En Aquitaine, les apprentis logent chez des particuliers

Pour répondre aux difficultés de logement rencontrées par les jeunes en formation ou en insertion professionnelle, la région Aquitaine a testé l'hébergement chez des particuliers. Méthodes et bilan.

Conseillère régionale déléguée à la jeunesse et à la vie étudiante, Émilie Coutanceau voulait offrir une solution nouvelle aux apprentis qui, ne pouvant payer un double logement lorsqu'ils sont en entreprise ou au centre de formation loin de chez eux, risquent de renoncer à leur cursus ou de l'interrompre en cours de route. Certes, il existe des foyers de jeunes travailleurs, mais ils ne répondent que partiellement à ces demandes atypiques, et ont souvent des problèmes de gestion "car ils ont du mal à gérer la rotation et la vacance que cela entraîne”, explique-t-elle. D’où la décision de la région Aquitaine d’expérimenter, en 2010, un nouveau mode d'hébergement mieux adapté aux contraintes des apprentis.

Structurer et encadrer une pratique existante

"Lors des enquêtes préparatoires au schéma régional du logement étudiant, nous avions constaté que certains apprentis se débrouillaient très bien en faisant jouer les réseaux familiaux, ou bien en trouvant un particulier acceptant de louer une chambre. Cette pratique, sans doute assez répandue, s'adapte bien aux contraintes de ces jeunes qui ont besoin d'un hébergement de courte durée, fractionnée, par exemple une semaine par mois ou une semaine toutes les trois semaines”, explique Émilie Coutanceau. Mais elle s’effectuait souvent “sous le manteau”, avec des propriétaires qui n'étaient pas au courant par exemple de leurs droits et des règles fiscales (lorsque le loyer dépasse un certain un plafond par exemple). L'idée a donc été de structurer et d'encadrer cet hébergement chez des particuliers. Tant pour assurer une qualité d'accueil et une offre plus importante et plus facile d'accès pour ces jeunes, que pour rassurer des propriétaires qui n'osaient pas se lancer isolément dans ce type de démarche.

Choix d’un prestataire en gestion locative qui sécurise les particuliers

La région a choisi de sélectionner quatre territoires tests, avec des marchés immobiliers aux caractéristiques différentes : la communauté urbaine de Bordeaux (hyper urbain), le Blayais (rural), le Bergeracois (ville moyenne) et le bassin d'Arcachon (zone touristique). Un travail de concertation important a été mené pendant un an dans ces quatre territoires avec les acteurs concernés : groupement de communes, bureau information jeunesse, mission locale, organismes de formation, UNPI, etc. Cette mobilisation a été rendue possible notamment parce que la région a décidé d’avoir recours à un prestataire choisi sur appel d’offres pour aider au montage technique et juridique du projet (rédaction du contrat d'hébergement, etc.), puis pour la prise en charge de la gestion au quotidien. C’est le Sires Aquitaine, une structure spécialisée dans la médiation et la gestion locative et émanant de l'union régionale des Pact, qui a été choisi. “Leur expertise nous a été précieuse pour rendre le projet à la fois séduisant et sécurisant pour les propriétaires, tout en étant suffisamment souple pour répondre aux besoins des jeunes”, souligne la conseillère régionale. Au-delà de la mise en place du dispositif, le Sires prend en charge la vérification de la décence des chambres, la mise en relation de l'offre et de la demande, la signature du contrat d'hébergement...

Pas de tarif imposé, mais des prix plafonds

Ne pouvant, d'un point de vue légal, fixer de tarif, la région a toutefois imposé le prix plafonds de 15 euros par nuitée. Le tarif est dégressif suivant le nombre de semaines et, au mois, ne dépasse jamais 250 euros (soit 110 euros une fois déduites les aides que la région accorde). S'ajoutent à la note mensuelle, des options pour le coût des petits déjeuners (2 euros) et dîners (3 euros). Il s’avère que 60 % des jeunes ont préféré la chambre sans option.

Après la phase test, la généralisation en 2011

Les résultats du bilan, effectué mi-décembre 2010, ont convaincu la région de généraliser le projet. En six mois, 60 jeunes ont été hébergés chez des particuliers. Sur les 60 "binômes", seuls deux ont échoué et se sont soldés par une rupture du contrat d'hébergement avant terme, pour non-respect des jeunes sur l'utilisation des parties communes. "Nous avons redonné sa chance à l'un des jeunes, cette fois avec succès", précise la conseillère régionale.
Plus de 6 sur 10 ont été logés d'une à trois semaines par mois, dont 35% une seule semaine. "Ce dispositif est donc particulièrement adapté pour eux", commente l’élue, également satisfaite de constater que leur profil correspond au public ciblé à l'origine : apprentis (56%), stagiaires de la formation professionnelle (15%), élèves du paramédical et social (13%) et jeunes salariés. Parmi eux, une majorité de garçons (67%) et de majeurs (68%). "Le fait qu'un tiers d’entre eux soit mineurs nous indique que le projet est suffisamment rassurant pour les parents."


Emmanuelle Stroesser pour la rubrique Expériences du site www.mairieconseils.net
 

Conseil régional de Nouvelle-Aquitaine

14 rue François-de-Sourdis
33077 Bordeaux cedex

Émilie Coutanceau

conseillère régionale déléguée à la jeunesse et à la vie étudiante

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