Le Point Ecoute Jeunes du Cap-Sizun, dernier-né d'une politique jeunesse pensée et mise en oeuvre avec les associations
Depuis le 18 septembre, le Point Ecoute Jeunes du Cap-Sizun a ouvert ses portes. Il vient compléter la palette des actions menées sur ce territoire du bout du Finistère (entre la pointe du Raz et Quimper) en direction de la jeunesse. Cette fois-ci, il s'adresse à une "niche" comme la définit Bertrand Vaidie, coordinateur Enfance Jeunesse de la communauté de communes du Cap-Sizun. A savoir des adolescents ou leurs parents en bute à des difficultés de type mal-être, alcoolisme, tension familiale, difficultés scolaires ou d'emploi, relations amoureuses, etc. "L'alcoolisme des jeunes est ici un problème récurrent qui touche des ados de plus en plus jeunes. Tout comme le suicide, qui reste très élevé", signale Bertrand Vaidie.
Le principe du Point Ecoute est d'offrir un espace anonyme, confidentiel et gratuit où chacun peut venir parler d'un problème plus ou moins grave avec un adulte. Les écoutants (des éducateurs spécialisés) les accueillent, avec ou sans rendez-vous (1), le troisième mardi du mois, à partir de 18 heures ; un horaire justement pensé pour coller aux emplois du temps des jeunes de 12 à 25 ans. "Il ne s'agit pas d'un lieu thérapeutique mais bien d'écoute, qui peut suffire pour désamorcer un problème, mais aussi où les jeunes pourront obtenir des conseils, voire être orientés vers un professionnel plus à même de traiter un problème plus aigu", détaille Bertrand Vaidie.
Un principe : le tout-associatif
Ce projet aurait pu voir le jour il y a plusieurs mois déjà. Mais sa maturation et sa conception dépendaient de l'engagement des associations sollicitées, en l'occurrence deux associations de prévention du suicide. Faute d'avancées, la communauté de communes en a repris les rênes, les élus se rangeant à l'idée qu'il valait mieux, sur ce type de projet, s'appuyer sur des professionnels plutôt que des bénévoles. Une exception à une règle qui a jusque-là conduit la politique Jeunesse de la communauté de communes. Car ici, "les élus ont un horizon incontournable : les associations !", prévient Bertrand Vaidie, qui laisse son président en expliquer la raison. "La mobilisation de l'ensemble des acteurs locaux, des familles, animateurs, jeunes est pour moi essentielle", défend ainsi Bernard Le Gall, président de la communauté de communes. "Ce partenariat entre la communauté de communes et les associations est la garantie d'une démarche réellement participative, qui en outre permet une réactivité aux attentes du territoire qui par essence évoluent sans cesse", ajoute-t-il.
Lorsque la communauté de communes a adopté en 2000 la compétence Enfance Jeunesse, entre le choix d'une gestion directe, en régie ou l'appui sur les associations locales pour développer des projets, elle a opté pour cette dernière voie. "Des associations intervenaient déjà sur l'enfance ou la jeunesse mais de manière fragmentée sur le territoire. Nous leur avons proposé de signer des conventions d'objectifs pluriannuelles pour élargir leur action, mieux les répartir entre nos communes et en développer de nouvelle pour étoffer l'offre", résume Bernard Le Gall.
Halte-garderie, halte itinérante, Relais assistantes maternelles, animations enfance (3/12 ans) et jeunesse (13/18 ans), toutes ces structures ou activités existant aujourd'hui et maillées entre les onze communes reposent sur quatre associations. Chacune bénéficie d'une convention d'objectifs pluriannuelle signée avec la communauté ; des conventions d'une durée de trois ans. "Cela me semble la condition pour assurer une lisibilité à moyen terme qui permet aux associations d'avoir une certaine sécurité et qui les encourage et les soutient dans leur effort de professionnalisation, tout en les laissant souveraines et donc en capacité de drainer davantage de bénévoles", assure Bernard Le Gall. Il en va ainsi de Cap Sizun animation (en charge des quatre centres de loisirs sans hébergement pour les 3/12 ans), passée de 1 à 6 salariés en six ans.
Crises de croissance !
"Ce partenariat demande plus d'espaces de négociations, de débats... et incidemment plus de temps que si nous montions directement des projets et qu'ils étaient ensuite soumis. Mais le résultat est à mon sens souvent meilleur !", reconnaît Bertrand Vaidie, au contact quotidien entre élus et associations. En contrepartie, la communauté veille à accompagner les associations qui peuvent rencontrer des problèmes. "Nous avons demandé un audit sur une association en charge des CLSH car nous avons ressenti des problèmes de fonctionnement aussi bien démocratiques que de management et financiers", cite Bertrand Vaidie. L'audit doit mettre chaque partenaire (EPCI, CAF, etc.) devant ses responsabilités. Car, comme le reconnaît Bertrand Vaidie, "la communauté porte sa part de responsabilité dans ces difficultés qui résultent d'une crise de croissance liée à leur fort développement, lui-même induit par nos objectifs", conclut-il.
Ces associations conventionnées siègent au sein du comité de pilotage (2) qui, depuis l'origine, travaille à la mise en place des politiques communautaires en direction de l'enfance et de la jeunesse. C'est de là que le projet de PAEJ est né, en réponse à la souffrance des jeunes, constatée par tous les acteurs.
Ce comité de pilotage valide les "aides aux projets" attribuées aux associations organisatrices d'activités à caractères sportifs, ludiques et culturels. Par ailleurs, dans le cadre de la mutualisation des moyens, il détermine le matériel à acquérir chaque année par la communauté de communes et mis à la disposition des associations du Cap-Sizun (sono, vidéo projecteurs, vélos, tentes, jumelles, caméscopes, appareils photos, console de jeux, rollers, kits initiation hockey, etc.).
Une politique propice au développement local ?
La prise de compétence enfance-jeunesse par la communauté de communes répondait à un enjeu aussi bien social que de développement local. L'offre de services de qualité et de proximité y faisait cruellement défaut sur l'accueil de la petite enfance et l'animation jeunesse pour répondre aux attentes des familles mais aussi en attirer de nouvelles. Or ici, 40% de la population a plus de 60 ans (une moyenne nationale de 20% environ). De même, alors que la pointe du Raz draine quelques 800.000 visiteurs par an, le déclin de population s'accentue à l'ouest (Audierne, Plogoff) tandis que l'est bénéficie de la proximité du bassin d'emplois quimpérois. Si certains élus affichaient leur scepticisme au fait que ce territoire vieillissant se préoccupe paradoxalement de sa jeunesse, les résultats confortent aujourd'hui ce choix. En cinq ans, la fréquentation des 2.300 enfants et jeunes de 0 à 18 ans a été multipliée par deux, 65% participent à au moins une activité proposée. Un effort que les élus ne souhaitent pas relâcher afin de satisfaire les jeunes ménages, alors que le marché foncier reste ici plus raisonnable qu'ailleurs !
(1) En cas de besoin, un rendez-vous peut être donné à un autre moment ou dans un autre lieu en contactant les écoutants par téléphone ou par mail.
(2) Le comité de pilotage se compose des élus des communes du Cap-Sizun, de partenaires institutionnels (Caisse d'allocations familiales, conseil général, Mutualité sociale agricole et direction départementale de la jeunesse et des sports) et des associations enfance jeunesse dites conventionnées.
Emmanuelle Stroesser, pour la rubrique Expériences des sites Mairie-conseils et Localtis
Communauté de communes du Cap-Sizun
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