Parlement - Gérard Larcher réélu très largement à la présidence du Sénat
Sans surprise, Gérard Larcher (LR), 68 ans, a été réélu très largement ce lundi 2 octobre pour un troisième mandat (non consécutif) de trois ans à la présidence du Sénat.
Ce politique chevronné sorti renforcé des élections sénatoriales du 24 septembre a recueilli 223 voix dès le premier tour de scrutin, contre 79 au président du groupe socialiste Didier Guillaume et 15 à la présidente du groupe communiste Eliane Assassi. Il y a eu 24 bulletins blancs et deux nuls.
Les sénateurs de La République en Marche (28 jusqu'alors), qui n'avaient pas présenté de candidat au "plateau", se sont abstenus, de source parlementaire.
Des applaudissements nourris ont salué l'annonce du résultat. Le président réélu a pris place à la tribune, où il a été ovationné debout, avant de faire une allocution.
Le coup d'envoi de la session ordinaire avait été donné à 15 heures par le doyen d'âge Philippe Madrelle (PS), 80 ans et "un demi-siècle de vie parlementaire", qui a défendu un Sénat n'étant "pas l'Assemblée assoupie et conservatrice" dépeinte par ses détracteurs. Les sénateurs se sont ensuite succédé à la tribune pour voter à bulletin secret.
Par ordre alphabétique, la centaine de nouveaux sénateurs ont côtoyé les anciens dans l'hémicycle où la majorité LR et centriste dispose de plus de 170 élus sur 348, devant le groupe socialiste (84 élus) et LREM (28).
Gérard Larcher était plus que favori pour ce poste vu l'absence de concurrents dans son camp et sa réputation d'homme de consensus. Devenu pour la première fois sénateur en 1986, à 36 ans, il a déjà présidé le Palais du Luxembourg entre 2008 et 2011, et depuis 2014.
Il devra faire avec la recomposition en cours de l'équilibre politique, sous l'effet du macronisme, qui continue de produire des effets sur la composition des groupes au Sénat .
Symboliquement, le lancement d'un nouveau groupe, "Les Indépendants" avec
11 membres issus de LR et du centre, a été officialisé quelques heures avant l'ouverture de la session.
Les écologistes n'ont pas réussi à trouver suffisamment d'alliés pour ressusciter un groupe (10 sénateurs minimum). Certains devraient rejoindre les rangs des radicaux.
Confrontés à l'application pour la première fois de la règle du non-cumul des mandats, un certain nombre de sénateurs ont par ailleurs privilégié leur mandat local. C'est le cas notamment de Michel Mercier (MoDem) ou David Rachline (FN) qui seront remplacés par leur suivant de liste. Des élections partielles devront se tenir pour remplacer les LR François Baroin et Henri de Raincourt, sénateurs élus au scrutin majoritaire.
Le "défi" du non-cumul
Dans son allocution suivant son élection, Gérard Larcher a prévenu que "le Sénat comptera" dans la future réforme constitutionnelle, défendant plus largement un "contre-pouvoir exigeant".
A propos de la réduction du nombre de parlementaires voulu par l'exécutif dans le cadre de cette réforme constitutionnelle, il s'est dit "pas, a priori, opposé", à la "condition" de ne pas "réduire au quasi silence" les territoires à faible démographie. "Le Sénat devra incarner, par sa composition même, l'équilibre territorial et la diversité qui cimentent une Nation".
Réaffirmant que le Palais du Luxembourg doit être le "garant de l'équilibre des pouvoirs" et "des territoires", il a défendu son rôle de "stabilisateur institutionnel".
Gérard Larcher a aussi défendu son bilan des trois dernières années et a insisté sur le "défi" de "la fin du cumul des mandats" qui "fragilise le lien" entre les sénateurs et élus locaux et va demander d'exercer "de manière différentes".
"Nous poursuivrons les réformes engagées", mais "il faut cesser d'affaiblir le Parlement. Le populisme s'est toujours nourri de l'antiparlementarisme", a dit le président du Sénat, promettant d'être "le garant de cette différence sénatoriale, que certains nous reprochent mais que beaucoup nous envient".