Dordogne : une politique active de soutien au développement des médias locaux

Chaque soir, les habitants de la Dordogne peuvent découvrir, à deux reprises, une édition locale de sept minutes du journal de France 3 Aquitaine. Sans le soutien actif du conseil général, ce rendez-vous d'information sur l'actualité du Périgord n'aurait sans doute jamais vu le jour.

Pour le conseil général de la Dordogne, la création de l'antenne locale de France 3 à Périgueux en 2003 est, en partie, le fruit d'une double opportunité médiatique et... immobilière. Côté média, l'implantation de la chaîne tient tout d'abord au souhait de la direction de France 3 Aquitaine de disposer d'une véritable station locale installée dans le chef-lieu du département. Jusque-là, celle-ci disposait uniquement d'un bureau décentralisé à Périgueux, doté d'une équipe et de moyens réduits. Avec la création de France 3 Périgords, la chaîne régionale développe son offre en Aquitaine et dispose désormais de quatre antennes locales - Bordeaux Métropole, Pau Sud-Aquitaine, Euskal Herri Pays-Basque et Périgords - et de deux bureaux décentralisés, dans les Landes (Mont-de-Marsan) et dans le Lot-et-Garonne (Agen). Informé du projet de création d'une antenne locale de France 3, le conseil général s'est immédiatement montré intéressé. En effet, avec l'arrêt de la chaîne privée Aqui TV - après plus de dix années de fonctionnement - l'offre de télévision locale était réduite à néant dans le département. Dans ce contexte, la présence d'une chaîne publique présente un double avantage : "Elle permet de maintenir et d'améliorer l'offre d'informations locales, grâce à une meilleure couverture géographique du territoire et offre de nouvelles opportunités en matière d'informations sur la vie du département", estime Nicolas Platon, directeur de la communication du conseil général.

Le nouveau centre départemental de la communication

Il est vrai que l'antenne locale de la chaîne publique assure une diffusion dans tous les foyers du département, là où Aqui TV se contentait d'une couverture partielle. Néanmoins, la chaîne privée se rattrapait en proposant un journal quotidien d'informations locales de 30 minutes. Alors que le décrochage local de France 3 dure seulement le temps d'un journal (7 minutes), même si celui-ci bénéficie d'une rediffusion.
Au moment où le directeur de France 3 Aquitaine sollicite le président du conseil général en vue de la création d'une antenne locale, la ville de Périgueux, manifeste son intention de céder son centre des congrès au conseil général, en échange d'un immeuble appartenant, au département situé en centre-ville. C'est l'occasion idéale pour concrétiser le projet. Si le transfert de propriété s'effectue sans incidence financière pour le département, ce dernier va consentir un important investissement financier pour moderniser les locaux et permettre l'installation de la station de France 3. Rebaptisé "Centre départemental de la communication", le bâtiment abrite - en plus d'une salle de conférence de 400 places et de bureaux - une équipe de 11 personnes : un rédacteur en chef, sept journalistes, deux techniciens et une assistante. "En plus des 690.000 euros consacrés aux travaux de rénovation du centre, le conseil général a financé l'acquisition de près de 400.000 euros d'équipements et de matériels techniques au profit de France 3", précise Nicolas Platon.

Après France 3, place à France Bleu

En contrepartie, la chaîne verse un loyer annuel de 33.540 euros au département pour la location des 206 m2 de locaux comprenant un studio de montage, une salle de rédaction, des espaces de rangements et un local technique. La convention signée entre les deux partenaires prévoit un bail locatif de 9 ans. Depuis un an et demi, France 3 Périgords réalise un journal d'information. Pour Yves Gantou, directeur de France 3 Aquitaine, le décrochage permet de "répondre au besoin d'information des habitants et offre un regard sur l'actualité de proximité. Le traitement de l'information tient compte de la diversité des quatre Périgord. Cette notion est d'ailleurs présente dans le nom de la station, grâce au "s" accolé au nom Périgord".
Après l'antenne de France 3, le Centre départemental de la communication a accueilli un nouveau locataire en 2004. Radio France Bleu a en effet quitté ses anciens locaux, devenus trop petits et mal adaptés, pour rejoindre le centre. Au terme d'un accord entre la radio et le conseil général, ce dernier s'est engagé à construire et à aménager un nouveau bâtiment de 600 m2 sur deux étages, directement relié au centre. Coût de cette extension : 1 million d'euros. Avec ces deux réalisations, le paysage audiovisuel de la Dordogne est désormais complet. Pour Bernard Cazeau, président du conseil général, ces nouveaux services publics de communication permettront de "renforcer l'expression de nos identités, de valoriser et de promouvoir notre territoire".

Pascal Clouet / PCA pour Localtis

Quand le soutien aux medias publics locaux s'inscrit dans une logique d'animation des territoires

Nicolas Platon est directeur de la communication du conseil général de la Dordogne.

La disparition d'Aqui TV a-t-elle favorisé l'implantation de l'antenne locale de France 3 Aquitaine ?

Le conseil général a été partenaire de la chaîne privée pendant plus de 10 ans. Le département lui a attribué chaque année une subvention de plus de 450.000 euros durant cette période, qui représentait près des deux tiers de son budget annuel. Sans remettre en cause le travail des journalistes et des équipes techniques, les résultats ont été plutôt décevants. La direction de la chaîne n'a jamais souhaité installer ses locaux à Périgueux. Par ailleurs, la diffusion d'Aqui TV couvrait une fraction seulement du département. Enfin, la gestion de la chaîne manquait de transparence. Aqui TV ne payait pas régulièrement ses droits de diffusion à TDF, ce qui a entraîné à plusieurs reprises la présence d'un écran noir aux heures habituelles de diffusion des programmes. Dans ces conditions, le conseil général s'est interrogé à plusieurs reprises sur l'opportunité de poursuivre son soutien, avant d'y mettre définitivement un terme en 2002.

Le soutien accordé aux medias locaux modifie-t-il les relations que vous entretenez avec eux ?

Notre engagement n'est pas la contrepartie d'un traitement de faveur. Le soutien du conseil général apporté au développement des medias locaux de service public s'inscrit plutôt dans une logique d'animation du territoire, de renforcement de son identité et de proximité. Bien évidemment, nous n'avons aucun de droit de regard sur les choix éditoriaux de la rédaction, le traitement des sujets relatifs à notre institution ou les orientations générales de la chaîne. France 3 Périgords n'a pas de compte à rendre et bénéficie d'une autonomie totale à notre égard. Les relations que nous entretenons sont strictement professionnelles. Dans ce cadre, mon rôle consiste à les informer régulièrement - au même titre que les medias de la presse écrite - sur l'actualité de la collectivité. Nous leur diffusons chaque semaine l'agenda du président et des communiqués de presse sur les dernières actualités du département, et nous organisons régulièrement des conférences de presse.

Au-delà des relations presse, quelles actions menées-vous pour valoriser l'image du département ?

Nous avons organisé des mini voyages de presse. Par exemple, lors du Salon de l'agriculture, quatre journalistes de la presse locale ont accompagné une délégation du conseil général, composée de cinq élus et d'un représentant de la direction de la communication. Nous avons déjà mené une action de ce type à l'occasion du Salon international de l'alimentation. La promotion de l'image du département est également assurée par des opérations ponctuelles. Je pense notamment au partenariat avec France 3 pour la préparation d'une des émissions de la Carte aux Trésors ou à la collaboration avec d'autres chaînes pour la réalisation de programmes sur l'archéologie. Le cinéma est également un bon vecteur de promotion. Les sociétés de production nous sollicitent régulièrement pour des tournages. "Les Visiteurs" et "Jeanne d'Arc" ont été réalisés en partie en Dordogne. Pour faciliter leur travail, nous venons d'ailleurs de créer une régie d'accueil des tournages.

Montauban (82) a l'oeil sur la petite lucarne

Depuis la rentrée 2004, les habitants de Montauban peuvent regarder un magazine d'actualité sur la vie économique, sportive et culturelle de leur ville. La Télévision locale toulousaine (TLT) propose en effet chaque semaine trois décrochages locaux de six minutes.

Deuxième ville de la région Midi-Pyrénées en termes de population et d'activité économique, la préfecture du Tarn-et-Garonne fait son apparition sur la petite lucarne, grâce aux décrochages assurés par TLT, la première télévision locale hertzienne créée en France. Pour regarder ce nouveau programme local, trois possibilités sont proposées aux Montalbanais. Les émissions sont visibles par les abonnés du réseau câblé de l'opérateur Noos (en numérique et en analogique). Elles sont également émises en mode hertzien depuis l'émetteur de TLT à Toulouse. Enfin, les magazines sont mis en ligne sur le site internet de la mairie et peuvent être regardés sous forme de vidéo, grâce à une connexion à haut débit. Côté contenu, TLT consacre un programme dédié à la ville, diffusé le samedi à 14h et à 20h et le dimanche, à 11h. Baptisé "Magazine de Montauban", il présente un panorama complet de l'actualité de la ville dans de nombreux domaines. Des événements culturels aux résultats sportifs, en passant par l'économie, l'environnement ou les loisirs, il se présente comme le reflet de la vie de la ville et de ses habitants. Au-delà de ce magazine dédié, Montauban bénéficie d'une couverture assurée par les autres programmes de la chaîne toulousaine, comme le journal de l'emploi, l'émission matinale "Expresso", le magazine "Prolongations" consacré au sport, sans oublier les différentes éditions du journal télévisé. Pour Brigitte Barèges, députée-maire de Montauban, la présence de TLT constitue une véritable opportunité : "Cela permet de montrer la ville enfin sous son véritable jour, c'est-à-dire dynamique, conviviale et riche de sa diversité." Et d'ajouter "les Montalbanais ne manquent pas de produits de qualité ni d'atouts patrimoniaux et culturels, encore moins d'hommes et de femmes de talent qui méritent d'être mis à l'honneur sur le petit écran".
 

Aller plus loin sur le web


Le site du conseil général de la Dordogne.
http://www.cg24.fr
 
L'historique du projet  sur le site du conseil général.
 
Le site de France 3 Aquitaine.
http://www.aquitaine.france3.fr
 
L'accès aux vidéos du journal télévisé de l'antenne locale France 3 Périgords.
http://www.aquitaine.france3.fr/videojt
 
Les implantations de France 3 en Aquitaine.
http://www.aquitaine.france3.fr/nouscontacter/2257912-fr.ph

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