Extension de l'aéroport de Lille : deux recours déposés par des associations
Les associations Nada (Non à l'agrandissement de l'aéroport de Lille Lesquin), Nord nature environnement (NNE), et France nature environnement Hauts-de-France ont déposé deux recours devant le tribunal administratif de Lille pour contester l'autorisation environnementale délivrée cet été par le préfet du Nord et de la région Hauts-de-France dans le cadre du projet d'extension de l'aéroport de Lille-Lesquin, ont-elles annoncé ce 7 novembre.
Un premier recours au fond vise à "faire annuler cette décision" et un second recours en référé (une procédure en urgence) à "suspendre son exécution" très rapidement, en raison de "l'imminence d'un forage-test" qui pourrait débuter en novembre, a détaillé leur avocate, Maître Muriel Ruef, lors d'une conférence de presse.
Si les maires des communes concernées ont refusé d'accorder les permis de construire, ce forage-test, qui vise à étudier la possibilité d'équiper l'aéroport d'un système de chauffage par géothermie, "n'en a pas besoin pour commencer", a-t-elle expliqué. Selon elle, l'autorisation environnementale est entachée d'illégalité, notamment parce qu'elle "protège insuffisamment la ressource en eau", la nappe de la craie, dont dépend 40% de l'eau distribuée dans la métropole européenne de Lille (MEL). Cette nappe "est déjà polluée par l'aéroport, selon l'expert hydrogéologue, et on va aggraver cette pollution en imperméabilisant plusieurs hectares" et via des forages, a-t-elle déploré.
Les associations soulèveront aussi devant le tribunal "l'insuffisance de l'étude d'impact et des prescriptions" du préfet du Nord, des arguments concernant "la qualité de l'air, la santé humaine, le bruit" ou encore "l'impact du changement climatique sur le projet (qui n'a pas été) étudié". Maître Ruef dénonce un "projet d'un autre âge, à l'heure où 40% du trafic de cet aéroport, ce sont des vols Lille-Lyon, accessibles en train". "Ce projet est anachronique, inutile, ne répond pas aux attentes des habitants. Notre pétition recueille aujourd'hui 14.000 signatures. Malgré tout, l'État veut passer en force", a dénoncé Pascal Verbeke, porte-parole de Nada. Il a appelé les propriétaires de l'aéroport, la MEL et la Région Hauts-de-France, toutes deux "engagées dans des plans de respect de l'eau, de l'air, de réduction des émissions de gaz à effet de serre", à "reconnaître l'inutilité de ce projet". "Le gouvernement français a été déjà condamné pour inaction climatique dans la diminution des gaz à effet de serre. Avec Lesquin, on va encore les augmenter", a lancé Alain Vaillant, président de NNE.
Le ministre délégué aux transports, Clément Beaune, a de son côté réagi lundi, estimant que "sans remettre en cause ce projet de modernisation, très important pour toute la région", "des mesures de protection supplémentaires" pouvaient être prises pour "répondre aux inquiétudes".