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Frais d'accès aux études, bourses étudiantes : la France peut mieux faire

A l'heure où l'on parle beaucoup de la situation des étudiants souvent compliquée par la crise sanitaire, une étude de la Commission européenne détaille les montants des frais de scolarité des études supérieures dans les pays européens ainsi que les données concernant les bourses aux étudiants. La France ne figure parmi les pays les plus généreux ni pour les uns ni pour les autres. 

Dans quels pays européens les frais de scolarité des études universitaires sont-ils les plus bas ? Où les étudiants touchent-ils le plus d'aides ? Une étude récente de la Commission européenne répond à ces questions… où l'on apprend que la France n'est pas particulièrement bien placée.
Selon l'étude, les étudiants français déboursent 262 euros par an durant le premier cycle d'études (L1 à L3) dans les universités et instituts d'enseignement supérieur publics (à l'exception des grandes écoles) et 335 euros par an durant le second cycle (M1 et M2). Dans les deux cas, il s'agit à la fois du montant maximum et du montant le plus répandu : 66% des étudiants se doivent de l'acquitter. Ces frais se composent des droits d'inscription (170 euros dans le premier cycle, 243 euros dans le second cycle) mais aussi d'une contribution à la vie étudiante et de campus (CVEC) pour les activités sociales, culturelles et sportives, ainsi que de l'assurance de santé.
La France fait ainsi partie des 24 pays qui ont pour principe le paiement des frais d'inscription pour le premier cycle d'études supérieures à l'université publique, tout en appliquant des exemptions de frais à certains étudiants. Sur les 43 pays étudiés, sept n'appliquent aucun frais tandis que douze font payer tous les étudiants sans exception. En termes de montant, la France est dans la moyenne européenne, avec des frais compris entre 101 et 1.000 euros annuels. Parmi les pays où le premier cycle est gratuit, on retrouve les pays scandinaves (à l'exception de la Norvège). À l'inverse, le Royaume-Uni (à l'exception de l'Écosse) et la Norvège appliquent des tarifs moyens supérieurs à 3.000 euros par an. Dans le second cycle, les frais payés par les étudiants sont le plus souvent semblables à ceux du premier cycle.

Le BTS, une exception française

En matière de frais de scolarité, les cycles courts font figure d'exception à plusieurs titres. En effet, seule une petite majorité de pays (24) en propose. En France, ces frais ne concernent que 24% des étudiants, une proportion trois fois moindre que dans les cycles longs. L'explication : si les IUT sont soumis à des frais de scolarité, ce n'est pas le cas des BTS qui sont hébergés dans des lycées publics.
Ces différences de frais ont des explications diverses selon les pays. Certains les établissent selon le coût réel des études. D'autres modulent selon leur souhait d'attirer des étudiants dans telle ou telle filière. D'autres encore augmentent les tarifs selon que l'on s'inscrit pour la première fois ou que l'on se réoriente après une première tentative dans un autre cursus. La France, elle, fait partie d'un groupe de pays où le montant des frais dépend du type d'institution sollicité, comme on l'a vu avec l'exemple des BTS,. Enfin, il n'est pas rare de voir les frais déprendre des situations personnelles des étudiants, mais aussi de leurs performances universitaires.
La France fait ainsi partie d'un groupe de cinq pays (avec la Belgique francophone, l'Espagne, l'Irlande et l'Italie) où les étudiants les plus en difficulté peuvent bénéficier non seulement d'une exemption de frais mais également d'une bourse.

Bourses économiques… et au mérite

Au chapitre des aides, tous les pays de l'étude en proposent. Il peut s'agir uniquement de prêts (Angleterre, Islande) ou uniquement de bourses (Irlande, Espagne, Roumanie, etc.) Mais le plus souvent, les deux types d'aides cohabitent. Quant aux bourses, elles peuvent être octroyées à tous, selon la situation économique des étudiants ou d'après leur réussite académique. Là encore, une majorité de pays cumulent ces deux critères. C'est le cas de la France, où 34% des étudiants sont boursiers, avec toutefois une nuance : les bourses au mérite ne sont accessibles qu'aux étudiants bénéficiant déjà d'une bourse "économique". À l'inverse, de nombreux pays ont fait le choix inverse : octroyer des bourses pour raisons économiques selon les performances académiques.
Enfin, la France se retrouve une fois de plus dans la moyenne pour ce qui concerne le montant moyen des bourses basés sur les ressources économiques : 1.020 euros annuels pour la bourse la plus commune et 1.707 euros pour l'aide spécifique ponctuelle. Dans cette catégorie, les pays les plus généreux sont l'Allemagne, l'Autriche, le Danemark et la Suisse, avec un montant moyen annuel supérieur à 5.000 euros par étudiant boursier. Ces pays se distinguent encore par un âge limite supérieur à 30 ans (en début de cursus) pour toucher une bourse, quand un étudiant français ne peut dépasser 28 ans pour y prétendre.
L'étude synthétise ses données par une figure plaçant les pays selon, d'un côté, la part des étudiants payant des frais de scolarité, d'un autre côté, la part des étudiants boursiers. Trois pays de détachent nettement en cumulant un taux d'étudiants acquittant des frais très bas et un taux d'étudiants bénéficiant de bourses très haut : Malte, le Danemark et la Suède. La France se place pour sa part dans le dernier quart de la figure : celui qui concentre les pays où le taux d'étudiants acquittant des frais est le plus haut et où le taux de ceux qui bénéficient d'une bourse est bas.

Infographie

© Extrait de l'étude "National student fee and support systems in European higher education"