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Rencontres financières des décideurs locaux - Dexia Crédit local : "On n'a jamais autant prêté aux collectivités que maintenant"

Les 19es rencontres financières des décideurs locaux organisées par Dexia se sont tenues le 20 novembre à Paris moins de deux mois après le lundi noir (29 septembre) au cours duquel le cours de la banque a perdu 30% de sa valeur. "Trop vite, trop loin, trop fort." Jean-Luc Guitard, membre du comité de direction de Dexia Crédit local, s'est servi de la devise olympique pour expliquer le naufrage dans lequel l'établissement a bien failli sombrer. Présente dans 32 pays, y compris aux Etats-Unis avec sa filiale FSA, la banque s'était éloignée de son métier de base, le financement du secteur public local. C'est promis : elle va désormais se recentrer. L'intervention des Etats belge, luxembourgeois et français a permis de sauver la banque de la faillite, mais "tout n'est pas réglé" a reconnu le responsable de l'établissement qui annonçait il y a peu une perte de 1,5 milliard d'euros pour le troisième trimestre.
Le responsable du groupe s'est employé à rassurer les clients sur sa capacité à poursuivre le financement de leurs investissements. Signe que l'acteur est toujours présent, la part de marché de Dexia est grimpée à 65%, contre 45% avant la crise, du fait du retrait de certains établissements du marché. "On n'a jamais autant prêté" a déclaré Jean-Luc Guitard. Le volume des prêts consentis par la banque a été en septembre dernier "deux fois supérieur" à celui de septembre 2007. En octobre, la banque a prêté "1,5 fois plus" qu'en 2007 sur le même mois.


"Nos marges n'augmentent pas"

Brocardés par certains élus, les produits structurés continueront à faire partie de l'offre de Dexia. En allégeant le poids des remboursements sur les premières années, l'outil garderait toute son utilité, en particulier dans une période où bon nombre de collectivités refusent de trop augmenter leurs taux de fiscalité sous peine de dégrader la santé des entreprises. Ces produits structurés sont "complexes", a accordé Jean-Luc Guitard, mais ils ne le seraient pas plus que beaucoup d'autres instruments utilisés par les dirigeants territoriaux. "Nos règles de commercialisation sont strictes", a-t-il ajouté. La banque propose des produits structurés à un nombre "limité" de ses clients, en tenant compte de leur taille. De plus, elle s'interdit de vendre les produits les plus complexes (produits "snow ball" par exemple).
Les taux d'intérêt plus élevés inquiètent les élus locaux. "Nos marges n'augmentent pas. On vous retransmet la hausse du coût du crédit", répond le dirigeant de Dexia, qui prédit une baisse des taux. Ce coût supplémentaire entretient la hausse des dépenses des collectivités locales. Mais il n'en est pas le premier facteur. La croissance régulière des prix du BTP, de l'ordre de 4% à 6% coûte finalement plus cher aux collectivités, a expliqué Dominique Hoorens, directeur des études chez Dexia. Côté recettes, la réduction annoncée des droits de mutation fragilise le budget des collectivités. Une baisse de 10% de cette ressource entraînerait une perte de recette de 1 milliards d'euros pour les départements. En comparaison, une hausse de 100 points de base des taux variables coûterait 500 millions d'euros. L'auditoire attentif applaudit.

 

T. B. / Projets publics

 

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