À Grand-champ, l'ancien camping accueille du logement social en Tiny House (56)

Sur le site d’un ancien camping municipal, la mairie de Grand-Champ a imaginé un nouveau quartier d'habitat léger réversible, grâce à des Tiny Houses, ces mini-maisons qui peuvent être déplacées sur la remorque d’un camion. Certaines « Tiny » appartiennent à des propriétaires privés, d’autres, agrées logement social, sont gérées par Morbihan Habitat. Si l'innovation répond à l'envolée des prix des logements, il a toutefois fallu lever de nombreuses barrières juridiques.

À Grand-Champ, ville à 15 kilomètres de Vannes, l'ancien camping municipal a fermé ses portes au début des années 2000, faute de fréquentation. « En 2017, nous avons rejoint Vannes agglo, une collectivité plutôt ambitieuse en matière de tourisme, explique Dominique Le Meur, la maire. Mon prédécesseur a commencé par reconvertir une partie du site en aire d'accueil de camping-cars confiée à un opérateur privé en 2019. Puis il a poursuivi la réflexion sur les 8 000 mètres carrés restants. » La crise COVID bouleverse alors le paysage du logement : « Nous avons vu arriver des seniors s'installant pour la retraite, le prix des pavillons a quasi doublé, les jeunes actifs ne réussissent plus à se loger, alors que l'offre d'emploi est là. » Fin 2022, la mairie organise un colloque sur le logement des jeunes actifs : l'idée de reconvertir le camping en quartier d’habitat léger fait son chemin. Deux ans et demi après, ce nouveau quartier de Grand-Champ peut accueillir près de 60 résidents, dont un tiers en logement social. Aujourd’hui, les dix-neuf Tiny communales ne sont pas encore toutes occupées, une trentaine de personnes est installée, et les dix Tiny de Morbihan habitat seront occupées très prochainement. 

Un lotissement de Tiny

« Après avoir déclassé l'ancien camping d'une zone U loisirs vers une zone UBR dédiée à l'habitat léger réversible, nous avons réaménagé le site comme un lotissement, avec des parcelles de 200 mètres carrés avec l’assainissement, l’eau potable, l’électricité et la Wifi », explique Christian Travert, directeur du pôle aménagement à la mairie de Grand-Champ. Le projet inclut un garage à vélos et poussettes ; un local commun complétera l'ensemble, avec salle commune, chambre d'amis, buanderie. La mairie prévoit alors de conserver dix-neuf parcelles louées à des propriétaires privés de Tiny. Elle propose les 10 autres parcelles à Morbihan Habitat, en convention d’occupation précaire à titre gratuit. « Construire une opération de logement social prend en moyenne quatre ans, indique Gérard Liegard, directeur général adjoint de Morbihan Habitat. Sur ce beau foncier, proche des transports collectifs, cette solution nous permettait d'apporter une réponse plus rapide aux besoins. »

La Tiny comme logement social : un vide juridique à combler

Il aura quand même fallu deux ans et demi pour mener à bien l'opération de logements sociaux, en franchissant de nombreuses barrières juridiques. « La Tiny peut être un domicile, mais n'était pas jusque-là agréée comme logement social avec le financement et les allocations auquel il ouvre droit », souligne le DGA de Morbihan Habitat. Première exigence : une surface de plus de 14 m2 pour que l’habitat puisse être considéré comme un logement décent. Deuxième nécessité : s'assurer que la CAF verse bien des allocations logement. « Enfin, pour l'agrément logement social, nous avons dû argumenter une demande de dérogation à la préfecture. Nous l'avons obtenue juste un mois avant l'entrée des locataires dans les lieux. » Le bailleur a donc dû engager ses fonds propres, avant de solliciter rétroactivement les subventions des partenaires et d'obtenir le prêt locatif social lui permettant d'emprunter pour financer l'opération.

La Tiny logement social : un équilibre financier difficile à obtenir

Pour réaliser les Tiny, Morbihan Habitat a lancé un appel d'offres : « Avec quatre formats différents, les Tiny sont en ossature bois et posées sur des bacs acier. Elles sont toutes meublées et construites en matériaux biosourcés », souligne le DGA de Morbihan Habitat. Le bailleur a retenu quatre constructeurs, dont trois locaux. Le loyer du logement social étant plafonné au m2, la petite surface des Tiny limite la location à un montant situé entre 250 et 300 euros, ce qui rend l'équilibre financier difficile. « Nous n'aurions jamais pu nous lancer sans la mise à disposition gratuite des terrains et l'aménagement du site par la mairie, » reconnaît le DGA du bailleur social.

Habitat léger mais opération lourde

« Ce projet a été passionnant à mener mais très chronophage », souligne le directeur aménagement de la mairie, qui assure la gestion locative des parcelles louées aux privés depuis septembre 2024, avant que le Centre communal d’action sociale (CCAS) n'en reprenne la gestion. De son côté, le bailleur a « essuyé les plâtres » : « Maintenant que nous avons l'agrément logement social, nous savons faire : ce sera plus simple pour toute nouvelle opération de ce type. » Que ce soit la location privée de terrains ou la location en logement social, la demande est, elle, bien présente : « Nous prenons le temps de recevoir chaque candidat privé, explique le directeur municipal, en ciblant les jeunes actifs. Certains ont déjà vécu en Tiny, d'autres non. Ça prend du temps mais cela permet de créer une solidarité entre habitants, avec une variété de profils. » Côté bailleur social, plus de 80 demandes ont été examinées avant d'attribuer les dix logements en mars 2025 : « Les places sont chères, et des actifs âgés ont aussi des besoins, pas seulement les jeunes. »

Une solution à ne pas négliger face à la crise du logement

« Le logement social en Tiny restera l'exception, souligne le DGA de Morbihan Habitat. Mais c'est une réponse, dans une palette de solutions, en cas de tension forte. Nous pourrions être amenés à la dupliquer. » « On ne va pas loger tout le monde en Tiny, confirme le directeur aménagement de la mairie. Mais la crise du logement est majeure et cette solution n'est pas à négliger. » Preuve de l'intérêt pour cette réalisation innovante, le bailleur comme la mairie ont été très sollicités par leurs homologues de toute la France. « Il faut maintenant laisser passer un hiver pour voir si la mayonnaise prend, conclut la maire de Grandchamp. Pour nous, ce sera une réussite si ce lotissement devient un nouveau quartier de Grand-Champ à part entière. »

De la Tiny au logement : les chiffres clefs du projet à Grand-Champ

Pour la commune de Grand-Champ

  • 500 000 euros : le coût d'aménagement du lotissement de Tiny et de construction du bâtiment commun
  • 294 000 euros : les subventions obtenues : État (60 000 euros), région opération « Bien vivre en Bretagne » (29 000 euros), département du Morbihan (105 000 euros), agglomération de Vannes (100 000 euros)
  • Le solde de 206 000 euros à charge de la commune est financé grâce aux loyers des locataires des 19 Tiny houses privées, soit 34 000 euros de revenus annuels (environ 150 euros de loyer mensuel pour l’emplacement)
  • Les Tiny sont louées en bail de 12 mois, renouvelable jusqu’à 5 fois.

Pour Morbihan Habitat

  • 420 000 euros : le coût d'achat des Tiny houses par Morbihan Habitat
  • Le bailleur espère 40 à 50 % de subventions (en cours de sollicitation), le solde étant financé par le Prêt locatif Social. Il a d'abord autofinancé la réalisation sur ses fonds propres avant d'obtenir l'agrément logement social.
  • 250 à 300 euros : le loyer mensuel d'une tiny sociale

Commune de Grand-Champ

Nombre d'habitants :

5859
Place de la mairie
56 390 Grand-Champ
mairie@grandchamp.fr

Dominique Le Meur

Maire

Christian Travert

Directeur du pôle aménagement grands équipements

Morbihan Habitat

6 Av. Edgar Degas
56 000 Vannes

Gérard Liegard

Directeur général adjoint

Gaël Guillo

Chargé d'opération

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