Gens du voyage : accompagnement social indispensable au relogement (30)

L’éradication d’un bidonville et le relogement de gens du voyage sédentarisés peu familiarisés avec nos codes de vie en société et notre culture exigent un solide accompagnement social. À Alès, le centre communal d’action social (CCAS) a pris en charge cette mission pour sept familles, s’appuyant sur des partenariats solides.

Aux yeux de l’adjointe en charge de l’action sociale de la ville d’Alès (Gard, 41.000 habitants) et vice-présidente du CCAS, Michèle Veyret : "L’accompagnement des gens du voyage sédentarisés est une condition indispensable au succès de leur relogement dans des habitations décentes et insérées dans la vie de la cité. Il est aussi imposé par l’Agence nationale de l’habitat (Anah) pour obtenir ses financements."

Postulat : le logement collectif n’est pas la bonne solution

Sept familles de gens du voyage sédentarisées vivaient depuis une vingtaine d’années dans un bidonville du terrain de Tamaris, enclavé entre une usine désaffectée et une voie ferrée. À part les enfants, tous scolarisés, un seul adulte maîtrise un peu le français écrit. Craignant le regard des autres, ces familles n’envisagent l’avenir qu’ensemble.
"Depuis longtemps nous cherchions des solutions pour le relogement de ces familles, dont nous savons qu’elles ne s’adapteraient pas à la vie dans des immeubles collectifs, car elles auraient été de fait séparées," se souvient l’élue. Cette situation perdure jusqu’en 2012, quand un terrain se libère sur un site assez proche du centre-ville. La direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) du Gard et les services de la mairie se réunissent avec tous les acteurs concernés pour bâtir un projet de relogement.

Logis Cévenols : maître d’ouvrage pour la construction des sept pavillons

Première étape, un pré-diagnostic social est lancé fin 2012 sous l’égide du CCAS en binôme avec les services sociaux du conseil général. Une même grille de questions est soumise à chaque famille pour identifier leurs attentes et leur mode de vie. Les conclusions de ce diagnostic servent de base à la définition du projet des logements. La maîtrise d’ouvrage de la construction des sept pavillons est déléguée par la ville à l’office public de l’habitat Logis Cévenols. La construction démarre début 2015. Les logements ont été conçus avec l’avis des habitants (voir fin de l’article).

Une "Mous" associant ingénierie sociale du CCAS et du conseil général

Dans la foulée, le CCAS - qui avait l’expérience de ces opérations et avait déjà établi des relations de confiance avec les familles - est sélectionné pour assurer la maîtrise d’œuvre urbaine et sociale de l’opération (Mous). Une assistante sociale du conseil général connaissant bien le dossier intervient à ses côtés. Lancée début 2014, la Mous se prolongera durant les deux ans qui suivront l’emménagement des familles.
Dans un premier temps, l’accompagnement affine les conclusions du pré-diagnostic. Il porte sur les problématiques liées au logement, à la vie des familles, à l’éducation des enfants, à l’emploi, à la santé et aux démarches administratives. Les ménages sont formés à la bonne gestion de leur budget. La compatibilité des futurs loyers (charges comprises) avec leurs capacités financières est vérifiée et les cas d’endettement font l’objet d’un plan d’apurement.

Préparer l’arrivée des gens du voyage dans leur nouveau quartier

L’emménagement des familles est prévu pour les premières semaines de 2016. D’ici là, l’accompagnement social se concentre sur la préparation de leur arrivée dans le quartier de la Loubière où résident des classes moyennes et populaires. Des rencontres seront organisées avec leurs futurs voisins pour lever de part et d’autre les appréhensions.
"Nous allons aussi les suivre pour les aider à préparer les documents administratifs nécessaires, et l’achat des équipements ménagers car ceux de leurs caravanes et mobil-homes sont intransportables", précise la directrice du CCAS, Joëlle Riou.

Après l’emménagement, l’accompagnement des familles se poursuivra pour les aider à s’approprier les lieux en s’imprégnant des règles de voisinage, des droits et devoirs des locataires et en maîtrisant les consommations d’énergie et le tri sélectif.
Enfin, le relogement de ces familles compte un autre point positif : la place libérée sur le site de Tamaris va permettre d’agrandir l’aire d’accueil mitoyenne des gens du voyage qui devenait trop petite.

Pavillons conçus avec l’avis des habitants
"Les familles ont été associées aux décisions concernant la conception des pavillons, précise la directrice du CCAS. L’architecte a ainsi revu ses plans pour prendre en compte leur mode de vie Elles ont par exemple demandé à disposer d’une cuisine ouverte parce qu’elles n’ont pas l’habitude de vivre dans des espaces fermés. Tout n’était pas négociable, mais leurs demandes étaient aussi simples et raisonnables. Elles s’inquiétaient de savoir si elles auraient une douche à la maison et rêvaient… de placards. Donc rien de rédhibitoire pour l’architecte ni pour l’équilibre financier de l’opération."

Victor Rainaldi pour la rubrique Expériences des sites www.mairieconseils.net et www.localtis.info

Ville d'Alès

Michèle Veyret

Adjointe chargée du pôle des Solidarités-Action sociale, Lutte contre l'exclusion et vice-présidente du CCAS

Joëlle Riou

Directrice du CCAS

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