Des visites de convivialité pour animer le quotidien des plus âgés (55)

En lançant en mars 2011 un dispositif de "veille sociale itinérante", le CIAS de la communauté Entre Aire et Meuse entend apporter une réponse au constat de solitude observé chez certaines personnes âgées. Dans ce territoire rural vieillissant, où le nombre d'habitants avoisine les 8 au km2, cette prestation se focalise sur le maintien d'une vie sociale et relationnelle de qualité, sans se substituer aux traditionnels services d’aide à domicile.

"Je reste convaincue qu’une personne qui exprime un sentiment de solitude n’est pas nécessairement une personne isolée ; tout comme je crois que c’est une erreur que de penser que les solidarités naturelles, lorsqu’elles existent, suffisent à lutter contre l’isolement et à rompre la solitude des plus âgés", observe la vice-présidente de la communauté de communes Entre Aire et Meuse, Nathalie Meunier. Une étude commanditée en 2009 par la collectivité intercommunale a confirmé ce sentiment de solitude chez certaines personnes âgées, sans pour autant parler d’un profond isolement. Les causes sont multiples : vieillissement de la population, départ des enfants, absence de services dans certains villages où seuls des commerces ambulants assurent encore le ravitaillement. "C’est encore plus vrai en période hivernale. Nombre de maires rendent visite à certains de leurs administrés vieillissants, mais ils ne sont pas toujours disponibles", insiste l’élue. De cette conviction est né le projet de veille sociale itinérante, un dispositif de visites de convivialité à domicile.

Une convention entre le CIAS et l’ADMR

"Le but est d’animer le quotidien des personnes âgées, et non pas de créer un service d'aide à domicile de plus", reprend le responsable du CIAS, Maxime Bienaimé. Pour organiser ce dispositif, le CIAS (lire article sur sa création) s’appuie sur l'association de services à domicile (ADMR) locale : une convention d'un an, tacitement reconduite, formalise ce partenariat. L’ADMR met à disposition un agent pour l'équivalent d'un mi-temps, tandis que le CIAS prend en charge la rémunération de l'agent et ses frais de transport. Soit 8.000 euros par an, réglé sur facture trimestrielle.

La médiation des maires : un facteur de réussite

Les visites de convivialité ont débuté en mars 2011. Le service est gratuit, sans inscription ni critère particulier à remplir. "Il s’agit un contrat moral que nous passons avec les personnes qui acceptent ces visites", souligne le responsable du CIAS. L'agent mis à disposition par l’ADMR a d'abord rencontré les maires : ceux-ci lui ont indiqué les personnes âgées les plus isolées. Certains ont même accompagné l'agent lors de la première visite à domicile (après un premier contact téléphonique). "Cela a facilité la prise de contact", se félicite la vice-présidente. Lors de ce premier rendez-vous, l'agent présente le dispositif, et s’assure de l’adhésion ou non de la personne. Trois quarts des personnes âgées rencontrées ont confirmé leur intérêt pour ces visites de convivialité.

Accompagnement sur mesure d’une quarantaine de séniors

Entre trente et quarante personnes âgées reçoivent ainsi deux à trois fois par mois la visite chez elles de l'agent de veille sociale. "L’agent adapte son accompagnement en fonction des besoins, en modulant par exemple le rythme de visites selon les périodes, et en répondant à la demande : apporter des livres prêtés par la bibliothèque, accompagner la (ou les) personne(s) pour des sorties occasionnelles (séances de cinéma, repas partagés, activités associatives et ludiques...)", précise le responsable du CIAS.

Soutenir la création d’un réseau de bénévoles visiteurs

En 2013, deux agents de l'ADMR travaillent en binôme, mais toujours sur le même temps d'intervention : un mi-temps. La convention précise que ces agents se chargent également de la constitution d'un réseau de bénévoles visiteurs. Ils sont encore peu nombreux. "Nous devons les accompagner, leur apporter des garanties, car certaines personnes ne s'engagent pas, par crainte d’être trop sollicitées et de ne pouvoir faire marche arrière", relève l’élue. Celle-ci est donc vigilante, et prévoit des temps d'échanges pour qu’ils puissent exprimer leurs observations ou craintes. "Ces temps d’échanges permettent également d’éviter que le service ne dévie de son objectif et que l'agent – ou les bénévoles – se découragent."

Perspectives

Ces visites permettent d'informer des personnes qui, sans ce type de relais, n'auraient pas connu l’existence de certains services, comme le portage de repas. Durant l’été 2013, la communauté de communes a signé avec la MSA une "charte territoriale de solidarité pour les aînés". Dans ce cadre, le CIAS va devoir évaluer ce dispositif et s'interroger sur les évolutions souhaitables et possibles : proposer davantage de moments de rencontres collectifs, faciliter les mobilités, "car on sent bien que certains ont plus besoin d'un taxi que d’autre chose", observe le responsable du CIAS. A suivre donc.

Emmanuelle Stroesser / Agence Traverse pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
 

Communauté de communes Entre Aire et Meuse

Nombre d'habitants :

2150

Nombre de communes :

22
5, rue de Condé
55260 Pierrefitte sur Aire

Nathalie Meunier

Vice-présidente de la communauté de communes et du CIAS

Maxime Bienaimé

Directeur du CIAS

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