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En pleine transition, les transports publics réclament une aide accrue à l'Etat

A l'occasion de la présentation ce 8 septembre de la prochaine Rentrée du Transport public (ex-Semaine du transport public) et des Rencontres du transport public qui se tiendront à Toulouse à la fin du mois, Louis Nègre, président du Groupement des autorités responsables de transport (Gart) a appelé l'Etat à soutenir davantage les collectivités à l'occasion du 4e appel à projets transports collectifs en site propre et pôles d'échanges multimodaux.

La Rentrée du transport public (ex-Semaine du transport public) qui se déroule du 16 au 22 septembre et compte à ce jour de nombreux participants - cinq régions (Auvergne-Rhône-Alpes, Bourgogne-France-Comté, Centre-Val-de-Loire, Normandie, Pays de la Loire), sept réseaux interurbains (Calvados, Charente-Maritime, Finistère, Loire-Atlantique, Nord, Rhône, Seine-et-Marne), plus de 80 villes (grandes agglomérations telles que Lyon, Marseille, Nice, Toulouse mais aussi des agglomérations moyennes et petites) met en avant cette année les caractéristiques écologiques, économiques et pratiques des transports publics.

Inciter les non utilisateurs à changer de comportement

A travers des offres promotionnelles et des actions de sensibilisation, l'opération cible le grand public, et plus particulièrement ceux qui n'utilisent jamais ou de manière occasionnelle les transports publics pour les inciter à changer de comportement.  "La dimension fondamentale est de retrouver la confiance des voyageurs dans une période compliquée", a souligné Marc Delayer, président du GIE Objectif Transport public, émanation commune du Groupement des autorités responsables de transport (Gart) et de l'Union des transports publics et ferroviaires (UTP) et organisateur de la Rentrée du transport public. Les confinements, le télétravail, les craintes sanitaires persistantes, la chute du tourisme international et la limitation des déplacements professionnels ont fortement réduit la fréquentation dans les transports. Pire, on a même assisté à un regain de l'"autosolisme".
Tout l'enjeu des promoteurs des transports publics, qui se retrouveront du 28 au 30 septembre à Toulouse, lors de leurs Rencontres nationales, est donc de vanter leurs avantages en termes de protection de l'environnement – ils ne représentent que 16% des émissions de CO² dues aux déplacements de voyageurs -, de qualité de vie (diminution de la congestion, économie d'espace public, réduction des nuisances sonores, baisse de l'accidentologie routière…) et de pouvoir d'achat. Le coût moyen d'un abonnement mensuel en province est de 31 euros, soit près de 16 fois moins que le coût total d'une voiture particulière (505 euros par mois, soit une économie de 474 euros), relèvent ainsi les organisateurs de la Rentrée du Transport public.

Mutation sur fond de crise

"Les transports publics, c'est l'avenir, mais on promeut aussi l'autopartage, le vélo et même la marche", souligne Louis Nègre, président du Gart et maire de Cagnes-sur-Mer (Alpes-Maritimes). "Depuis plusieurs années, nous sommes dans une phase de transition, poursuit-il. Derrière le Covid, notre deuxième sujet de préoccupation est le télétravail car on ne sait pas quelle sera son importance demain. Il faut aussi donner l'habitude aux jeunes d'emprunter les transports publics et d'abandonner l'idée de l'autosolisme".
Dans l'immédiat, la situation économique du secteur reste très fragile.  L'offre de transport est revenue à 100% le dimanche, 90% le samedi, et se situe entre 75% et 95% selon les réseaux de transport, assure Claude Faucher, délégué général de l'UTP.  Mais selon le Gart, les autorités chargées des transports publics ont perdu "à peu près 5%" des revenus du "versement Mobilité" (calculé sur la masse salariale des entreprises) et "30 à 40%" sur les recettes tarifaires pendant la crise du Covid. "Ca s'appelle un trou", s'est exclamé Louis Nègre.

Investissements : doubler la participation de l'Etat dans le 4e appel à projets

Dans ce contexte, le président du Gart, qui doit rencontrer prochainement le Premier ministre, réclame toujours au gouvernement un mécanisme de compensation pour les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) de province similaire à celui obtenu par Ile-de-France Mobilités. Autre revendication forte du Gart : doubler l'enveloppe de 500 millions d'euros prévue pour les investissements dans les infrastructures. La loi du Grenelle de l'environnement avait prévu que l'Etat investisse en dix ans 2,5 milliards d'euros dans les projets de transports en commun en site propre des agglomérations de province avant 2020, a rappelé Louis Nègre, regrettant que "ce qui avait été décidé n'ait pas été engagé".
Le quatrième appel  à projets transports collectifs en site propre et pôles d'échanges multimodaux  lancé par le gouvernement fin 2020 a prévu dans un premier temps une enveloppe de 450 millions d'euros de subventions, qui a été rallongée à 500 millions d'euros par le Sénat en juin dernier, via un amendement à la loi de finances rectificative pour 2021. "Nous avons de l'ordre de 200 dossiers qui sont arrivés sur la table, qui représentent 110 autorités organisatrices de la mobilité. On aboutit à 11 milliards d'investissement", a expliqué Louis Nègre. "Si vous mettez 500 millions sur 11 milliards, ça ne fait même pas 5%. Est-ce que ça permet de faire basculer les collectivités locales ? Cela sera, j'imagine, difficile pour certaines d'entre elles", a-t-il réagi. "Il faut du 15% d'Etat pour débloquer" les investissements, a estimé Louis 
Nègre. C'est pourquoi le Gart "demande de doubler au moins cet appel à projets", a-t-il dit.