Odyssée à Nantes : la réinsertion sociale par le logement (44)
Construire des logements sociaux en associant les futurs locataires à la réalisation d'une partie des travaux, c'est le pari réussi du projet Odyssée. Réalisé par le bailleur social Nantes Habitat et coordonné par le CCAS de Nantes, ce projet permet à six familles d'amorcer à la fois un parcours résidentiel vers le logement de droit commun et une dynamique de retour à l'emploi.
Livré en avril 2014, le projet Odyssée a été conçu sur le principe Insertion globale par le logement et l'emploi (Igloo) déjà mis en œuvre à Lille ou Mulhouse. Il permet à des personnes cumulant des difficultés économiques et sociales de retrouver progressivement un statut de locataire autonome en bénéficiant d'un accompagnement social et d'une dynamique de retour à l'emploi.
Le CCAS, pilote de la démarche aux côtés du bailleur et de deux associations
Sollicité par le bailleur social Nantes Habitat, le CCAS de Nantes a piloté ce projet expérimental. "Nous avons joué le rôle d'ensemblier dans cette démarche qui implique plusieurs partenaires", indique la chargée de mission du CCAS, Sophie Guillon-Verne. En effet, outre le CCAS et le bailleur social, deux associations ont été parties prenantes : l’Association insertion solidarité logement (AISL) sur le volet accompagnement social, et l’association Saint-Benoît-Labre au titre du chantier d'insertion.
Une fois le montage financier et partenarial validé, le projet est entré dans sa phase active à compter de septembre 2012. Un jury a sélectionné le concepteur-réalisateur sur des critères techniques et de motivation. "Un tel projet nécessite que tous les des acteurs soient acquis à la cause et convaincus de son utilité sociale", observe la chargée de mission du CCAS. Parallèlement, l’association AISL a embauché une animatrice sociale, avec un profil de conseillère en économie sociale et familiale. Elle a en charge le suivi des familles pendant trois ans.
Suivi collectif et individuel pour préparer l’entrée dans les logements
En janvier 2013, le CCAS a sélectionné six foyers volontaires : personnes seules, couples avec ou sans enfants, réfugiés politiques…. Durant trois ans, l'animatrice les a réunis une fois par mois : information sur les avancées du projet, visites de sites, écriture d'un journal... Elle a également mis en place des ateliers collectifs : gestion de l'eau, de l'énergie, gérer les relations avec le bailleur social ou la CAF. En parallèle, elle assurait un suivi individuel des familles. "Au sein du groupe de familles s’est créé une véritable solidarité qui ne peut s'obtenir qu'à cette petite échelle", observe-t-elle.
Chantier d’insertion : sur 9 mois à compter de septembre 2013
Un membre de chaque foyer - soit 6 adultes - a participé au chantier d'insertion économique, qui s’est déroulé en deux étapes. Après avoir été formés aux métiers de la peinture et de la faïence, les futurs locataires ont réalisé sur le site l'intégralité des faïences et peintures des logements, ainsi que les palissades en osier. Le travail, équivalent à celui de professionnels, est rémunéré.
Durant la phase de formation, des ateliers emplois, par exemple pour l’aide à la rédaction de CV, la préparation aux entretiens d’embauche, ont été organisés par l’association Saint-Benoît-Labre.
Accéder progressivement au statut de locataire de droit commun
Les locataires ont emménagé en avril 2014. Durant la première année, ils sont sous-locataires de l'AISL, dans le cadre de la procédure Accompagnement logement individualisée. En avril 2015, ils accèdent par bail glissant au statut de locataires directs auprès du bailleur social. L'animatrice du projet poursuit son accompagnement social et emploi jusqu'en février 2015 de manière à ce que les toutes les procédures soient opérés avec les différentes instances : CAF, APL ...
A la suite de cette expérience, le bailleur Nantes Habitat souhaite réaliser de nouvelles opérations Igloo. Il doit tout d'abord trouver des modes de financement pérennes qui ne nécessitent pas le montage financier lourd de ce projet expérimental (voir encadré). Le constructeur et son architecte prospectent également dans le département pour convaincre d'autres collectivités. Selon la chargée de mission du CCAS, "un tel projet peut tout à fait être mené en milieu rural : par exemple dans un projet de réhabilitation d'un logement municipal".
Odyssée : projet expérimental avec montage financier complexe
Trois dossiers financiers différents ont été déposés : un volet habitat, un volet emploi et un volet social. Le bailleur social Nantes Habitat a porté le volet habitat : 691.344 euros avec une aide Feder de 303.930 euros. L'association AISL s’est chargée du volet d'accompagnement social pour 131.132 euros avec une aide de 86.295 euros du FSE, le directeur mettant à disposition gratuitement ses compétences. L'association Saint-Benoît-Labre a porté enfin le volet emploi, sous forme de chantier d'insertion pour un coût de 79.970 euros dont 43.730 euros de FSE. Au total, le projet s'est monté à 902.446 euros dont 433.965 euros ont été pris en charge par l'Europe. Dernier point pour que cette opération voie le jour : la ville de Nantes a cédé au bailleur social un foncier à tarif préférentiel.
Claire Lelong pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info
Centre communal d'action sociale de Nantes
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