Des formations sur les conditions de travail pour les agriculteurs du Pilat

Le parc naturel régional (PNR) du Pilat propose aux agriculteurs une formation sur les conditions de travail ainsi qu'un accompagnement qui leur permet d'exprimer leurs difficultés d'organisation et de trouver des réponses collectives.

Le parc naturel régional du Pilat (47 communes, 50.000 habitants) se situe sur les départements de la Loire et du Rhône et compte 1.350 exploitations agricoles dont 650 professionnelles, c'est-à-dire dont les chefs d'exploitation ne vivent que de l'activité agricole. Principales productions : bovins lait, caprins lait, arboriculture fruitière, viticulture... Dans le cadre de son action en faveur d'une agriculture durable, le PNR a lancé un programme de deux ans (2006-2007) pour l'amélioration des conditions de vie et de travail des agriculteurs du territoire. "Il y a un changement dans la quantité de travail que doivent supporter les agriculteurs, explique Aude Guitton, chargée du projet pour le PNR. Démographiquement, ils ne sont plus dominants et côtoient des habitants dont les conditions de vie sont tout autres. Nous avons donc considéré qu'à l'instar des aspects économiques et environnementaux, le volet social était un point crucial pour le maintien des exploitants agricoles sur le territoire."

 

"Moins subir les astreintes et mieux gérer les périodes de pointe"

Premier axe de ce programme : des formations sur le thème "Conditions de travail : clé de durabilité des exploitations" sont proposées aux agriculteurs. Ces formations, gratuites pour les bénéficiaires, sont financées par la chambre d'agriculture de la Loire (fonds de formation Vivéa) et par le PNR (conseil régional Rhône-Alpes, conseil général de la Loire, Fonds social européen). D'une durée de quatre jours étalés sur un mois et demi, elles sont animées par un intervenant spécialisé dans la gestion des ressources humaines et l'organisation du travail. Deux sessions ont eu lieu en 2006. L'une, au printemps, a réuni six éleveurs. Une deuxième, à l'automne, a accueilli un public plus diversifié de huit personnes (éleveurs, agriculteurs faisant de la transformation et de la vente directe, viticultrice...). Trois autres sessions sont prévues en 2007. "Ces formations permettent aux agriculteurs de réfléchir à la gestion de leur temps et de définir des objectifs. Leurs préoccupations peuvent correspondre autant à une charge morale que physique : s'ils parviennent à formuler des objectifs réalistes et motivants, cette charge de travail peut devenir moins lourde car moins subie." "En plus de ces formations, précise Aude Guitton, nous proposons aux agriculteurs un accompagnement, à la fois individuel et collectif, pour les soutenir dans la mise en place de leurs projets. Ainsi, un groupe de quelques agriculteurs s'est réuni pour réfléchir aux questions suivantes : comment faire pour mieux vivre les périodes de pointe ? comment faire pour se couper plus souvent du travail d'astreinte (la traite notamment) ? Le but est de sortir du "subi " pour aller vers quelque chose de constructif.  A la suite de ces rencontres, quatre éleveurs ont mis en place un système d'auto-remplacement : deux d'entre eux remplacent un des éleveurs un dimanche par mois, et ainsi de suite..."

 

Les agriculteurs prennent l'initiative

Michel Roux, qui produit du lait et de la viande bovine sur quarante hectares, a participé à une formation et aux réunions de suivi : "Le système d'auto-remplacement que nous avons mis en place nous satisfait à 99,9% ! Nous avons décidé d'être à deux pour remplacer celui qui prend son dimanche car nous craignions qu'une charge de travail trop lourde démotive le remplaçant. Par ailleurs, cela sécurise en cas de problème, par exemple s'il faut gérer un vêlage. Pour l'été prochain, nous souhaiterions étendre ce système de remplacement au week-end entier pour nous permettre de partir." (...) "Je m'interrogeais sur l'organisation de mon travail, poursuit Michel Roux, et ma motivation était de trouver du temps libre le week-end. L'intérêt principal de la formation est de se remettre en question. Nous réfléchissons également à des solutions pour déléguer les travaux très pénibles, tels que le débroussaillage sur les terres en pente. Pour moi qui ai 53 ans, c'est très dur.  Nous avons suggéré au PNR, plutôt que de verser des aides agro-environnementales, de financer la main-d'oeuvre pouvant réaliser ces travaux qui concourent à l'entretien du territoire. Les agriculteurs sont obligés d'évoluer. Si nous voulons rencontrer d'autres personnes, nous devons ménager des temps de loisirs. Ce genre d'initiatives peut encourager les jeunes à s'installer, car la quantité de travail et la pénibilité est un véritable frein à l'installation."
"Ce sont les agriculteurs qui apportent les idées et cherchent les solutions, précise Aude Guitton. Mon rôle est d'animer, de reformuler. Le rôle du parc est aussi d'être un relais des préoccupations des agriculteurs auprès des organisations professionnelles agricoles."
Pour favoriser la concertation, un comité de pilotage a été mis en place. Il est constitué d'agriculteurs, de représentants des syndicats professionnels, des comités de développement, des chambres d'agriculture de la Loire et du Rhône, de la MSA 42, de l'Adasea 69 et de la Ddaf 42. Enfin, dans le cadre de ce programme, deux premiers numéros d'une lettre d'information intitulée "Parlons travail !" ont été diffusés auprès des six cents agriculteurs du territoire.


Maryline Tassard, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis

Parc naturel régional du Pilat

Nombre d'habitants :

50000

Nombre de communes :

47
Moulin de Virieu 2 rue Benaÿ
42410 Pélussin
info@parc-naturel-pilat.fr

Aude Guitton

chargée de mission

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