La Commission se dit prête à revoir le statut de protection du loup

Considérant le loup comme un "véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme", la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a appelé les autorités locales, les scientifiques et "toutes les parties intéressées" à faire remonter toutes leurs données sur sa présence dans les régions européennes. Sur cette base, elle entend ouvrir la voie à une possible révision du statut de protection du loup. Une annonce qui intervient en pleine finalisation du futur plan Loup 2024-2029 en France.

Combien sont-ils et où sont-ils ? Il n'y a pas qu'en France que la présence du loup suscite polémiques, débats et inquiétudes. C'est pour aider à y voir plus clair que la Commission européenne invite toutes les parties prenantes - "les communautés locales, les scientifiques et toutes les parties intéressées" - à faire remonter leurs "données actualisées sur les populations de loups et leurs impacts", avant le 22 septembre (sur EC-WOLF-DATA-COLLECTION@ec.europa.eu). "La concentration de meutes de loups dans certaines régions d'Europe est devenue un véritable danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme. J'invite les autorités locales et nationales à prendre les mesures qui s'imposent. En effet, la législation européenne actuelle leur permet déjà de le faire", souligne la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, dans un communiqué, lundi. Et elle ne s'interdit pas, sur la base de ces remontées de terrain, de revoir le statut de protection actuel. Il faut dire que la présidente de la Commission a eu maille à partir avec le prédateur puisqu'il y a presque un an jour pour jour, un loup s'était introduit dans sa propriété de Burgdorf-Beinhorn (Basse-Saxe) et avait tué son poney de trente ans, Dolly. Plusieurs incidents du même type s'étaient produits dans cette région du nord de l'Allemagne qui, selon les estimations, compterait quelque 350 loups. Le ministre allemand de l’Environnement, Olaf Lies (SPD), avait alors estimé qu'avec l'augmentation de la population des loups il fallait s'attendre à leur présence "dans des zones densément construites".

Directive Habitats

"Le retour du loup dans des régions de l'UE où il était absent depuis longtemps entraîne de plus en plus de conflits avec les communautés locales d'agriculteurs et de chasseurs, en particulier lorsque les mesures visant à prévenir les attaques sur le bétail ne sont pas pleinement mises en œuvre", souligne la Commission. Mais sur la base des données collectées, elle "décidera d'une proposition visant à modifier, le cas échéant, le statut de protection du loup au sein de l'UE et à mettre à jour le cadre juridique, afin d'introduire, lorsque c'est nécessaire, davantage de flexibilité, à la lumière de l'évolution de cette espèce".

Ce serait un revirement important puisque le loup est actuellement protégé par la directive "Habitats, Faune, Flore" du 21 mai 1992 qui le classe parmi les espèces nécessitant une protection stricte. Ce qui impose pour les États la mise en place d'un cadre législatif complet, avec des dérogations possibles. Or dans un document d'orientation sur la protection stricte des espèces animales d'intérêt communautaire en vertu de la directive "Habitats" du 12 octobre 2021, la Commission insistait sur le "rôle écologique important" que joue le loup, contribuant à la santé et au fonctionnement des écosystèmes" et régulant la densité des espèces dont il est le prédateur : ongulés sauvages tels que le chevreuil, le cerf et le sanglier, mais aussi le chamois et l’élan...

Le plan loup en cours de révision en France

Si elle considérait le contrôle létal comme pouvant être "légitime", elle estimait qu'"aucun élément de preuve solide" ne semble étayer son efficacité "pour réduire la prédation des animaux d’élevage" et qu'il est même "moins efficace que les mesures de protection des animaux d’élevage".

En France, la population actuelle est officiellement de 906 loups (pour un seuil de viabilité de l'espèce fixé à 500) - nombre contesté par les syndicats agricoles -, le préfet coordonnateur du plan national d'action sur le loup fixe chaque année un quota de loups à abattre. Il est de 19% en 2023 par rapport à la population de 2022 (921). L'annonce de la Commission intervient en pleine révision de ce plan prévu pour la période 2018-2023. La nouvelle mouture devrait être dévoilée cet automne. Le 1er août, à l'initiative de la présidente du département de la Drôme, Marie-Pierre Mouton, les présidents des cinq départements alpins avaient interpellé la Première ministre, dans une tribune, pour demander un meilleur comptage et une simplification des mesures de neutralisation et d'effarouchement.