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Rentrée scolaire 2016 - Ecoles de campagne et campagne présidentielle à la conférence de rentrée de Najat Vallaud-Belkacem

Dans sa conférence de presse de rentrée, ce lundi 29 août, Najat Vallaud-Belkacem s'est félicitée du succès des "conventions ruralités" et de toutes ces mesures qui, depuis 4 ans, auraient "remis l'Ecole au centre de nos territoires, de nos villes et de nos villages". Un discours sur fond à peine voilé de campagne présidentielle, avec une véritable charge contre ces départements "de droite" pour qui l'Ecole constituerait "une dépense superflue sur laquelle on pourrait faire des économies".

Pas de scoop en cette traditionnelle conférence de presse de rentrée donnée par la ministre de l'Education nationale ce lundi 29 août. Najat Vallaud-Belkacem a brièvement évoqué ce qui constitue, pour les collectivités locales, la nouveauté de cette rentrée particulière : le déploiement d'une enveloppe de 50 millions d'euros pour leur permettre d'engager des travaux de sécurisation des établissements scolaires tels que des visiophones, des vitres opaques en rez-de-chaussée, systèmes d'alarme (voir notre article publié dans notre édition du 29 août 2016).
Alors que l'école entre "dans la 4e année de sa Refondation", la ministre est revenue sur cette réforme engagée par son prédécesseur Vincent Peillon (voir notre dossier ci-contre). "Nous avons remis l'Ecole au centre : au centre de nos territoires, de nos villes et de nos villages, de nos campagnes", a-t-elle affirmé en guise de bilan. Elle a notamment souligné "l'importance des relations nouées avec les collectivités territoriales", relations "quasi inexistantes auparavant".

"Prendre soin de nos territoires ruraux"

Ainsi "j'ai réformé l'éducation prioritaire et l'allocation des moyens aux établissements scolaires, pour mieux tenir compte de la diversité, de la complexité, et de la réalité de nos territoires", a rappelé la ministre (voir notre article du 17 décembre 2014). Elle a cité pour exemple l'académie de Lille, " qui n'avait cessé d'être ponctionnée avant 2012, sur la base d'un simple raisonnement comptable" et qui bénéficie de "200 postes supplémentaires en cette rentrée, alors qu'elle a un millier d'élèves en moins". Elle a également cité celle de Créteil "qui, avec 3.160 élèves supplémentaires, aurait dû recevoir, d'un strict point de vue comptable, 160 postes supplémentaires, et qui en reçoit 650, pour mieux prendre en compte les difficultés économiques et sociales".
Mais "tenir compte de la réalité territoriale, c'est aussi prendre soin de nos territoires ruraux", a-t-elle assuré, rappelant que 22 conventions ruralité ont été signées et que 30 autres sont en cours de préparation (voir notre article du 30 mai 2016). C'est ainsi que l'académie de Clermont a pu gagner 15 postes malgré 546 élèves en moins, tout comme celle de Limoges (743 élèves en moins). "Et tout cela a été possible grâce à une politique de confiance, de dialogue, entre nous et nos interlocuteurs", s'est-elle réjouie, oubliant un peu vite ceux qui, au sein de l'Association des maires ruraux de France par exemple, parlent de "chantage inadmissible".

"Le département le plus riche de France" montré du doigt

La ministre devrait présenter dans le courant de l'automne un premier bilan des expérimentations de dispositifs favorisant la mixité sociale dans les collèges. "C'est en nous appuyant sur les territoires volontaires – et ils ont été 25, de droite comme de gauche – que nous avons engagé une vraie démarche en faveur de la mixité sociale" (voir notre article du 18 mars 2016).
Et puis très vite, la ministre a montré du doigt "les multiples décisions des collectivités locales de droite, intervenues ces derniers mois". Alors que le ministère dépensera, en 2016, 49 millions d'euros d'aides aux familles au titre des fonds sociaux, "soit une augmentation de 8 millions d'euros, et les bourses, au lycée, seront augmentées de 10%" (voir aussi notre article du 7 janvier 2016), plusieurs départements iraient à contresens. Ainsi, "le département le plus riche de France, Les Hauts-de-Seine, supprime l'aide aux transports scolaires de plus de 2.000 collégiens boursiers".
Et de citer également : la Seine-Maritime, qui supprime les bourses départementales des collégiens ("5.000 familles touchées") ; l'Eure ("le département de Bruno Lemaire"), où "les bourses départementales aux lycéens disparaissent : 2.000 familles touchées" ; la Somme et l'Essonne qui suppriment leur aide à la cantine pour les élèves du primaire ("7.000 familles touchées" dans le premier, "6.000" dans le second) ; les Pyrénées-Atlantiques qui "mettent fin à la gratuité des transports scolaires, soit une centaine d'euros par an et par enfant", tout comme le Cher.
"L'Ecole constitue pour moi un investissement absolument nécessaire, jamais une dépense superflue sur laquelle on pourrait faire des économies. Ce n'est manifestement pas le cas pour tout le monde", s'est emportée Najat Vallaud-Belkacem.

"Demandez aux habitants de Seine-Saint-Denis ce qu'ils en pensent !"

Quant à la "réalité de la Refondation de l'éducation prioritaire", "demandez aux habitants de Seine-Saint-Denis ce qu'ils en pensent, eux qui avaient été les premières victimes des suppressions de postes du précédent quinquennat !", a-t-elle déclaré. "Elle se traduit, pour eux, dans les faits, avec la création de 503 postes dans les écoles de ce département, et cela représente un effort sans précédent, qu'il était juste et urgent d'accomplir !".
Preuve que les REP seraient en bonne voie, "dans les mutations demandées par les enseignants en éducation prioritaire, alors qu'ils étaient classiquement 92% en REP à demander à quitter l'éducation prioritaire, cette année, pour la première fois, on note une tendance à la baisse : ils sont 70% à l'avoir fait ! En d'autres termes, c'est bien un début de stabilisation des équipes qui apparaît, et c'est une immense victoire", s'est félicitée la ministre. D'autant que, inversement, s'agissant des enseignants exerçant hors éducation prioritaire, et souhaitant muter, "ils ont été 12% à demander à rejoindre cette éducation prioritaire, contre 6% l'an passé", a-t-elle ajouté, voyant là "un début d'attractivité qui apparaît pour la première fois, et qui en dit long sur les effets que peut produire notre politique éducative, si elle est poursuivie avec constance et sérieux".

Valérie Liquet

Pokemon Go : pas de personnage rare dans les écoles, demande Najat Vallaud-Belkacem

Najat Vallaud-Belkacem a sollicité un rendez-vous auprès de l'éditeur du jeu Pokemon Go pour demander qu'il n'y ait pas de Pokemon rare dans les établissements scolaires, a-t-elle indiqué le 29 août lors de la conférence de rentrée scolaire.
Parmi les personnages à attraper dans le cadre de ce jeu qui a connu un succès fulgurant cet été, les Pokemons rares sont susceptibles d'attirer "beaucoup de gens, et au-delà des élèves" dans les établissements scolaires, a expliqué la ministre de l'Education nationale, ce qui pose "des problèmes de sécurité" compte tenu de "l'engouement autour du jeu". "C'est pour ça que j'ai demandé un rendez-vous à Niantic, l'éditeur du jeu, pour en effet demander qu'il n'y ait pas de Pokemon rare dans les établissements", a-t-elle dit en réponse à une question.
Les personnels de direction peuvent demander que leur établissement soit "exclu de la cartographie du jeu" en remplissant un formulaire sur le site de l'éditeur, a-t-elle précisé.
Le principe de Pokemon Go est d'attraper, grâce à son smartphone, des créatures virtuelles cachées dans le monde réel, que l'on voit sur son écran grâce à la technologie de la réalité augmentée.

AFP