Insertion des jeunes et restauration du petit patrimoine rural : deux objectifs richement conciliés au pays de Fougère

En créant il y a dix ans un chantier école dédié à la restauration du petit patrimoine rural en état d'abandon, la mission locale du pays de Fougères s'est doté d'un outil valorisant pour les jeunes en difficulté. Certains ont profité de ce pied à l'étrier pour reprendre une formation dans les métiers du bâtiment. Plus généralement, ces jeunes y puisent un "coup de pouce" au moral et se reconnaissent comme acteurs de leur territoire. Les communes, elles, retrouvent une histoire enfouie sous les broussailles.

Depuis 1996, la mission locale du pays de Fougères organise des chantiers écoles pour des jeunes de 16 à 25 ans en difficulté, portant sur la restauration de petit patrimoine rural : puits, chapelles, ponts, fours à pain, lavoirs, calvaires, etc. "L'idée a été de chercher à se saisir de la richesse de notre territoire en terme de patrimoine pour en faire un levier pour l'insertion sociale et ou professionnelle de jeunes en difficulté", résume Joseph Legrand, directeur de la mission locale du pays de Fougères (58 communes). Suggérée aux élus, l'idée avait à l'époque emporté leur adhésion, d'autant que des financements européens conséquents permettaient d'en diminuer le coût pour la mission locale et les communes ou communautés de communes commanditaires des travaux. Le FSE finançait la moitié du coût des chantiers, jusqu'à 200.000 euros. "On a profité de ces crédits pour restaurer le petit patrimoine et donc concourir à la vitalité et l'aménagement du territoire, pour mettre des jeunes qui étaient en galère en formation et enfin pour créer et fortifier du lien social", synthétise Joseph Legrand.

Dix ans plus tard, les élus sont toujours aussi enthousiastes

"C'est une action très visible sur le territoire et cela a un double mérite", souligne Jacky Lemoigne, président de la mission locale et vice-président de Fougères Communauté (l'une des cinq communautés de communes composant le pays de Fougères et porteuses de la mission locale). "Alors que la mission locale existait depuis 1989, il y avait malgré tout une certaine méconnaissance de la population vis-à-vis de cette structure oeuvrant pour les jeunes en difficulté d'insertion. Depuis, elle a gagné en reconnaissance", apprécie l'élu. Cette visibilité des réalisations a été sans conteste une forte plus-value de cette initiative qui a donné aux jeunes l'occasion d'être fiers. "C'est pour beaucoup souvent la première chose qu'ils ont réalisé et qu'ils ont envie de montrer à leurs parents. Sur les petites communes où ils interviennent, à chaque fois on observe que des liens se créent entre les jeunes et des habitants", expliquent Jacky Lemoigne et Joseph Legrand : "Ce sont des jeunes généralement très en amont de la qualification. Le chantier permet de les remotiver, pas forcément sur les métiers du bâtiment mais sur une insertion."
En dix ans, près de 250 jeunes se sont confrontés aux différents métiers du bâtiment, à travers les chantiers écoles. Une trentaine d'édifices ont été restaurés. "La plupart ne sont pas prêts à entrer dans l'emploi et il faut pour cela mener avec eux tout un travail préalable. C'est le rôle de la mission locale. Certains n'ont pas besoin de grand chose pour remettre le pied à l'étrier, se décider à entamer une formation en alternance, etc. Le déclic ne vient souvent qu'après qu'ils aient trouvé ou retrouvé confiance en eux. Ces chantiers écoles sont faits pour ça", commente l'élu.
Le secteur du bâtiment est par ailleurs l'un des plus porteurs en terme d'emplois alors même que les jeunes ne sont pas attirés de prime abord. Le chantier offre un espace de découverte qui peut révéler des projets professionnels.
En pratique, les jeunes sont inscrits dans une formation de pré-professionnalisation aux métiers du bâtiment. La mission locale travaille donc en partenariat avec un organisme de formation, le CLPS (centre de promotion sociale) qui intervient trois jours par semaine avec les jeunes pour faire avancer le chantier. Les jeunes sont soit en formation, soit sur le chantier, soit en stage. En continu, il y a de trois à dix jeunes stagiaires. Le midi, les repas sont pris en commun dans un restaurant ouvrier pour développer une autre dimension de la vie professionnelle. En qualité de stagiaires de la formation professionnelle, les jeunes sont rémunérés par le Cnasea le temps de la durée du chantier (de quatre à six mois). La mission locale assure le transport des jeunes sur les chantiers.
Chaque année, la mission locale lance des appels aux collectivités pour connaître celles qui veulent lancer un nouveau chantier école. "Cet appel est relayé par l'EPCI. La mission locale vient en appui des communes pour les aider à identifier, lister et retenir les chantiers possibles et abordables techniquement. Ensuite, les priorités sont fixées par la communauté de communes", explique Jacky Lemoigne.
La mission locale assure la maîtrise d'oeuvre déléguée par le maître d'ouvrage, l'une des cinq communautés de communes.

Le financement de chaque chantier résulte d?un partenariat

Le chantier de restauration en lui même est financé par des fonds publics (fonds européens Leader à raison de 20.000 euros par opération, conseils général et régional et la communauté de communes maître d'ouvrage).
La formation est financée directement à l'organisme de formation, en fonction du nombre de jeunes suivis. Le fonds d'aide aux jeunes contribue lui à la prise en charge des repas de midi. 
"Ces chantiers écoles ont induit beaucoup de choses", résume avec satisfaction Jacky Lemoigne, citant pour dernier exemple la rénovation du four à pain au cœur d'un bourg. "C'est devenu un lieu de lien social autour duquel les festivités sont organisées, le boulanger y cuit des fournées, ce four a retrouvé sa vocation première."

Mission locale du pays de Fougères

Nombre de communes :

58
10 rue René-Baron
35300 Fougères

Jacky Lemoigne

Président

Joseph Legrand

Directeur

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