Fonds chaleur : près de 1.350 nouvelles installations et 384 km de réseaux financés en 2024
Avec 820 millions d’euros de dotation l’an dernier, le Fonds chaleur a financé près de 1.350 installations, produisant 3,6 TWh/an de chaleur renouvelable et de récupération, selon le bilan dressé ce 17 juillet par l’Ademe, qui en assure la gestion.

© @EmmWargon
Alors que la loi de transition énergétique pour la croissance verte de 2015 a fixé un objectif de 38% d'énergies renouvelables (EnR) dans la consommation finale de chaleur en 2030, les besoins de chaleur, qui représentent aujourd’hui 43% de la consommation d’énergie en France, sont encore majoritairement couverts par des énergies fossiles, carbonées et importées (gaz, fioul, charbon).
Mais la part de chaleur renouvelable et de récupération en France métropolitaine augmente (24% en 2021, 27,2% en 2022, 29,6% en 2023) et le Fonds chaleur, que l’Ademe gère depuis 2009, contribue à la croissance de la production de chaleur renouvelable, souligne l’Agence de la transition écologique en présentant ce 17 juillet le bilan 2024 du Fonds.
Pour rappel, ses aides soutiennent les réseaux de distribution et les installations de production de chaleur et de froid renouvelables et de récupération (EnR&R), afin d’alimenter habitat collectif, collectivités et entreprises.
Aides à l'investissement et à l'accompagnement de projets
Doté l’an dernier d’une enveloppe de 820 millions (en hausse de 36% par rapport à 2023), entièrement engagée, le Fonds chaleur a financé, en 2024, la construction de près de 1.350 installations. Ce nombre important reflète "la montée en puissance des contrats chaleur renouvelable accompagnant de nombreux projets de petite taille, principalement à partir de biomasse, mais avec en 2024 une forte croissance des projets de géothermie", souligne l’Ademe.
L’an dernier, le Fonds chaleur a encore majoritairement subventionné des investissements (701,5 millions d’euros d’aide pour plus de 1,9 milliard d’euros d’investissement dans des installations EnR&R), ainsi que l’accompagnement de projets à travers des études, de l’animation, le fonds de garantie géothermie, ainsi qu’un dispositif de prêts bonifiés pour les logements sociaux en partenariat avec la Banque des Territoires.
Concernant les aides à l’investissement, les réseaux de distribution de chaleur représentent l’un des premiers postes du budget : 218,7 millions d’euros ont permis de financer 384 km de réseaux. Les aides aux chaufferies biomasse ont représenté 328,2 millions d’euros, celles aux géothermies (surface et profonde) 110,9 millions d’euros, et celles aux équipements de récupération de chaleur fatale 13,4 millions d’euros. Le solaire thermique et les équipements de valorisation du biogaz par injection au réseau, se sont vu attribuer respectivement 9,4 millions d’euros et 20,8 millions d’euros.
Biomasse énergie toujours en tête
Les projets ayant bénéficié des aides à l’investissement du Fonds chaleur 2024 permettront de produire 3,6 TWh/an de chaleur renouvelable et de récupération additionnelle. C’est la biomasse énergie qui contribue le plus à cette production de chaleur (68%), suivie par la géothermie (16%) puis par la récupération de chaleur fatale (8%) la méthanisation (8%) et le solaire (0,3%). Les émissions annuelles évitées par ces nouvelles installations s’élèvent à environ 805.750 tCO2/an.
En moyenne, pour les projets aidés par le Fonds chaleur en 2024, le coût d’abattement moyen de la tonne de CO2 a été de 51 euros d’aide/tCO2 évitée et le ratio entre le budget total du Fonds chaleur et la production additionnelle attendue sur 20 ans a atteint 11,4 euros/MWh, contre environ 10,7 euros/MWh en 2023. Sur le périmètre des projets d’investissements, l’efficience est stable par rapport à l’année précédente (9,7 contre 9,5 euros/MWh/20 ans en 2023).
"En 2024 a été systématisée à tout le territoire la démarche EnR’Choix, consistant à prioriser, dès que cela est possible, la récupération de chaleur fatale, puis la géothermie et le solaire thermique, enfin le recours à la biomasse, souligne l’Ademe. Toutefois, la biomasse domine toujours dans le bilan en raison de la temporalité de montages des projets et de certaines contraintes techniques (notamment les régimes de température des réseaux)".
"Depuis 16 ans, le Fonds chaleur a permis d’aider plus de 10.000 installations d’énergies renouvelables et de récupération (EnR&R) dont 4.550km de réseaux de distribution grâce à 5,1 milliards d’euros d’aides, ayant généré près de 16 milliards d’euros d’investissements, rappelle l’Agence. Cela représente près de 50 TWh/an de production additionnelle d’EnR&R, équivalent de la consommation de chaleur d’environ 5 millions de logements, et environ 2,5 milliards d’euros/an d’économie sur la balance commerciale (en comparaison du gaz qu’il aurait fallu importer pour produire cette chaleur en l’absence de ces projets)".
Financements additionnels pour l'industrie
De plus, les programmes France Relance, France 2030 et le Fonds Planification Ecologique ont permis d’accompagner la production de chaleur à partir de biomasse pour la cible industrielle à hauteur de 8,6 TWh/an, souligne l’Ademe qui indique que le bilan cumulé de l’ensemble de ces dispositifs conduit à une production thermique additionnelle de 57,6 TWh/an.
En 2024, les financements attribués aux entreprises à travers l’appel à projets Biomasse Chaleur Industrie Agriculture et Tertiaire (BCIAT) se sont élevés à 165,8 millions pour 31 installations et une production de chaleur de 1,78 TWh/an permettant l’équivalent de 392.000 tonnes de CO2 évités par an et celles de l’appel à projets Biomasse Chaleur Industrie du Bois (BCIB) ont atteint 43,3 millions d’euros pour 11 installations, et une production de chaleur de 0,253 TWh/an permettant l’équivalent de 56.000 tonnes de CO2 évités par an.
L’an dernier, l’ensemble des aides du Fonds chaleur, de France 2030 et du Fonds Planification Ecologique consacrées à la chaleur renouvelable ont permis d’accompagner près de 1.400 projets, qui permettront une production de chaleur EnR&R de plus de 5,64 TWh/an, permettant l’équivalent de 1.250.000 tonnes de CO2 évités par an. Pour un montant d’aide de 1.030 millions d’euros, le ratio est de 9,1 euros/MWh produit sur 20 ans ou 41,1 euros/tCO2évitée sur 20 ans.
Nouvelles priorités en 2025
En 2025, le budget du Fonds chaleur a été maintenu à 800 millions d’euros avec de nouvelles conditions d’éligibilité visant à aider un maximum de projets et à réaliser des "priorisations" selon l’Ademe. "Compte tenu des enjeux sur la disponibilité de la ressource en biomasse et en particulier de tensions sur les plaquettes forestières dans certaines régions, la démarche de priorisation des EnR&R est renforcée, et la diversification des plans d’approvisionnement en biomasse est encouragée, souligne ainsi l’Agence. La biomasse énergie restera néanmoins importante notamment pour des usages à haute température."
Autres axes prioritaires : le développement de la géothermie profonde et de surface, avec la mise en œuvre du plan d’actions lancé en février 2023 par l’Etat, du solaire thermique (un appel à projets "grandes installations solaires thermiques" principalement pour l’industrie ou les réseaux de chaleur sera relancé d’ici la fin de l’année) et de la récupération de chaleur fatale. Enfin, les travaux se poursuivent sur les modalités de couverture des risques inhérents à la récupération de chaleur fatale industrielle. En 2024, 23 projets ont été accompagnés, représentant une production annuelle de près de 93 GWh.
Pour 2026, la ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, a affirmé lors d’une audition au Sénat ce 17 juillet que le Fonds chaleur serait maintenu.