son dossier de retraite. Il a accomplit les démarches demandées et touche maintenant une retraite. Le processus d’accession à un logement décent est en cours. Cet exemple montre comment les bénévoles des "relais de proximité" interviennent en complément de l’action des professionnels de l’action sociale. Ceux-ci doivent gérer chacun la situation de très nombreuses personnes. Ils ne peuvent donc accorder un accompagnement individualisé. Les façons dont les bénévoles peuvent intervenir sont est variées, explique un travailleur social : "Ici, il s’agira de donner la force d’aller jusqu’au portes de la mairie. Ailleurs, la personne en difficulté aimant lire, l’accompagnement consistera à échanger sur ce goût de la lecture. Ailleurs encore, ce sera l’inverse : la personne en difficulté ne sait ni lire ni écrire et elle le vit dans la honte. En remplissant les dossiers, l’accompagnateur l’aide à masquer sa honte. Ou encore quelqu’un souffre de phobies en milieu hospitalier et a besoin d’être accompagné lorsqu’il affronte cette angoisse... Dans tous les cas, le bénévole est quelqu’un qui prend le temps de voir dans l’autre une personne. Et ce temps est un don. Or ce don de temps constitue parfois un facteur décisif dans le changement de comportement des personnes."
Le "relais de proximité" compte huit à dix bénévoles. "Mais les élus d’une quarantaine de communes que nous sommes savent que c’est notoirement insuffisant", souligne Etienne Courtois. "Nous ne cessons d’être informés sur des publics de nos communes qui subissent de différentes façons l’isolement et la rupture avec le lien familial ou local. Lorsqu’un cas nous est signalé, nous pouvons, en tant qu’élus, rechercher dans l’environnement local la personne de bonne volonté capable de soutenir les premières démarches. Et donc repérer, chacun dans sa commune, les personnes susceptibles de devenir accompagnateurs et les diriger vers la maison du développement local."

Rendre visible, au niveau du territoire, le tissu de solidarités

Accompagner des personnes en difficulté nécessite un minimum de formation : "Dans un premier temps, nous aurons un entretien d’environ une heure avec chacun des candidats, afin d’évaluer ses qualités d’écoute et son acceptation du travail en équipe", explique Etienne Courtois. "Puis nous évoquerons les dimensions "professionnalisantes" de son engagement : la pratique du secret partagé, l’obligation de participer aux rencontres du réseau et d’objectiver, sous une forme orale ou écrite, la démarche dans laquelle il est engagé. Car il est important que le bénévole prenne conscience de ce qu’il donne à l’usager mais aussi de ce que lui apporte ce don". C’est pourquoi aucun bénévole n’entre en contact avec un aidé sans que cela ait été précédé d’un temps d’initiation/familiarisation. "Par de là l’aide aux personnes en difficulté, le but que nous poursuivons est la construction d’une démarche collective au niveau de notre territoire. Car notre société est plus fraternelle que nous le croyons. Des micro-actes de solidarité foisonnent mais ils restent cachés. Même quand on les voit on ne sait pas les déchiffrer. Nous, élus, pouvons travailler à rendre visible ce tissu de solidarités."
Après cette réunion de l’été 2009, plusieurs mairies se sont engagées dans des actions de "solidarité citoyenne" explique Yves Lagües-Baget, maire de Champeaux et vice-président de la communauté de communes de la Brie Centrale : "Les mairies ont réuni les associations présentes sur leur territoire pour que chacune présente ses expériences et ses modes d’action. L’idée est de faire fonctionner au mieux les centres d’action sociale communaux et les associations pour qu’ils s’ouvrent à la dimension accompagnement de l’insertion et qu’ils recherchent autour d’eux des bénévoles pour les relais de proximité."

François Poulle, pour la rubrique Expériences du site Mairie-conseils
 

Maison du développement local

17 rue Edouard Vaillant
77390 Verneuil-l'Etang

Yves Lagües-Baget

maire de Champeaux, vice-président de la communauté de communes de la Brie Centrale

Etienne Courtois

Président

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