À Saint-Nazaire, le tourisme met le cap sur les fleurons de l’industrie (44)

En complément à Escal’Atlantic, un centre d’interprétation qui raconte l’histoire des paquebots construits à Saint-Nazaire entre le XIXe et le XXe siècle, Saint-Nazaire propose des visites de sites industriels en activité : les Chantiers de l’Atlantique, Airbus Atlantic, ou le Grand Port maritime.

Des paquebots transatlantiques de légende tels que le France, le Normandie, le Queen Mary 2, et plus récemment le gigantesque bateau de croisière Celebrity Beyond, qui a terminé ses essais en mer en février 2022, ont été construits par les chantiers navals de Saint-Nazaire. Depuis 160 ans, les chantiers navals conçoivent des vaisseaux, du design jusqu’à la livraison, et assurent leur maintenance. Cette industrie a périclité un temps, face à la concurrence de l’aviation, puis a trouvé un nouvel essor en se réorientant vers la construction de bateaux de croisière ou de frégates militaires. Les chantiers navals de Saint-Nazaire ont également transposé leurs savoir-faire liés à l’assemblage du métal au service de l’aviation et de l’éolien : Airbus est devenu le premier employeur local. C’est désormais la filière de l’éolien qui a le vent en poupe : des éléments « XXL » sont construits ici, notamment pour équiper le premier parc éolien en mer français, en cours d’assemblage sur le banc de Guérande, au large de Saint-Nazaire. La sous-station électrique qui permettra de transporter l’électricité produite par le parc éolien fait partie de ces pièces aux dimensions hors du commun.

Lieu de loisirs

« Après la Seconde Guerre mondiale, la ville s’est reconstruite en tournant le dos à son port où l’armée allemande avait érigé sa base sous-marine, explique Pierre Sabouraud, directeur de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme, l’Office de tourisme intercommunal de la Carene, la communauté d’agglo de Saint-Nazaire. Dans les années quatre-vingt, la municipalité s’est rendu compte qu’un grand vide urbain s’était créé autour de ce gigantesque et indestructible mur de béton. Elle a alors décidé de transformer la base sous-marine en un espace ouvert à la population, un lieu de loisir plutôt qu’un mémorial de mauvais souvenirs… C’est ainsi qu’est née l’idée d’un musée d’histoire de la ville.

Mais à l’époque, la collectivité ne disposait d’aucune collection… Le rachat d’un sous-marin pour 1 franc symbolique a semé la graine d’une réflexion qui a bien germé depuis : d’abord, présenter l’histoire de la construction des paquebots transocéaniques au travers d’Escal’Atlantic, un centre d’interprétation qui a ouvert ses portes en 2000. En 2013, l’espace a été enrichi par un dépôt d’objets de collection du Musée national des Arts décoratifs, issus d’une dation. Puis les élus ont proposé aux industriels du territoire d’ancrer ce tourisme dans le présent, en organisant des visites des Chantiers de l’Atlantique, des ateliers d’assemblage Airbus Atlantic et du Grand Port maritime.

Le tourisme autour de l’industrie sert l’ensemble du territoire

« Saint-Nazaire accueille chaque année 1 000 à 1 200 nouveaux habitants, explique Céline Girard-Raffin, 1re adjointe au maire, en charge de la citoyenneté et du tourisme, vice présidente de l’agglomération en charge du tourisme et présidente de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme. Des jeunes retraités attirés par l’effet littoral, mais aussi des familles des cadres et ouvriers spécialisés, comme des métallurgistes et des soudeurs, qui viennent travailler ici.

Les relations entre les élus et le tissu économique sont entretenues de longue date, elles sont d’ailleurs aujourd’hui mieux perçues qu’auparavant. L’industrie a souvent une image négative, surtout du fait de la méconnaissance de ce sujet par le grand public, et les industriels sont conscients qu’ils ne communiquent pas suffisamment sur leurs innovations. C’est pourquoi, à partir d’échanges permanents entre les acteurs, nous avons instillé une culture de partage et de mise en synergie de nos actions, avec des objectifs et des enjeux communs. Aujourd’hui le tourisme autour de l’industrie sert l’ensemble du territoire, et permet de diversifier l’offre de loisirs, au-delà des 20 plages de Saint-Nazaire et du marais de Brière. » Labellisée en 2020 Ville d’art et d’histoire, Saint-Nazaire conjugue ainsi passé et présent, histoire et développement économique.

Une convention de 3 ans, renouvelée depuis 20 ans

En année « normale » (hors covid), quelque 50 000 personnes visitent les 110 hectares des chantiers de l’Atlantique, 25 000 personnes le site d’Airbus, et 5 000 le port. Les billets coûtent 17 €, ou 25 € lorsqu’ils sont combinés avec la visite d’Escal’Atlantic. Mais attention ! Pas question d’entrer dans les navires en construction ni d’accéder aux secrets industriels. La visite se fait en autocar avec un guide, qui explique le fonctionnement et les productions des sites. « Les visites sont conçues en étroite collaboration entre nos équipes touristiques et les industriels, afin de déterminer quels messages faire passer, comment construire un parcours, quelles innovations mettre en avant », précise le directeur de Saint-Nazaire Agglomération Tourisme. « Depuis 20 ans, ce travail est contractualisé par une convention de 3 ans, renouvelée régulièrement. Depuis peu, nous avons créé un support souvenir distribué aux visiteurs qui présente aussi les offres d’emploi des entreprises. Nous créons et cultivons un sentiment de fierté autour de l’innovation et de l’aventure industrielle. » Précisons ici que si la fréquentation était assurée à 15 % par des étrangers avant la crise du Covid, ce sont surtout des habitants de la Bretagne et des Pays de la Loire qui viennent visiter ces sites.

L’Office de tourisme assure billetterie et communication

Côté pratique, c’est l’Office de tourisme qui assure la billetterie et centralise communication et marketing, en association avec d’autres services de la ville. Les guides suivent une formation de 3 à 6 semaines assurée en interne, et enrichie par des rencontres avec les entreprises. Celles-ci sont rétribuées par l’Office de tourisme.

Depuis quelques années, l’Office de tourisme mène un important travail de communication pour faire connaître les mille facettes de cette ville singulière située dans l’estuaire de la Loire. Les affiches Saint-Nazaire renversante sont placardées partout, et notamment au sein de la gare Montparnasse, à Paris.

Saint-Nazaire agglomération tourisme : les chiffres

L’office de tourisme intercommunal est une société publique locale (SPL), créée à l’initiative des deux actionnaires fondateurs que sont la ville de Saint-Nazaire et Saint-Nazaire Agglomération (Carene), afin d’adapter la mise en œuvre de la compétence tourisme selon la loi NOTRe et impulser une politique touristique et patrimoniale nouvelle.

Effectif : 65 équivalents temps pleins, dont 53 permanents, et 100 saisonniers (de Pâques à la Toussaint)

Saint-Nazaire agglomération tourisme – Office de Tourisme intercommunal

3 boulevard de la Légion d'Honneur BP 17
44 613 Saint-Nazaire
administration@saint-nazaire-tourisme.com

Céline Girard-Raffin

Présidente

Pierre Sabouraud

Directeur

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