Éolien en mer : le gouvernement veut donner un nouveau coup d'accélérateur

En déplacement à Saint-Nazaire ce 2 mai, le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, a reconnu un "retard à l'allumage" en matière d'éolien en mer et réaffirmé le soutien du gouvernement à la filière. Il a notamment annoncé une simplification des procédures d'appels d'offres et la publication en septembre prochain d'une carte des "zones propices" à cette énergie renouvelable à horizon dix ans et jusqu'en 2050.

"Nous avons un certain retard à l'allumage, c'est le drame de la France. Il nous faut accélérer massivement", a déclaré ce 2 mai le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, lors d'une visite aux Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire, en compagnie de Roland Lescure, ministre délégué chargé de l'énergie et de l'industrie. De recours judiciaires en contestations et autres complications administratives, la France reste à la traîne sur l'éolien en mer par rapport aux pays voisins (Royaume-Uni, Scandinavie, Allemagne...) et aux objectifs qu'elle s'était elle-même fixés depuis la fin des années 2000. 

Un bilan encore très loin des objectifs à 2050

Le premier parc français a été raccordé en 2022, au large de Saint-Nazaire, dix ans après l'attribution du marché. D'une puissance de 480 mégawatts (MW), il est capable d'alimenter 700.000 personnes. Fécamp (497 MW) et Saint-Brieuc (496 MW) devraient à leur tour être intégralement mis en service en ce mois de mai et en juin prochain, puis trois autres en 2025 et 2026 à Courseulles-sur-Mer (448 MW), Yeu-Noirmoutier (488 MW) et Dieppe-Le Tréport (496 MW). En tout, ces six parcs représenteront une capacité d'un peu moins de 3 GW. Si l'on y ajoute le parc de Dunkerque, celui de Centre-Manche et des fermes pilotes d'éolien flottant en Méditerranée - une technologie qui permettrait d'installer des sites plus au large -, ce sont 4,6 GW qui sont attendus d’ici à la fin de la décennie.

Bruno Le Maire a réaffirmé le soutien du gouvernement à l'essor de l'éolien offshore et répété l'objectif ambitieux fixé par le gouvernement : passer d'une production de 1,5 GW en 2024 à 18 GW en 2035 et 45 GW en 2050 (soit une cinquantaine de parcs). Pour y parvenir, il a mis en avant un "changement d'échelle" dans le déploiement et l'industrialisation. Il a annoncé la publication en septembre prochain d'une carte des "zones propices à l'éolien en mer" à horizon 10 ans et d'ici à 2050 (36,4 GW restant à planifier pour cette échéance). Cette cartographie, issue du débat public qui s'est achevé le 26 avril et auquel collectivités, élus, ONG, pêcheurs et citoyens ont contribué, portera sur les quatre façades maritimes françaises et doit tenir compte des "inquiétudes" remontées lors des discussions, notamment sur la biodiversité, la pêche et le tourisme.

Simplification des procédures et fiscalité à revoir

Le ministre a par ailleurs annoncé une simplification prochaine des procédures de déploiement, qui doit contribuer à ramener de douze ans actuellement à six ans la durée de développement d'un parc éolien en mer. Le projet de loi de simplification de la vie économique comporte ainsi une mesure permettant de déroger à des règles de la commande publique afin de simplifier et d'accélérer la contractualisation par RTE des marchés nécessaires à la réalisation des ouvrages de raccordement des parcs éoliens en mer, a précisé Bercy. Un décret doit aussi réduire la durée de la procédure d’appel d’offres des futurs parcs éoliens en supprimant la phase de préqualification et en raccourcissant la phase de dialogue concurrentiel, afin de ramener le délai total à environ 12 mois.

Le gouvernement entend aussi ouvrir le chantier de la fiscalité des parcs situés en zone économique exclusive (soit au-delà de 22 km des côtes), dans le cadre de la prochaine loi de finances. Depuis 2022, la taxe éolienne en mer, qui s’applique déjà sur le domaine public maritime, concerne aussi les ZEE mais elle est reversée intégralement au budget de l’État, alors que pour les parcs situés dans le domaine public maritime elle est partagée entre les communes littorales (50%), les comités des pêches (35%), l’Office français de la biodiversité (10 %) et les sauveteurs en mer (5%).

Une filière industrielle à soutenir

Le déplacement des deux ministres a aussi été l’occasion de marquer leur soutien à la filière industrielle française, qui compte quatre des douze usines européennes fabriquant les pales et nacelles au Havre (Siemens Gamesa), à Cherbourg (LM Wind, filiale de General Electric) et à Saint-Nazaire (GE), ainsi que les équipements réseaux à Saint-Nazaire (Chantiers de l’Atlantique). Six autres projets relatifs à l’éolien ont déposé une demande d’agrément auprès du guichet ouvert pour le crédit d’impôt vert, adopté dans la loi de finances pour 2024, pour 817 millions d’euros d’investissement, a annoncé le gouvernement.

Face à la concurrence chinoise, ce dernier prévoit aussi de lancer des travaux sur le renforcement des critères d’éligibilité aux appels d’offres relatifs au contenu carbone des parcs éoliens en mer. La prise en compte du transport ou encore des émissions globales du pays d'origine pourrait compter parmi ces critères. Le dispositif français sera en outre doublé d’ici fin 2025 par l’entrée en vigueur du dispositif issu du règlement européen Net Zero Industry Act, qui prévoit des critères sur la résilience des approvisionnements en équipements ou encore des normes sociales "mieux disantes".

Enfin, les ministres ont assisté à la signature par RTE et le consortium Chantiers de l'Atlantique et Hitachi Energy d'un contrat de 4,5 milliards d'euros notamment pour la construction de trois plateformes électriques destinées à équiper de futurs parcs éoliens en mer. Ce contrat entre dans le cadre de la nouvelle politique d'achat du gestionnaire du réseau à haute tension, RTE s'engageant à conclure des partenariats industriels de long terme et à sécuriser l’approvisionnement en matériaux cruciaux (câbles, sous-stations électriques, transformateurs…) pour le déploiement des parcs.

 

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