Arzano redynamise son centre bourg en investissant deux anciennes friches (29)
Pour redynamiser son village-rue traversé par une départementale, la mairie d'Arzano a investi deux anciennes friches. Dix années ont été nécessaires pour que le projet aboutisse. Pari réussi pour la petite commune de 1 400 âmes : les habitants fréquentent à nouveau le cœur de bourg, des commerces souhaitent s'installer et les logements locatifs font le plein.

© commune d'Arzano
« Ouverte en septembre dernier, notre maison de santé fait déjà le plein avec l'arrivée récente d'un deuxième médecin et d'un deuxième kiné », se réjouit Anne Borry, maire d'Arzano, située à 10 minutes de Quimperlé dans le Finistère. Les onze logements sociaux situés au-dessus de la maison de santé sont tous occupés et l'espace vert à l'arrière de l'opération fait le bonheur des habitants. « On est sollicité par d'autres commerçants - coiffeur, boulangerie, food-truck - qui voudraient maintenant s'installer dans la commune : ça ne nous arrivait jamais avant ! »
D'une friche à un projet global
« Avant », c'était en 2014, lorsque la commune a commencé à penser ce projet de redynamisation du centre bourg. « La mairie était copropriétaire, avec l'OPAC du Finistère, du centre intercommunal d’animation et de loisir, un bâtiment désaffecté depuis vingt ans, situé face à la mairie. Puis le garage qui jouxtait le CIAL, également en friche, a été mis en vente. Nous avons alors sollicité l'établissement public foncier de Bretagne pour acheter ce garage et réaliser une étude urbaine globale, avec un chiffrage des coûts d'opération. » Munis d'un schéma d'ensemble et d'un calendrier des opérations, les élus saisissent une opportunité : le lancement en 2017 de l'appel à projets régional Dynamisme des bourgs ruraux, porté par la région Bretagne et l’État et soutenu par la Banque des Territoires. La commune bénéficie d’une subvention à hauteur de 300 000 euros pour les projets lauréats. « Ce sont cinq investissements, dont la création d'un dojo à l'étage de la cantine, la construction d'une halle, la démolition de ces deux friches et la construction du bâtiment maison médicale et logements. »
Un large partenariat pour mener un projet complexe
Pour mener à bien son projet, la mairie anime un comité de pilotage large avec Quimperlé communauté, le CAUE 29, l'EPF Bretagne, le département du Finistère, la Société d’aménagement du Finistère et Bruded (réseau breton d'échanges en développement local durable). « C'était important d'être entourés, car nous n'avions pas d'expertise pour mener seuls un projet d’une telle envergure », souligne la maire. Première étape : la démolition puis la dépollution de l'ancien garage. « Il fallait s'assurer que la parcelle anciennement polluée par l'activité du garage était prête à recevoir un projet. C’était une opération complexe, longue et stressante. Heureusement, elle a été mise en œuvre par l'EPF. »
Le temps long au service du projet
Pendant ce temps, les élus se forment aux sujets du changement climatique, de la sobriété foncière et progressent dans leur approche environnementale : le projet évolue. Un collectif d'habitants se constitue, refusant que l'ancien CIAL soit détruit. « Face à cette contestation, nous avons sollicité la Direction régionale des affaires culturelles, pour connaître la qualité architecturale du bâtiment, puis nous avons enclenché le débat. » Malgré l'absence de valeur architecturale, le conseil municipal décide de ne démolir qu'une partie de la friche pour permettre l'implantation du bâtiment neuf, la seconde partie sera rénovée. « C'est un bon compromis : tout démolir pour reconstruire n'était en effet pas le plus pertinent. Ça m'a aussi convaincue de l'intérêt du temps long pour un projet de cette ampleur : il faut savoir se poser pour remettre en question l'idée de départ, si besoin. » Des partenaires comme l'OPAC ont aussi « fait avec » : le premier permis déposé pour les logements date de 2013 !
Un bâtiment neuf exigeant sur le plan environnemental
Pour construire le nouveau bâtiment mixte « maison médicale et logements », la mairie a conclu une convention de co-maîtrise d'ouvrage avec l'OPAC du Finistère : « L'OPAC s'est chargé de construire l'ensemble du bâtiment, la mairie a pris en mains les espaces publics, explique la maire. À la livraison, l'OPAC nous a revendu l'espace de la maison médicale et nous lui avons vendu les places de parkings des logements. » Engagée en parallèle sur la construction d'une chaufferie bois, la mairie a veillé à ce que ce bâtiment soit raccordé à ce nouveau réseau de chaleur géré par la SPL Bois énergie renouvelable de Lorient et Quimperlé. « Avec l'intervention d'un même architecte pour le bâtiment mixte et notre chaufferie bois, nous avons pu plus facilement obtenir le label énergie positive bas carbone (E+C-). Les locataires et la maison médicale vont ainsi profiter d'une énergie propre et compétitive. »
Le devenir du projet débattu avec une résidence d'architectes
La dernière grande étape a démarré début 2024 : le choix du programme de la partie de l'ancien CIAL à rénover. « Avec le dispositif PAF du CAUE 29, nous avons profité de trois sessions de deux semaines de résidence d'architectes pour rencontrer les acteurs, tester des usages avec les habitants et décider d'un devenir partagé du bâtiment. » Le rez-de-chaussée accueillera un espace commercial : la mairie souhaite lancer un appel à projet pour une offre de restauration. L'étage sera aménagé en logement locatif communal. Ces deux projets devraient être lancés d'ici la fin de mandat. « Quand on regarde le chemin parcouru, jamais on n'aurait imaginé pouvoir aller si loin, se réjouit Anne Borry. On constate que les habitants ont envie de vivre dans notre centre bourg, qu'ils fréquentent les nouveaux espaces publics créés et la dynamique enclenchée bénéficie aux commerces existants. Aucun mètre carré réalisé n'est vide et nous avons d'autres demandes : il y a un effet boule de neige. Certes, c'est une opération complexe pour une commune de notre taille, mais bien accompagné en ingénierie, ça vaut le coup de se lancer ! »
Zoom sur les chiffres
Le coût global du projet développé via l'AMI Dynamisme des bourgs est de 2,83 millions d'euros HT, hors logements sociaux pris en charge par le bailleur social
Les subventions et participations financières couvrent 56,5 % de cette dépense. Elles sont réparties ainsi :
- État : 32,7 %
- région Bretagne : 17,7 %
- EPF de Bretagne : 12,3 %
- département du Finistère : 21,9 %
- Quimperlé communauté : 12,6 %
- SPL Bois énergie renouvelable : 2,2 %
- OPAC : 0,6 %
Pour les 43,5 % restants, le projet a été financé par la commune, grâce à des prêts et de l’autofinancement.
Commune d'Arzano
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