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Fragilités territoriales et leviers d’action : le regard des habitants

L’Observatoire des partenariats porté par le Rameau a présenté le 1er octobre son étude "Impact-Citoyens" sur la façon dont les Français perçoivent les fragilités de leur territoire. Si l'emploi et le niveau de vie apparaissent prioritaires, ils sont suivis de près par les enjeux de sécurité, de mobilité et d'environnement. Sur les réponses à apporter à ces difficultés, les habitants sondés plébiscitent l'action collective et les alliances entre acteurs, plus que les normes. Quant au cadre de référence commun, les objectifs de développement durable sont encore peu connus. 

Réalisée par Comisis et OpinionWay pour l’Observatoire des partenariats, l’étude Impact-Citoyens a été présentée le 1er octobre 2019 à l’Assemblée nationale. Fondé en 2008 par le Rameau et la Caisse des Dépôts en partenariat avec le Medef et le Mouvement associatif, l’Observatoire des partenariats vise à "qualifier les enjeux des relations partenariales, identifier les pratiques innovantes et suivre l’évolution des dynamiques d’alliance en France".

Comme en 2015, un échantillon représentatif de la population française a été interrogé sur sa perception des fragilités sur son territoire (échantillon de 2.400 personnes en 2019). Les problématiques d’emploi (pour 6,4 Français sur 10) et de niveau de vie (6,3/10) arrivent en tête des fragilités vécues comme les plus importantes. Suivent de près les problématiques de sécurité (6/10), de mobilité, d’environnement, de développement économique et de transition énergétique (5,9/10 chacun). Entre ces sept items, les variations sont faibles "et autorisent à rappeler qu’en 2019 - comme en 2015 - les domaines s’entrechoquent et créent ensemble une palette faite de problématiques quotidiennes pesant sur le moral des Français", peut-on lire dans l’étude. Les fragilités liées à la pauvreté, au vieillissement et à la santé arrivent un peu après (5,8/10 chacun).

"La dimension économique demeure la priorité des priorités"

"La préoccupation mobilité-transports est remontée depuis 2015", a noté Anne Robin, directrice scientifique des études de l’Observatoire des partenariats et fondateur associé chez Comisis. Autre enjeu qui a pris de l’importance : la transition énergétique.

Certaines variations sont observées entre les régions, dont les habitants peuvent mentionner moins de fragilités par rapport à la moyenne nationale – comme dans les Pays de la Loire et en Bretagne – ou au contraire davantage – en particulier dans les régions Centre, Bourgogne-Franche-Comté et Grand Est. Les fragilités liées à l’environnement-pollution-biodiversité sont aussi perçues de façon plus accrue (6,7/10) en région parisienne. Le 30 octobre prochain, l’Observatoire des partenariats publiera son étude "Impact-Territoires" analysant à travers une série d'indicateurs ces fragilités dans les 13 régions métropolitaines.

Interrogés sur les domaines à actionner en priorité pour réduire ces fragilités sur leur territoire, les Français sondés ont majoritairement choisi la dimension économique (35% d’entre eux l’ont classée en première position, 24% en deuxième) et la dimension sociétale * (28% en premier, 36% en deuxième), avant les domaines social (21% en premier, 27% en deuxième) et environnemental (16% en premier, 13% en deuxième). "On observe une poussée de la dimension sociétale mais la dimension économique demeure la priorité des priorités", a commenté Anne Robin.

Un "devoir d’alliance" entre collectivités, entreprises et associations

Trois leviers de mobilisation du territoire étaient ensuite proposés aux sondés, qui ont plébiscité le "projet d’action en commun" (48%), avant la "vision partagée des enjeux et des fragilités" (32%) et les "règles et normes" (20%). "Pour réduire les fragilités d’un territoire", l’action collective est ainsi jugée plus efficace que les deux autres leviers.

Quant aux échelles d’action jugées pertinentes, les niveaux local (33%) et national (30%) sont choisis en premier, avant le niveau régional (23%) et bien loin devant les niveaux européen et mondial (7% chacun). Pour plus de 80% des Français interrogés, collectivités territoriales, entreprises et associations doivent travailler ensemble pour réduire ces fragilités. Près de la moitié estime toutefois que ces alliances sont actuellement insuffisantes. "Plus que jamais, le devoir d'alliance est réaffirmé", a insisté Charles-Benoît Heidsieck, président du Rameau, rappelant que la mission du "laboratoire d’innovations partenariales" consiste justement à soutenir la mise en œuvre de ces alliances.

Les ODD ne suscitent pas encore beaucoup d’intérêt

"Vous sentez-vous personnellement engagé(e) au service de votre territoire ?" La réponse à cette question varie selon les sphères d’engagement : oui pour près de la moitié des sondés "en tant que consommateur", oui pour seulement 30% dans la sphère du travail ou "en tant que citoyen" ou encore 28% "en tant que bénévole dans une association d’intérêt général".

Alors que la nouvelle feuille de route française pour l'Agenda 2030 vient d'être présentée (voir ci-dessous notre article du 23 septembre 2019), l’étude a enfin été l’occasion de tester la notoriété des objectifs de développement durable (ODD), qui s’avère encore insuffisante puisqu'un Français interrogé sur deux dit ne pas en avoir entendu parler. Parmi ceux qui en ont entendu parler, 30% indiquent ne pas s’y intéresser et 29% s’y intéresser "peu". "Il y a un effort de pédagogie à réaliser collectivement sur les ODD", en a conclu Anne Robin. À travers la valorisation de son réseau de "catalyseurs territoriaux", le Rameau entend toutefois démontrer que "les organisations publiques et privées sont déjà à la manœuvre sur les territoires pour répondre aux défis des ODD".

* La dimension sociale renvoie ici au vaste ensemble : éducation, santé, sécurité/délinquance, mobilité/transports, accès au numérique, culture/loisirs. Tandis que la dimension sociale renvoie à : pauvreté/lutte contre l'exclusion, mal logement, isolement/manque de lien social, diversité/handicap, vieillissement/inter-génération.