Filière châtaigne sèche ardéchoise : une intercommunalité se mobilise (07)

Il a fallu 10 ans à la communauté de communes du Pays de Beaume Drobie pour concrétiser ce projet consistant à réaliser un atelier de transformation de châtaignes. Au-delà du soutien aux catanéiculteurs porteurs du projet, c'est une filière économique qui se met en place. La chambre d'agriculture de l’Ardèche et le parc naturel régional des Monts d’Ardèche ont apporté leur expertise à l’élaboration de ce projet.

Le projet de construire, sur la commune de Rocles, un atelier dans lequel les châtaignes peuvent être triées et, pour les petites variétés, transformées en farine, remonte à loin. En 2004, la communauté de communes du Pays Beaume Drobie (19 communes, 8.093 habitants) réalise une première étude qui n'aboutit pas. En 2008, le dossier est repris par des producteurs de châtaignes rassemblés dans une coopérative d'utilisation de matériel agricole (Cuma), "Envie de châtaignes".

Des producteurs organisés autour d’un projet de développement de filière

Les producteurs de la coopérative font valoir leur organisation et leur capacité à développer une nouvelle filière économiquement viable grâce à un tel atelier qu’ils veulent doter d'un matériel performant : trieuse optique pour différencier les calibres, chambres froides pour conserver les châtaignes. La filière châtaigne d'Ardèche, qui s'est construit une réputation d’excellence à travers les châtaignes grillées et les marrons glacés, va ajouter une corde à son arc en produisant de la farine. Tous les fruits pourront ainsi être valorisés, et non pas seulement les plus beaux.

Engagement de la communauté de communes

Suite à la réalisation en 2010 d’une étude de faisabilité et de programmation, la communauté de communes décide en 2011 d’engager l’opération. Objectif : construire un atelier de transformation, de conditionnement et de stockage de farine de châtaignes sèches d’environ 400 m2 de plain-pied. L’intervention de la communauté de communes a pour but de contribuer au développement et à la structuration de la filière châtaigne sur son territoire en soutenant les porteurs de projets. Une fois construit, l’atelier sera mis à disposition de la Cuma par la communauté de communes, dans le cadre d’un bail administratif de location. Ce projet agricole collectif est accompagné par la chambre d’agriculture de l’Ardèche.

Montage financier du projet avec les membres de la Cuma "Envie de châtaignes"

En septembre 2013, à l’issue de l’analyse des réponses à l’appel d’offres, l’opération est estimée à environ 466.000 euros : achat du terrain, études opérationnelles, conduite d'opérations et travaux proprement dits. L'Etat, à travers le pôle d’excellence rural, s'engage à verser 104.000 euros, la région Rhône-Alpes 55.540 euros, et le conseil général de l’Ardèche 21.750 euros. Dès lors, la limite de 40% d'aides publiques est atteinte. La communauté de communes, propriétaire du futur bâtiment, contracte un emprunt pour la construction de celui-ci Les annuités seront payées par les loyers versés par la Cuma, qui se charge de l’acquisition du matériel de conservation et de transformation. "Nous avons avancé doucement, explique Hubert Lepoitevin, vice-président de la communauté de communes en charge du développement économique. Actuellement, la coopérative ne compte que six membres, ce qui est un peu juste pour garantir le paiement des loyers. Pourtant nous avons décidé de prendre ce risque afin de soutenir les catanéiculteurs, et plus globalement la filière châtaigne sèche en Ardèche." Les porteurs du projet, les représentants de la communauté de communes, de la chambre d'agriculture et du parc naturel régional des Monts d’Ardèche, rassemblés dans un comité de pilotage informel, se réunissent régulièrement pour suivre l’évolution du projet et évaluer son avancée vers l’équilibre économique. Notamment pour s’assurer que le paiement des loyers peut être assuré.

Changement du label et élargissement des débouchés

Grâce à l'adoption du label Appellation d'origine protégée (AOP), la Cuma a pu contractualiser avec un distributeur de produits biologiques, ce qui élargit les débouchés. Ce label a également modifié les obligations imposées par le label Appellation d'origine contrôlée (AOC) : dorénavant, la mise en sachet sur le lieu de production n’est plus imposée, et le distributeur peut se charger de cette étape dans ses locaux.

Montée en charge : l’appui de la communauté de communes

Le comité de pilotage donne trois ans à la Cuma pour commencer à atteindre l’équilibre économique. Durant la saison 2014, les six catanéiculteurs doivent produire 22 tonnes de farine de châtaigne, en 2016, si tout va bien, cinq nouveaux membres devraient les rejoindre et à 11 ils devraient produire 41 tonnes. "Avant le lancement opérationnel, nous avions peu communiqué, en 2014 nous prévoyons de mener une campagne d’information auprès des catanéiculteurs de façon à ce que de nouveaux membres rejoignent la Cuma "Envie de châtaignes", explique Christine Rambert, technicienne à la communauté de communes.

Dans ce contexte de mobilisation locale, les différents partenaires, qui travaillent sur ce projet depuis près de dix ans, sont confiants.

Luc Blanchard, Studio Graph, pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

Communauté de communes du Pays de Beaume Drobie

Nombre d'habitants :

8093

Nombre de communes :

19
BP 30 Montée de Chastelanne
07260 Joyeuse

Hubert Lepoitevin

Vice-président en charge du Développement Économique

Christine Rambert

Agent

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