Impact environnemental du numérique : beaucoup de données font encore défaut
L'Ademe a publié récemment une étude préfigurant la création d'une base de données sur l'empreinte environnementale des services et équipements numériques. Des données qu'il va falloir pour l'essentiel collecter car les bases existantes se révèlent lacunaires et peu fiables.

© Ademe et Adobe stock
Maitriser l'empreinte carbone du numérique nécessite des données de référence. Si l'Arcep et l'Arcom ont entamé un travail de collecte de données macro – voir la dernière étude de l'Arcep (notre article du 22 avril 2025) – les collectivités et entreprises ont besoin de données plus précises pour réaliser un bilan carbone ou assurer le suivi de leurs actions. Il s'agit notamment pour les grandes collectivités de répondre aux exigences réglementaires de la loi REEN, qui leur impose de piloter une stratégie numérique responsable et d'écoconcevoir leurs services numériques. C'est dans ce contexte que l'Ademe a lancé une étude préfiguration sur une base de données environnementales du numérique dont les résultats ont été publiés en mars 2025.
Lacunes des sources actuelles
L'analyse de douze bases de données telles que NegaOctet, Ecoinvent ou Base Empreinte, révèle un constat sans appel : aucune ne répond aujourd'hui entièrement aux besoins des acteurs. L'étude relève un manque de "granularité" avec des données trop souvent agrégées, rendant difficile la modélisation fine d'équipements spécifiques, de composants ou sur un cycle de vie.
Des manques ont aussi été identifiés sur certains équipements comme les objets connectés, les caméras vidéo, les centres de données ou encore les bornes Wi-Fi.
Autre défaut : l'absence d'indicateur de qualité ou de score de confiance, les méthodologies d'élaboration des données n'étant pas toujours explicites. L'accessibilité des données se révèle en outre médiocre, faute de formats standards ou d'API. Enfin, des tests réalisés sur un service type (streaming musical) ont montré des résultats disparates en fonction des sources de données utilisées.
Des données en open data
Les préconisations du rapport s'articulent autour de quatre axes principaux :
- la gouvernance ;
- la structure des données ;
- l'architecture technique ;
- le modèle économique.
Sans surprise les auteurs insistent sur la nécessité de mettre en place une base de données couvrant les composants, les équipements, les infrastructures et les services encadrée par un processus de validation robuste avec des données standardisées, à jour et documentées. L'amélioration de la granularité des données et l'intégration de variables paramétrables sont aussi vues comme essentielles pour s'adapter aux différents contextes d'usage. La base devrait aussi être ouverte à des contributeurs et couvrir l'ensemble des équipements numériques. En termes de gouvernance, l'Ademe devrait porter ce projet tout s'appuyant sur un comité technique indépendant. La mise à disposition des données passera par la plateforme open data de l'État data.gouv.fr Les préconisations sur le modèle économiques n'ont en revanche pas été divulguées au-delà de l'idée de mixer financement public et contributions privées.