Sud Estuaire mobilise ses habitants pour loger les saisonniers (44)

En mai, trois nouveaux saisonniers embauchés pour l'été dans une base de loisirs/wakepark vont pouvoir profiter d'un hébergement temporaire en colocation, pour 270 euros par mois et par personne, un loyer abordable, au sein d'une résidence secondaire non occupée. Proposé par Adelis, spécialiste de l'habitat jeunes en Loire-Atlantique, le dispositif de mise en relation entre saisonniers et logeurs, est financé par la communauté de communes de Sud Estuaire (44), en partenariat avec sa voisine de Pornic Agglo. Il profite également aux stagiaires et apprentis de moins de 30 ans.

Loger les saisonniers : une obligation des stations de tourisme

Depuis la loi Montagne II, toute commune touristique se doit d'agir en faveur du logement des saisonniers, par convention avec l’État. « En 2020, nous avons mené un diagnostic sur la situation de dix-sept communes du littoral Atlantique, en inter-EPCI, explique Jean-Marc Lassave, directeur général adjoint à Sud Estuaire. Il a permis d'élaborer un plan d'actions contractualisé avec l’État et Action Logement sur notre territoire pour 2022-2024. » Parmi les outils identifiés, le dispositif d’Hébergement temporaire chez l'habitant (HTH) a été confié à Adelis. « Nos voisins de Pornic Agglo géraient déjà une offre en régie sur leur territoire depuis dix ans et Adelis était en train de construire quatre Résidences habitat jeunes sur nos secteurs, dont deux sur Sud Estuaire. Nous avons décidé de contractualiser ensemble avec ce partenaire et élargir le dispositif à notre collectivité. »

Des montants abordables

« Adelis a pour mission de créer une dynamique d'hébergeurs sur notre territoire et mettre en lien saisonniers, stagiaires ou apprentis avec les logeurs volontaires », précise le DGA. Un guichet numérique unique centralise la demande d’HTH et des résidences Habitat Jeunes Atlantique. Pornic Agglo et Sud Estuaire financent un poste dont le titulaire se consacre à l’Hébergement temporaire chez l’habitant. Sa mission est de rencontrer les hébergeurs, visiter leur logement, récolter les demandes, échanger avec les futurs hébergés, établir la mise en relation hébergeurs/hébergés et enfin, faire connaître le dispositif sur le territoire. 

L'hébergeur propose généralement sa résidence principale mais les résidences secondaires peuvent aussi être mobilisées (via un bail mobilité). Dans tous les cas, les propriétaires s'engagent sur un loyer plafonné, dit « solidaire ». Sud Estuaire travaille aux côtés d’Adelis pour faire connaître l'offre et trouver des logeurs : articles dans les magazines municipaux ou communautaires, conférences de presse, lors de la présentation de la saison touristique, des jobs dating... « La première année, nous avons imprimé la communication sur les emballages des boulangers et nous avons trouvé ainsi nos premiers logeurs ! »

Un dispositif souple et gratuit, mais une offre qui diminue l'été

Le dispositif est souple pour l'hébergeur : il peut préciser des périodes où il ne souhaite pas louer son logement. « En ce moment, nous avons une quinzaine d'hébergeurs sur le territoire, souvent des plus de 50 ans ou des seniors, explique le DGA. Mais l'offre diminue l'été, quand la demande saisonnière augmente : certains accueillent leur famille, d'autres partent en vacances ou louent en meublé touristique, plus lucratif. » Sud Estuaire multiplie donc les pistes : les 26 studios des deux résidences Habitat Jeunes Atlantique ouvertes en 2023 à Saint-Brévin et Saint-Viaud constituent aussi une solution, d'autant ces résidences sont gérées par Adelis. « Avec un bailleur social, nous avons aussi tenté le bail court ou l'hébergement solidaire intergénérationnel par des locataires, note le DGA. Mais ça n'a pas pris. » Autre tentative, réserver des bungalows en campings : « La dynamique des chantiers navals de Saint-Nazaire, tout proches, fait que ces hébergements sont déjà largement réservés par des travailleurs détachés. » Enfin, Sud Estuaire a essayé d'utiliser les structures d'enseignement (CFA, lycée professionnel...) qui sont vides l'été, sans succès : « Leur statut d'Établissement recevant du public de catégorie 5, avec locaux à sommeil, nous oblige à une surveillance humaine permanente au coût bien trop élevé ! »

Un levier intéressant, qui doit encore prendre son envol

L’Hébergement temporaire chez l'habitant a concrètement permis d’héberger douze travailleurs temporaires en 2024 et cinq en 2023. « Le dispositif demande donc à mieux s'installer, nous n'en sommes qu'aux prémices, reconnaît le DGA. Pornic Agglo, après dix ans d'existence et avec un territoire deux fois plus peuplé, compte près de 70 hébergeurs pour 47 saisonniers ou apprentis effectivement logés en 2024. » Sud Estuaire et Adelis poursuivent donc la collaboration pour trois ans supplémentaires et cherchent à muscler la communication : rencontre des employeurs, intervention en CFA, mobilisation des locataires qui peuvent aussi héberger avec accord de leur propriétaire... « L’Hébergement temporaire chez l'habitant reste pour nous un levier majeur, une réponse solidaire du territoire et de ses habitants à l'enjeu du logement saisonnier. »