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Éolien terrestre : Élisabeth Borne va charger les préfets d'identifier des zones de développement avec les élus

Le gouvernement va charger les préfets d'identifier avec les élus les secteurs adaptés à l'accueil de nouvelles éoliennes, "indispensables" à la transition énergétique, a déclaré ce 3 mars devant les députés la ministre de la Transition écologique, Élisabeth Borne.

"Ma position sur les éoliennes est très claire : elles sont indispensables à la transition énergétique de notre pays", a déclaré Élisabeth Borne ce 3 mars lors de la séance des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. La ministre répondait à une question de Laure de la Raudière, députée UDI d'Eure-et-Loir, remontée contre l'éolien et accusant certains de ses promoteurs "(de) se comporter tels des chasseurs de primes sur nos territoires". La ministre de la Transition écologique a d'abord rappelé les enjeux. La programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), feuille de route énergétique du pays, prévoit un doublement de la production de cette forme d'énergie d'ici dix ans. Le pays compte faire passer la part de l'éolien dans la production d'électricité de 7% aujourd'hui à 20% en 2028, l'éolien en mer représentant un quart de cet objectif. L'an dernier la production électrique des éoliennes a crû de 21%, réduisant de 6% les émissions de gaz à effet de serre de la France.

Recherche d'un "bon équilibre"

"Pour autant, a reconnu Élisabeth Borne, nous ne réussirons pas le déploiement de l'éolien si nous n'écoutons pas les craintes de certains élus et de certains citoyens ; c'est une question de bon sens puisque sept projets sur dix font l'objet d'un recours." "Un travail est en cours pour trouver un bon équilibre entre le déploiement et l'adhésion et l'acceptabilité, avec notamment une circulaire qui sera adressée aux préfets leur demandant, avec les élus, d'identifier les zones dans lesquelles les éoliennes peuvent se développer sans porter atteinte à notre patrimoine naturel et culturel", a-t-elle affirmé. "Et il appartiendra aux élus d'introduire les protections paysagères correspondantes dans leurs documents d'urbanisme", a-t-elle ajouté.
Un groupe de travail sur "le développement harmonieux de l'éolien" a été installé en décembre dernier au ministère, réunissant développeurs, élus, spécialistes du paysage, etc., notamment pour mieux répartir les parcs, aujourd'hui concentrés dans le nord et l'est. Mais depuis janvier la situation s'est tendue avec, outre les contestations traditionnelles exacerbées en période de campagne électorale, une déclaration d'Emmanuel Macron assurant à Pau que "de plus en plus de gens ne veulent plus voir d'éolien près de chez eux".

"Une écologie qui suscite l'adhésion"

Mi-février au Sénat, Élisabeth Borne déplorait "des implantations de parcs en covisibilité avec des monuments historiques, (...) des dispersions de petits parcs qui donnent une saturation visuelle". "Certains se sont empressés de dire que j'étais contre l'éolien", a repris la ministre mardi. "C'est une caricature, et le symptôme d'une écologie qui ne se préoccupe pas de mise en oeuvre concrète. Moi je porte une écologie qui suscite l'adhésion, et non pas le rejet."
Dans un appel paru mardi dans la Tribune, des acteurs comme France Nature Environnement, la fondation Nicolas-Hulot, Énercoop ou France Énergie éolienne, ont demandé au gouvernement "de la cohérence et de la clarté", pour permettre un essor de l'éolien "à la hauteur des enjeux de la transition énergétique".