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Industrie : l'informatisation affecte surtout les emplois peu qualifiés

L'usage de l'informatique n'a pas le même impact sur tous les secteurs d'activité industriels et tous les types de postes. D'après une étude de l'Insee publiée le 27 novembre 2018, il favorise la productivité mais fait chuter l'emploi, notamment faiblement qualifié dans les secteurs de basse technologie, tandis qu'il favorise les emplois plus qualifiés dans les secteurs de haute technologie, sans vraiment jouer sur la productivité.


Dans les secteurs industriels de basse technologie, l'informatisation permet une forte amélioration de la productivité mais elle s'accompagne d'une destruction de l'emploi. C'est ce qu'indique une étude de l'Insee publiée le 27 novembre 2018, analysant, sur une période allant de 1994 à 2007, l'impact de l'usage informatique sur 200 secteurs, dont l'industrie de l'habillement, du tabac, du cuir, de la chaussure, dans l'édition, l'imprimerie, l'alimentation, la métallurgie, le travail du bois ou encore l'industrie automobile.
"Entre 1994 et 2007, un secteur de basse technologie ayant davantage recours à l'informatique a connu des gains de productivité et des pertes d'emplois en moyenne très nettement supérieurs", souligne l'Insee. Les pertes d'emploi liées au recours à l'informatique sont le plus souvent concentrées sur l'emploi peu qualifié. L'explication : les secteurs de basse technologie recourent davantage à des tâches répétitives, automatisables et assurées par l'emploi faiblement qualifié. L'informatisation se substitue à ces postes. "La productivité du travail s'en trouve augmentée, signale l'étude, c'est-à-dire que l'industrie produit autant avec moins de travail".
A l'inverse, les secteurs de haute technologie, en plein essor, comme la pharmaceutique, l'aéronautique, l'automobile ou l'électronique, gagnent moins en productivité avec l'informatisation mais perdent aussi moins d'emplois. Les tâches réalisées dans ces secteurs sont ainsi moins répétitives et le plus souvent assurées par des emplois qualifiés, que l'informatique ne peut pas remplacer. "L'informatisation ne se traduit donc pas par des pertes significatives d'emplois", indique le document, et elle est plus favorable aux travailleurs les plus qualifiés, qui voient leurs tâches se développer car complémentaires.

"L'informatisation accompagne des changements sectoriels de fond"

En revanche, le constat n'est pas le même dans les services, où les secteurs qui ont le plus recours à l'informatique connaissent des niveaux d'emploi supérieurs. Mais dans ces secteurs "il n'y a pas de relation significative entre le recours à l'informatique et la productivité", souligne l'Insee.
Globalement, "l'informatisation semble donc accompagner des changements sectoriels de fond, avec une forte amélioration de la productivité apparente du travail pour les secteurs en déclin ce qui serait un enrichissement en travail pour les secteurs en plein essor", conclut l'étude. Une analyse qui permet de mieux comprendre les évolutions de l'emploi sur le territoire français, avec des zones en difficulté, comme dans le quart nord-est de la France, et d'autres qui tirent leur épingle du jeu, comme les vallées de la Seine, du Rhône, et de la Garonne. Ainsi, les grands pôles urbains et les métropoles accueillent de nombreux centres de recherches publics et privés. Ils ont tendance à rassembler de nombreuses industries relevant des hautes technologies, avec une surreprésentation des activités à haute valeur ajoutée, moins impactées par l'informatisation. A l'inverse, les territoires périurbains, mais aussi les petits et moyens pôles, et les territoires ruraux, se spécialisent davantage dans les activités de moyenne et basse technologie, et souffrent donc plus des suppressions d'emplois dues à l'informatique.
Au total, en dix ans, l'industrie a perdu un demi million d'emplois. Mais l'emploi industriel commence tout doucement à reprendre des couleurs depuis 2017, pour la première fois depuis 2000. Ainsi, d'après l'Insee, au troisième trimestre 2018, l'emploi salarié privé dans l'industrie se stabilise (+800 emplois, après une baisse de 2.400). Sur un an, l'emploi privé s'accroît de 5.200 postes dans l'industrie. Même si, comme l'a reconnu le Premier ministre lundi en présentant les 124 "territoires d'industrie", la situation reste fragile.