Insécurité à Nantes : Gérald Darmanin et Johanna Rolland se serrent les coudes

Derrière l’insécurité à Nantes, c’est le "contrat de sécurité intégrée" signé l’an dernier avec l’État qui pourrait être mis en cause. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, et la maire de la ville, Johanna Rolland, ont décidé d'y mettre de nouveaux moyens.

"Devant la gravité de la situation de l’insécurité à Nantes", la maire socialiste de la ville et présidente de la métropole, Johanna Rolland, a été reçue en urgence place Beauvau mardi 4 octobre pour rencontrer le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin. Tous deux ont "partagé les mêmes objectifs pour améliorer la situation", écrivent-ils, dans un communiqué commun, après une série de drames : viol d’une femme de 40 ans par deux ressortissants soudanais le 24 septembre, découverte du corps calciné d’un jeune dans un parc de Saint-Herblain (périphérie de Nantes) quelques jours plus tard, tirs en pleine rue ayant blessé un jeune de 17 ans, policier blessé lors d’un refus d’obtempérer… Pour les habitants, la coupe est pleine. Un millier de Nantais ont défilé dans le centre-ville, le 1er octobre, à l’appel d’une association, pour dénoncer la violence dans l’ancienne cité des Ducs de Bretagne qui, il y a peu, trustait les premières places des classements des villes où il fait bon vivre. Désormais, elle fait plutôt les gros titres des journaux, sur fond de règlements de comptes et de phénomènes d’errance dans les rues...

Donnant-donnant

Alors le ministre et l’édile "sont convenus d'un plan commun de renforcement des moyens", "malgré les augmentations de moyens nationaux et municipaux depuis la signature en 2021 du contrat de sécurité intégrée". Car la ville a été l’une des toutes premières à signer un tel contrat, symbole de la politique impulsée fin 2020 par l’exécutif à Toulouse reposant sur un "donnant-donnant" entre l’État et les élus. En clair, l’État apporte des moyens si la collectivité prend une série de mesures. Nantes a été la troisième grande ville à apposer sa signature, le 21 mai 2021, après Toulouse et Dijon. Ce contrat, qui comporte 67 actions, couvre une période de cinq ans, allant jusqu’à la fin du mandat municipal en 2026. La municipalité s’est ainsi engagée à recruter 70 nouveaux policiers municipaux (mesure qui figurait déjà dans le programme de campagne de Johanna Rolland en 2020) et l’État à affecter autant de policiers nationaux supplémentaires. Elle a aussi souhaité poursuivre le déploiement de caméras de vidéosurveillance connectées à son centre de supervision urbain inauguré en 2018.

Las, toutes ces mesures n’ont pas permis d’endiguer la délinquance. "À Nantes aujourd’hui la situation est plus que préoccupante. La situation est grave", concède Johanna Rolland, dans une courte vidéo sur Twitter. Selon les données de la préfecture de Loire-Atlantique, la ville a enregistré une baisse de 9,31% de la délinquance générale entre le 1er janvier et le 31 août 2022 par rapport à la même période en 2019 (2020 et 2021 étant mises à part compte tenu de la période du Covid). Les cambriolages baissent de 9,56%. Seulement, dans la masse, d’autres indicateurs sont nettement moins positifs, notamment les atteintes volontaires à l'intégrité physique des personnes (+ 6,79%) et les faits liés au trafic de stupéfiants (+11,66%). "Le sujet, c'est quoi ? C'est le trafic de drogue qui gangrène notre pays et nos grandes villes", martelait Johanna Rolland, le 29 septembre, sur France 3.

50 policiers municipaux en plus

Avec Gérald Darmanin, elle a décidé mardi soir d’aller plus loin que les engagements pris l'an dernier. L’élue promet de constituer un parc de 250 caméras à la fin de son mandat, contre 146 aujourd’hui. L’installation de ces caméras sera prise en charge à 50% par l’État. Par ailleurs, 50 nouveaux policiers municipaux seront recrutés. Ils travailleront "jusqu’à deux heures du matin". C’était déjà une promesse de Johanna Rolland en 2021 mais qui n’avait tenu que quelques mois, en raison d’un conflit social avec les cadres de la police municipale. Selon les chiffres du syndicat FO police municipale, majoritaire à Nantes, avec les arrivées annoncées, la police municipale devrait comporter 146 agents au 1er novembre 2022 (dont une vingtaine dans les transports). Ce nouveau renfort devrait donc porter les effectifs à 196 agents, sans compter les éventuels départs.
Du côté de l’État, l’une des quatre unités de CRS annoncées dans le cadre du projet de loi d’orientation et de programmation du ministère de l’Intérieur (Lopmi) sera installée à Nantes en 2023. "Sur les 200 policiers qui composent cette unité à rayonnement régional, le ministre s’est engagé à ce que 80 soient spécifiquement dédiés à l’agglomération nantaise", est-il précisé. En attendant la création de cette unité, Gérald Darmanin a décidé l’envoi temporaire d’une force mobile de 70 agents à partir du 10 octobre. Elle "sera particulièrement affectée au centre-ville et dans les quartiers politique de la ville". Enfin, le ministre a décidé l’installation d’un centre de rétention administrative dans le département de la Loire-Atlantique "dans les délais les plus rapides", pour les étrangers en attente d’une procédure d’expulsion.

 

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