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Industrie : "la reprise est là, nette et significative"

2017 connaît un solde net record de créations d'emplois, d'après la dernière étude de Trendeo, publiée le 2 mars 2018. L'industrie participe à ce mouvement et permet à certains territoires, ceux du quart Nord-Est notamment, de retrouver un peu de souffle après la crise économique qui les a tant fait souffrir. C'est tout particulièrement le cas pour les Hauts-de-France qui arrivent aujourd'hui en tête des régions les plus créatrices d'emplois.

Le mouvement de déclin industriel serait-il en train de s'inverser ? C'est en tout cas la tendance observée par Trendeo, dans une étude publiée le 2 mars 2018. "La reprise est là, nette et significative", signale ainsi Trendeo. Le solde net de créations d'emplois tous secteurs confondus atteint en 2017 un niveau record, qui correspond presque au double par rapport à 2016 : 150.000 créations d'emplois (+8%), contre un peu plus de 50.000 suppressions d'emplois (-35%), soit un solde net de près de 100.000, contre 50.000 en 2016. Un résultat qui pour la première fois depuis 2009 est dû à une hausse des créations d'emplois, et non plus seulement à la baisse des suppressions d'emplois.
"Si l'on considère que le niveau de créations d'emplois de 2017 est encore inférieur de 20% à son maximum de 2010, il reste encore un potentiel de croissance pour 2018", précise l'étude. Or ce mouvement profite aussi à l'industrie. "Pour l'industrie, le meilleur est sûrement à venir", affirme ainsi David Cousquer, gérant de Trendeo. Ainsi, si le solde net de créations et suppressions d'emplois dans l'industrie correspond à une baisse de 125.023 entre 2009 et 2017, il est positif en 2016 à hauteur de 3.186 emplois, et en 2017, à hauteur de 19.588, soit encore 16.402 emplois supplémentaires par rapport à 2016. "La production industrielle prend place au deuxième rang des fonctions créatrices nettes d'emplois", précise l'étude, après la production de services qui affiche un solde net de 31.602 emplois en 2016 et de 48.927 en 2017.
Parmi les secteurs industriels qui drainent ces créations d'emplois : l'industrie automobile (5.643 créations d'emplois en 2017) et les industries alimentaires (3.306).
Du côté des usines, le solde entre les ouvertures et les fermetures est positif, de l'ordre de 25 (100 fermetures de sites industriels à plus de dix emplois contre 125 ouvertures). Mais cette tendance positive amorcée l'an dernier (avec un solde positif de 3 usines) tient surtout à une baisse des fermetures d'usines.

Une évolution qui change la donne au niveau territorial

Cette évolution globale positive change un peu la donne au niveau des territoires. "Auparavant, il y avait des régions qui allaient bien comme l'Occitanie, les Pays de la Loire, la Nouvelle-Aquitaine pendant la crise économique car elles sont peu industrielles ou reposent sur une industrie toujours dynamique, comme l'aéronautique pour l'Occitanie, et d'autres, comme le quart Nord-Est de la France, qui ont beaucoup souffert pendant la crise avec des industries traditionnelles en difficulté, détaille David Cousquer, maintenant c'est plutôt ce quart Nord-Est qui bénéficie de la reprise, même si les autres régions vont toujours bien." Ce qui est rassurant pour ces territoires alors  que les données sur le sujet - qu'elles proviennent du baromètre de la cohésion du Commissariat général à l'égalité des territoires (CGET) ou de l'Insee -, montrent qu'ils sont les premières victimes du déclin industriel de ces dernières décennies. Le CGET établit ainsi à 2,9 millions le nombre d'emplois industriels supprimés entre 1975 et 2012, dont une grande partie dans le Nord et l'Est. Dans les zones de Roubaix-Tourcoing, Cambrai, Maubeuge et Charleville-Mézières, la part de l'emploi liée à l'industrie est ainsi passée de 52% en 1975 à 33% en 2012.

Des créations d'emplois industriels mieux réparties sur le territoire

Or aujourd'hui les Hauts-de-France arrivent en tête des régions les plus créatrices d'emplois avec 10.222 créations nettes d'emplois en 2017, contre 3.199 en 2016. La région a créé plus de 4.000 emplois industriels en 2017 !
Par ailleurs, "les créations d'emplois industriels sont un peu plus réparties géographiquement", indique l'étude, avec 237 zones d'emplois qui ont créé au moins un emploi industriel, contre 218 pour les services et 148 pour la vente. Autre caractéristique, déjà observée par le cabinet dans sa précédente étude (voir ci-dessous notre article du 3 octobre 2017) : ce sont surtout les villes moyennes ou les pôles de petite taille qui accueillent les industries, et cela bien davantage que les grands pôles urbains qui ,de leur côté, accueillent surtout les activités de sièges et de quartiers généraux, les centres d'appels et de recherche et développement. "Le mouvement de métropolisation semble être surtout propre aux services, souligne David Cousquer, l'industrie est plus disséminée sur le territoire." Parmi les explications de ce phénomène : les difficultés, pour une grande agglomération, d'accueillir des sites industriels proches des zones urbaines et, à l'inverse, des surfaces et un foncier attractifs pour les autres aires, avec davantage de possibilités de configurer la ville autour de l'activité industrielle pour ces plus petits territoires.