Bouillé-Saint-Paul crée son centre bourg (79)

Donner une centralité et une identité à un village constitué de hameaux dispersés pourrait relever de la gageure. C’est pourtant ce qu’ont réussi les édiles de Bouillé-Saint-Paul dans les Deux-Sèvres. Au cœur de leur démarche, une approche globale de la valorisation du centre bourg, avec la consultation des habitants.

C’est en 1996 que la municipalité de Bouillé-Saint-Paul investit l’ancien château pour y installer son siège et organiser des spectacles, dont le Festival des Arts de la Rue, qui demeure encore aujourd’hui le point d’orgue. « Nous avons dès lors commencé à nous interroger sur l’aménagement du centre bourg qui ne regroupait qu’une centaine d’habitants, les trois cents autres étant répartis dans les hameaux dispersés sur le territoire de la commune. L’enjeu était de donner une centralité au village », se rappelle Jean Giret qui en fut le maire de 1995 à 2017 puis premier magistrat de la commune nouvelle de Val-en-Vignes jusqu’en 2020. Un projet qui a d’emblée, nous dit-il, fédéré l’équipe municipale et les habitants.

Un plan de référence

Ce projet se construit progressivement, en lien avec la communauté de communes de l’Argentonnais qui avait développé une aide à l’aménagement du territoire dénommée programme intercommunal de valorisation des bourgs. Ce programme prône une approche globale du réaménagement, échelonné sur une dizaine d’années. Aussi, chaque commune est dotée d’un plan de référence. C’est de là qu’est partie en 2005 la réflexion des élus de Bouillé-Saint-Paul pour développer une centralité autour du château et en relation avec la place de l’église. « Au préalable, nous avions créé un bar-restaurant multiservice, qui fonctionne encore très bien actuellement. Nous avions aussi travaillé à la valorisation du patrimoine et du commerce », ajoute Jean Giret. 

Une équipe de maîtrise d’œuvre pluridisciplinaire

Pour finaliser le projet et mettre en place une équipe de maîtrise d’œuvre disposant des compétences en ingénierie requises, les élus bénéficient des conseils et de l’aide de plusieurs partenaires : la communauté de communes, le syndicat de pays, la région, le département et le Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement (CAUE) ainsi que de paysagistes, d’architectes et d’artistes. C’est donc une équipe pluridisciplinaire qui prend en main le projet. Une première étude (2006-2007) pose un diagnostic et met en lumière l’importance des chemins qui relient les hameaux. De là naît l’opération Pister Bouillé (2010) qui réunit près d’un millier de participants, bien au-delà des habitants du village. Autour d’une vingtaine d’artistes, ils investissent durant un week-end les chemins et les champs, les bois et les cabanes de vigne. Cette animation élargit la problématique de la rénovation de centre bourg aux chemins et hameaux. Des balades avec l’intervention d’artistes continueront par la suite à être organisées pour faire découvrir à la population les ressources du territoire. En 2012 est construite une digue, qui transforme l’espace public et rend très visible le château depuis la place de l’église. En 2014, sont aménagés les lieux qui relient les deux monuments.

Enquête en porte à porte

Tout du long de la démarche de création du centre bourg, les habitants de Bouillé sont informés et consultés. « Leur implication est cruciale dans ce projet qui a conduit à des changements considérables dans la commune, avec des coûts très importants », souligne Jean Giret. Les habitants sont invités à plusieurs occasions à exprimer leurs opinions et leurs souhaits : réunions publiques, opération Pister Bouillé, restitution du projet de rénovation. Des échanges ont également lieu avec le maître d’œuvre, lors du festival des Arts de la Rue. Enfin, une enquête collective en porte à porte est organisée pour connaître la vision que les habitants ont du village, de sa centralité et des chemins qui le sillonnent. Leur participation a permis de faire évoluer le projet initial inscrit dans le plan de référence. Un exemple : le plan prévoyait de dévier la route départementale en cœur de village, mais devant le refus des habitants, une autre solution a été proposée.

Si les élus actuels apportent encore aujourd’hui des améliorations au village, « l’opération de création d’un centre bourg avec une approche artistique lui a fait gagner en originalité et les aménagements ont renforcé son identité, en l’associant résolument à la culture », explique Jean Giret. À tel point que des artistes sont venus s’y installer et que son festival des Arts de la Rue continue de rayonner.

Des cofinancements indispensables

Dans une petite commune comme Bouillé-Saint-Paul, un tel projet de valorisation du centre bourg pour un montant de plus de 600 000 euros ne peut voir le jour que s’il est cofinancé. Ainsi l’étude préalable de 2006, d’un coût de 30 000 euros, a reçu une subvention de la région de 24 000 euros.

Les 336 000 euros nécessaires à la transformation des abords du château avec la création de la digue ont été cofinancés comme suit :

  • région : 100 000 euros
  • État : 78 000 euros
  • département : 57 000 euros
  • syndicat d’électricité : 5 000 euros
  • reste à charge pour la commune : 10 000 euros

L’opération Pister Bouillé a coûté 70 000 euros : 

  • région : 35 000 euros
  • programme Leader : 20 000 euros 
  • reste à charge pour la commune : 15 000 euros. 

Enfin les aménagements entre le château et l’église ont mobilisé un budget de 180 000 euros :

  • région : 55 000 euros
  • État : 43 000 euros
  • communauté de communes : 20 000 euros 
  • reste à charge pour la commune : 62 000 euros

« Ces cofinancements nous ont permis de mener à bien ce projet sans endetter la commune », témoigne l’ancien maire, Jean Giret. 

Commune de Bouillé-Saint-Paul

Nombre d'habitants :

410
1 rue du Château
79 290 Bouillé-Saint-Paul
mairie.bouillesp@wanadoo.fr

Jean Giret

Ancien maire

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