Grenoble concourt à la modification de comportements agressifs d'enfants

Pour prévenir la délinquance, la ville de Grenoble a mis en place des séances de réflexion ainsi que des animations théâtrales dans les écoles primaires de quartiers sensibles.

De fortes tensions verbales et parfois physiques entre enfants avaient été régulièrement signalées par les enseignants et les assistantes sociales scolaires dans le cadre du REP (Réseau d'éducation prioritaire). Tensions liées à une méconnaissance des règles de vie en société et à une grande insécurité exprimée de façon très agressive par un certain nombre d'enfants.
Depuis la rentrée scolaire 2004, la ville de Grenoble a décidé, en matière de prévention de la délinquance, de privilégier des actions éducatives de longue durée visant à l'amélioration de comportements agressifs d'enfants de classes de CM1 et de CM2. La ville et l'Etat, dans le cadre du contrat de ville, cofinancent l'intervention d'une association, l'Ecole de la paix, auprès de 250 élèves des écoles des quartiers de la Villeneuve et du Village olympique. Chaque enfant participe à deux séances au cours de l'année scolaire. Chacune de ces séances concerne une demi-classe. A l'aide d'un matériel pédagogique, un animateur de l'association fait réfléchir les élèves à ce que signifient concrètement la loi et l'autorité.  Des visites dans les tribunaux sont organisées. Des juges, des officiers de police, des médiateurs, des éducateurs et des élus interviennent dans les classes.

Acquérir un comportement socialement acceptable pour soi et pour le groupe

En complément de cette action de réflexion sur la loi et l'autorité, dix séances de théâtre permettent aux enfants de jouer des situations tel le racket, la peur dans l'ascenseur, le conflit avec un copain... Les enfants apportent des exemples qu'ils ont réellement vécus et ils jouent la scène jusqu'à ce qu'ils trouvent la solution la plus acceptable socialement pour résoudre le problème. Et parfois c'est très long... Par  exemple, la réponse la plus souvent et le plus spontanément apportée en cas de bagarre avec un autre enfant est "je fais appel à mon grand frère pour qu'il lui casse la gueule". La force plutôt que la règle. Il faudra parfois plusieurs séances pour que les enfants proposent, selon la nature et l'importance du problème, le dialogue, la solidarité entre enfants, l'appel à un adulte ou de s'appuyer sur la loi et leurs droits pour trouver une issue. 

Réflexions sur la loi et l'autorité et animation théâtrale à partir du vécu des enfants sont complétées par une réflexion sur la violence sexiste. A partir de scènes lues par l'animateur, les enfants sont amenés à réagir. Telle petite fille expliquera pourquoi elle ne peut jamais se mettre en jupe, tel petit garçon racontera pourquoi cela lui semble logique de frapper les filles. "La domination sexiste est particulièrement intériorisée", observe Roselyne Vachetta, responsable du service prévention de la délinquance de la ville de Grenoble.

Apprendre à accepter les différences

A la suite de ces actions d'animation dans les écoles primaires, de multiples transformations des comportements des enfants sont observées. Par exemple, une petite fille qui était devenue le bouc émissaire de tous les élèves parce que jugée par eux comme différente (donc dangereuse ?) a pu être réhabilitée après un travail sur la différence. Autre exemple, deux enseignantes témoignent que, dans leur classe, en cas de conflit,  les élèves privilégient aujourd'hui l'écoute plutôt que la bagarre. "Ces améliorations dans le comportement des enfants, nous les observons à l'école mais cela ne signifie pas forcément que les attitudes changent autant en dehors de l'école", nuance Roseline Vachetta.

Chaque année, les scènes du théâtre-action sont présentées aux parents qui écoutent et regardent, puis peuvent intervenir et débattre en présence des enfants, de l'animateur et des enseignants. Il se passe parfois des choses surprenantes, comme cette scène où des enfants jouaient leur "ras l' bol" de se faire "secouer" par l'instituteur parce qu'ils sont inattentifs le matin en classe... Leur conclusion était qu'il fallait se coucher plus tôt le soir et ils demandaient aux parents présents d'être plus sévères pour fermer la télé... Du coup, des parents demandent à avoir aussi du temps pour eux, pour parler, s'entraider et être aidés dans leur responsabilité d'éducation.
Le service prévention de la délinquance de la ville de Grenoble est chargé du suivi et de l'évaluation de l'opération. Le suivi ne pose pas de problème, l'évaluation est plus difficile...
Une convention annuelle a été signée entre la ville et l'association l'Ecole de la paix dans le cadre du contrat de ville (ville/Etat). Un bilan annuel de l'opération est présenté au maire de Grenoble et au préfet de l'Isère. En 2006-2007, la ville a voté un budget de 30.000 euros pour assurer la continuité de l'opération.

Ville de Grenoble

Nombre d'habitants :

158249
11 Boulevard Jean-Pain
38000 Grenoble

Roseline Vachetta

Responsable du service prévention de la délinquance

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