Loup : population en hausse mais prédation en baisse

Les loups gris sont toujours plus nombreux dans l'Hexagone, avec une population estimée à 921 à la sortie de l'hiver 2021-2022 et un chiffre revu en hausse pour l'année précédente. La présence de ce prédateur naturel et protégé ne fait toujours pas consensus même si pour la première fois, la prédation est en baisse, tant en nombre d'attaques que de victimes dans les troupeaux.

A la sortie de l'hiver 2021-2022, la population de loups gris en France est estimée à 921 individus, a annoncé ce 27 juin le préfet de la région Auvergne-Rhône-Alpes, qui a indiqué aussi que le chiffre 2020-2021 (624 loups) a été revu en hausse à 783 individus "en prenant en compte les résultats des analyses génétiques".

Plus précisément, la fourchette de loups adultes, espèce protégée en Europe, est estimée entre 826 et 1.016 dans l'Hexagone, a précisé l'Office français de la biodiversité (OFB), organisme en charge de cette estimation. Le loup est un animal sauvage vivant sur de grandes étendues. Revenu de lui-même en France depuis l'Italie et essentiellement présent dans les massifs alpins et provençaux, il a été aperçu jusque dans le Finistère. Sa population ne pouvant être comptée précisément, elle est estimée à partir d'indices (observation visuelle, empreintes, déjection...). L'OFB forme des gens de terrain pour collecter ces indices et intégrer un réseau de correspondants. Un effort de formation a ainsi été fait, avec 385 nouvelles personnes, ce qui a permis d'augmenter le nombre d'indices récoltés, à plus de "4.500 indices de présence (contre 2.600 en 2020 et 3.700 en 2021)", fait savoir le préfet. "De nouveaux secteurs, pour lesquels la connaissance sur la présence éventuelle du loup manquait, ont également été étudiés", a-t-il précisé.

"Dynamique démographique favorable"

"Ces éléments confirment la dynamique démographique favorable de l'espèce lupine observée depuis 10 ans, souligne le préfet. Elle s'accompagne d'un taux de survie de l'espèce satisfaisant et d'une hausse de la reproduction." "Cette croissance du nombre de loups est également conforme à la progression constatée de la présence sur le territoire et du nombre de meutes (+19 en 2020 et +29 en 2021), ce qui conforte la solidité du modèle de suivi de la population lupine", estime-t-il.

Également en charge de la cohabitation de ce prédateur naturel avec le bétail, le préfet fait également valoir que pour la première fois l'an dernier, la hausse du nombre de loups s'est accompagnée d'une baisse de la prédation en France, "tant en nombre d'attaques que d'animaux prédatés", même si elle reste "à un niveau élevé" (3.537 attaques ont été recensées en 2021, pour un total 10.826 animaux blessés ou tués). Si "la protection reste la priorité pour prévenir les dommages aux troupeaux", assure le préfet (financement de chiens de protection, de parcs électrifiés, de gardiennage par des bergers) et que des indemnisations sont prévues en cas d'attaque, des autorisations de tirs peuvent aussi être accordées pour prélever des loups.

Tensions persistantes sur les tirs de défense 

Ainsi, "compte tenu de la nouvelle estimation de la population en sortie d'hiver 2021-2022 et conformément au plafond de 19% [de l'effectif] pouvant faire l'objet de prélèvements, le nombre maximal de loups pouvant être tués en 2022 s'élèvera à 174 individus, contre 118 initialement prévus. "Depuis le 1er janvier 2022, 29 loups ont été décomptés de ce plafond", précise le préfet. "Une enveloppe financière supplémentaire permettra d'améliorer la qualité du matériel, donc l'efficacité des tirs de défense des troupeaux", avec "une attention particulière (...) portée aux situations individuelles des éleveurs subissant une forte prédation", précise le préfet.

La présence du loup reste toujours source de tension entre éleveurs et défenseurs de l'environnement. Les fédérations agricoles demandent pour les "éleveurs soumis au risque de prédation le droit de défendre leurs troupeaux par des tirs de défense", estimant que le loup n'est plus une espèce menacée. Pour l'association Ferus en revanche, tuer des loups n'est pas la solution. "Une étude de l'OFB montre que l'efficacité des tirs n'est pas démontrée", indique à l'AFP Patrick Leyrissoux, vice-président de Ferus, évoquant des meutes "déstabilisées".

Même opposition aux tirs de France Nature Environnement et Humanité & Biodiversité qui insistent de leur côté sur une "double bonne nouvelle" : l'augmentation de la population et la baisse des attaques, "signes encourageants pour la coexistence". Les deux associations "saluent les efforts des éleveurs dans la mise en place de moyens de protection et encouragent l’Etat à poursuivre son accompagnement afin de généraliser des mesures qui prouvent leur efficacité".