Ermont donne une deuxième chance aux détenus

Depuis 2006, la ville d'Ermont mène des actions en faveur des détenus en fin de peine afin de favoriser leur réinsertion sociale et éviter ainsi la récidive. Le programme "Donner une deuxième chance aux détenus" se décline en trois volets : l'emploi, la formation, les activités culturelles et sportives en milieu carcéral. Depuis le premier semestre 2009, des personnes sous main de justice sont accueillies dans le cadre d’un contrat d’accompagement à l’emploi (CAE) au sein des services municipaux.

En 2006, la ville d'Ermont (Val-d'Oise, 28.000 habitants) lance une initiative originale : "Donner une deuxième chance aux détenus". Elle s'appuie sur un partenariat entre la ville, la maison d'arrêt d'Osny et le tissu associatif ermontois autour de trois volets d'action : l'emploi, la formation, l'action culturelle et sportive en milieu carcéral. Outre la volonté du maire, Hugues Portelli, ce projet émane d'un programme plus large en faveur de la réinsertion des détenus mis en œuvre par les services pénitentiaires d'insertion et de probation (Spip). Chargée de suivre les prisonniers en fin de peine, cette structure accompagne les détenus à la fois en milieu ouvert et en maison d'arrêt, y compris ceux dotés de bracelets électroniques. "Dans le cadre du programme mené en partenariat avec la maison d'arrêt d'Osny, le Spip joue un rôle de premier plan. En plus de suivre les détenus participant à nos actions de réinsertion, il sélectionne et nous propose de nouveaux candidats bénéficiant d’un aménagement de peine", souligne Frédéric Agostini, du service Politique de la ville et vie de quartier à la mairie d'Ermont. Les bénéficiaires sont les détenus condamnés à une peine inférieure ou égale à six mois. L'objectif pour la ville d'Ermont : éviter la récidive et transformer ces courts séjours en prison en simples "erreurs de parcours". La ville participe directement à ce dispositif en proposant des emplois à durée déterminée au sein de ses services. D'après Frédéric Agostini, les "sorties sèches" favorisent la récidive et, même si elle n'offre pas des contrats à durée indéterminée, la ville accompagne les détenus dans une dynamique de retour à l'emploi. Le budget annuel pour l'ensemble des actions menées s'élève à environ 35.000 euros, dont près de 18.000 euros de subventions du département, de la région et de l'Etat.

Un levier de réinsertion privilégié : l'emploi

Chaque année depuis 2006, la ville d'Ermont accueille un détenu sous contrat aidé de 3 à 12 mois. "Il n'y a pas de règles, on essaye de proposer un poste en cohérence avec la formation initiale des détenus. Ils peuvent être affectés au service voirie, espace vert et même jeunesse. Ce sont des agents à part entière, seul le chef de service est au courant de leur statut", indique Frédéric Agostini. Directement opérationnels, les détenus bénéficient d'un suivi individualisé assuré par un organisme de formation, le CPCV de Saint-Prix. "Les profils sont très variés, mais tous sont volontaires. Si on remarque des problèmes d'absentéisme, c'est surtout à cause de situations de vie compliquées", souligne Frédéric Agostini. Véritable tremplin, cet emploi temporaire aide les détenus à reprendre un rythme de vie normal et les prépare à leurs futures démarches.

Basket, théâtre, écriture, lecture et langue

La prévention de la récidive se joue aussi au sein même de l'établissement pénitentiaire. Aussi l'ensemble des activités socioculturelles, sportives ou de formation menées entre les murs a-t-il été pérennisé. La ville initie et expérimente les projets, puis la maison d'arrêt choisit de les renouveler. Par exemple, le tournoi de basket organisé par une association sportive en été 2008 a été réitéré. "En plus de l'attrait sportif, cette activité permet de diffuser des valeurs de respect de la règle et de l'adversaire", précise Frédéric Agostini. D'autres sports ont également été proposés aux détenus, le badminton et le tennis de table. La direction de l’action culturelle d'Ermont a mis en place des ateliers théâtre et écriture. A raison d'une dizaine de séances par semestre, les détenus volontaires montent une pièce de théâtre et la jouent en public devant leurs co-détenus. D'autres s'adonnent à l'écriture dans le cadre d’un atelier animé par un écrivain. Aujourd'hui, la maison d'arrêt contractualise directement avec l’écrivain en charge de cette animation. Enfin, le dernier volet d'actions s'intéresse à la formation. Il se décline en plusieurs ateliers comme la remise à niveau des savoirs de base (60 heures de formation) et le français langue étrangère afin de passer le diplôme initial de langue française (Dilf). "Depuis septembre 2009, la ville d'Ermont participe, en lien avec le Spip et le CPCV d’Ile-de-France, à la mise en place de chantiers d'insertion au profit des détenus faisant l’objet d’un placement extérieur", conclut Frédéric Agostini.

Laura Henimann / PCA, pour la rubrique Expériences du site Mairie-conseils

Mairie d'Ermont

100, rue Louis Savoie- BP 40083
95120 Ermont

Frédéric Agostini

Responsable du service Politique de la ville et vie de quartier à la mairie d'Ermont

Jean-Marie Richard

Adjoint au maire chargé de la politique de la ville et de l'intercommunalité

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