À Moriville, le rêve de reconstruction du centre-village devient réalité (88)

Moriville, commune vosgienne, s’est lancée dans un projet de rénovation que l’on peut qualifier de titanesque eu égard à sa taille. Et pourtant, parfaitement réaliste. Avant même la crise du Covid, l’équipe municipale en place réfléchissait, avec l’aide d’un bureau d’études, à réhabiliter son centre bourg dégradé où s’érigeaient sept anciennes fermes à l’abandon. L’arrivée de familles et de jeunes ménages, attirés par la localisation de la commune, située à proximité de la voie rapide reliant Épinal à Nancy et des prix de l’immobilier accessibles, ont conforté les élus dans leur projet. Baptisé « Moriville rêve son centre », le projet a reçu une mention spéciale au Prix architecture du projet citoyen.

Des habitants à la manœuvre

« Au départ nous n’imaginions pas conduire un tel projet. Il a pris de l’ampleur au cours d’ateliers participatifs où les habitants ont pu exprimer leurs besoins », se rappelle le maire, Alain Gamet. Besoin de disposer d’un lieu non institutionnel pour se retrouver, besoin d’une épicerie, d’un dépôt de pain, besoin aussi pour les seniors de logements de plain-pied pour continuer à vivre sur place, sans étage à monter. Aussi, dans cette commune dépourvue de place de village, il faut fermer plusieurs rues à la circulation pour organiser le moindre événement. Les habitants ont ainsi également exprimé leur besoin d’espaces publics « De ces remarques et d’autres exprimées par les habitants, sont nés plusieurs projets », souligne Stéphanie Yverneau, maire adjointe.

Création de services, d’équipements et d’aménagements

Le projet « Moriville rêve son centre » va donc transformer le village et renforcer son attractivité. Un café multiservice, conçu avec le groupe SOS 1.000 Cafés, leader de l’entreprenariat social, sera en capacité de répondre à des attentes fortes des habitants. Outre les services d’un café, il offrira aussi une prestation de restauration, proposera la vente de produits locaux, un espace dédié aux associations et au numérique et servira de relais colis et de dépôt de pain. Une microbrasserie verra le jour, avec une démarche de découverte de la bière, associée à la mise à disposition de gîtes. En connexion avec le café, une place de village va être créée et sera agrémentée d’un jardin et d’un verger dont les plans restent à finaliser. Une petite dizaine de logements seniors devraient être construits par la foncière Chênelet avec le concours de fonds privés et d’aides de l’Anah espérées. Ces aménagements seront coordonnés au remodelage de la traversée du village par la RD 32, axe principal assez accidentogène. Une chaussée resserrée laissant davantage de place aux piétons, une limitation de la vitesse à 30 km/h et l’installation d’un feu tricolore récompense (qui passe au vert quand les automobilistes respectent la limitation de vitesse), inciteront les véhicules à ralentir. Enfin, les bords de la route seront végétalisés.

Des partenaires indispensables à la réalisation du projet

« L’organisation d’un tel projet n’aurait pas pu se faire sans l’aide et le soutien de la communauté d’agglo d’Épinal et du Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement des Vosges, explique Stéphanie Yverneau. La réhabilitation de sept maisons en cœur de village est une opération très rare à l’échelle du département. Sans l’appui de ses partenaires, l’équipe municipale n’aurait pas eu les moyens d’agir seule et de trouver les financements. » Autre soutien précieux, la convention de Reconquête du bâti en milieu rural (RBMR) signée avec la préfecture et la communauté d’agglomération d’Épinal. Cette dernière fournit notamment un accompagnement technique, avec l’appui de ses services. Les financements du projet Moriville rêve son centre proviennent principalement de l’État, via le fonds friche, dans le cadre du plan de relance de la transition écologique, de la dotation d'équipement des territoires ruraux (DETR), de la dotation de soutien à l'investissement local (DSIL) et de l’Agence de l’eau. Les conseils départemental et régional ainsi que la communauté d’agglomération d’Épinal participent également au financement. « Un projet de cette envergure dans un petit village ne peut être viable sans de tels soutiens », constate le maire.

Une très forte mobilisation des élus

Sur les sept fermes en cœur de village acquises par la commune, trois sont conservées, deux ont été démolies, les autres entrent progressivement en phase de déconstruction avec réemploi des matériaux, depuis la mi-octobre 2023. Aux yeux du maire et de son adjointe, ce projet a aussi pu aboutir grâce à sa médiatisation auprès des élus et des acteurs du territoire. La démarche de participation des habitants, très appréciée par les partenaires de cette opération, a joué un rôle important pour les convaincre de s’engager. « Dans une commune qui ne compte qu’une secrétaire de mairie à temps partiel, l’essentiel du travail repose sur les élus et particulièrement sur ma troisième adjointe en charge du projet Stéphanie Yverneau », tient à rappeler le maire.