Archives

A flux tendu, les sapeurs-pompiers attendent plusieurs confirmations

Les récentes déclarations d'Emmanuel Macron sur la sécurité civile, le 6 octobre, ont été accueillies avec satisfaction par la Fédération nationale des sapeurs-pompiers qui tient son congrès à Ajaccio cette semaine. Qu'il s'agisse du grand plan pour le volontariat ou de la préservation du maillage des casernes, ces annonces pourraient être confirmées par les interventions de Jacqueline Gourault et Gérard Collomb, vendredi et samedi.

Investissement des Sdis en chute libre, stagnation du nombre de volontaires et, pour la première fois cette année, baisse du nombre de professionnels... A flux tendu, les sapeurs-pompiers ont entamé leur congrès annuel, ce mercredi à Ajaccio, avec l'espoir de voir enfin se concrétiser quelques-unes de leurs revendications fortes. "Une difficile équation s'impose depuis de nombreuses années aux sapeurs-pompiers : faire toujours plus avec toujours moins", s'inquiète la Fédération nationale des sapeurs-pompiers de France (FNSPF) face à l'augmentation des sollicitations, qu'il s'agisse des accidents domestiques, des feux de forêts ou, de plus de plus, des cyclones… Sans parler des attentats. Entre 2010 et 2016, le nombre d'interventions a fortement augmenté (+7,8%) avec des effectifs moindres (-1,4%). Dans le même temps, l'investissement des Sdis a chuté de 800 à 540 millions d'euros (-33%). Depuis des années, la fédération présidée par le colonel Eric Faure alerte contre cet "effet ciseau" qui risque de mettre à mal le modèle français de sécurité civile reposant pour une grande part sur le volontariat (les volontaires constituent 80% des 247.000 pompiers de France). De fait, en six ans, le temps d'intervention a augmenté en moyenne d'une minute (13mn13, contre 12mn05), avec d'importants écarts d'un département à l'autre. Il varie ainsi du simple au triple entre Paris et un département comme l'Eure-et-Loir.
Au printemps dernier, la fédération avait interpellé les candidats autour de 32 propositions pour redresser la barre dans les cinq ans à venir, alors que le précédent quinquennat a pêché par manque d'ambition. L'objectif fixé en 2013 de repasser au-dessus de 200.000 volontaires est resté vain (on est toujours à 194.000), malgré quelques facilitations apportées, comme la possibilité pour les volontaires d'occuper un logement social près de leur caserne. 

Maillage territorial

Dans ce climat d'incertitudes, Emmanuel Macron, a suscité de nombreux espoirs, le 6 octobre, lors de ses "remerciements aux forces mobilisées contre les feux de forêts et les ouragans", saluant "l'extrême professionnalisme" des pompiers lors des récentes crises. "Le président de la République a annoncé l'ouverture d'une grande réflexion pour rétablir un plan d'action d'envergure, ambitieux et innovant pour le développement du volontariat", se félicite la fédération. Le chef de l'Etat a aussi confirmé l'achat de six bombardiers d'eau et soutenu l'objectif de former 80% de la population aux premiers secours, d'unifier la réception des appels d'urgence (15, 17, 18, 112...) et de créer une force européenne d'intervention. D'anciennes revendications de la fédération. Emmanuel Macron a également assuré que le "maillage territorial" des casernes devait être "préservé". Les 7.000 centres d'incendie et de secours "permettent une action rapide et efficace auprès de la population", constituent "autant de guichets" de recrutement de volontaires, souligne la fédération qui, dans ses 32 propositions, demandait un moratoire sur les fermetures. Sur ce point, François Hollande entretenait une certaine ambiguïté : l'engagement pour le volontariat de 2013 prévoyait bien de pérenniser ce maillage, mais, il ajoutait : "hormis les fermetures inévitables décidées après concertation". Et lors du congrès de Tours en 2016, l'ancien chef de l'Etat avait indiqué que la carte des casernes devait être "vivante". Entre 2006 et 2016, 850 casernes ont fermé…
La fédération attend aussi de ce congrès une clarification du rôle entre l'Etat et les collectivités dans la gouvernance des Sdis et leur financement.
Alors que l'île de Beauté a été durement touchée par les incendies cet été, le lieu se prêterait à un geste fort. Les interventions de Jacqueline Gourault, vendredi, et de son ministère de tutelle et Gérard Gollomb (Intérieur), samedi, sont attendues avec d'autant plus d'impatience.