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La concertation de chantier : un défi pour les collectivités et leurs opérateurs de travaux publics

La communication de chantier est bien connue des maîtres d'ouvrage et des entreprises de travaux publics. Dans un contexte de moindre acceptation par les habitants des nouveaux projets et des nuisances subies, des collectivités cherchent actuellement à mettre en œuvre une approche plus globale de la participation du citoyen à l'occasion d'un chantier : concertation en amont, amélioration des processus d'information et d'accompagnement des riverains, exigences nouvelles vis-à-vis des entreprises. Ces évolutions ont été abordées à la mi-mars à Grenoble, à l'occasion des Rencontres nationales de la participation.

Comment les collectivités locales et leurs opérateurs de travaux publics associent-ils aujourd'hui les citoyens à la phase de chantier ? Est-il possible de bien informer les habitants concernés en dépit des aléas de toute opération ? Au-delà de la communication, comment les nuisances et incidents sont-ils gérés et quels outils peuvent être mis à la disposition des riverains ? Autant de questions qui ont été examinées à Grenoble le 12 mars 2019, à l'occasion des Rencontres nationales de la participation organisées par Décider ensemble et ses partenaires, dont la Banque des Territoires et la Fédération nationale des travaux publics (FNTP).

"Embarquer les gens dans le projet"  

"Il faut qu'on embarque les gens avec nous dans notre projet", a estimé Nathalie Nieson, maire de Bourg-de-Péage (Drôme). L'implication des riverains doit selon elle démarrer bien avant le moment des travaux, dès la définition du projet. Lors d'une réunion publique, les riverains ont ainsi l'occasion de faire remonter leurs besoins, par exemple en terme de stationnement ou de trottoir. "Le projet peut être transformé pendant la réunion", a expliqué celle qui dirige cette commune de 10.000 habitants, également vice-présidente de la communauté d'agglomération de Valence Romans.

Pendant le chantier, la ville demande à l'opérateur un contact, un numéro de téléphone que les habitants peuvent joindre en cas de difficulté notamment d'accessibilité. En cas de contestation, il s'agit de "continuer la concertation", de procéder si besoin à quelques ajustements du projet sans pour autant "tout remettre en cause". Pour Nathalie Nieson, il importe enfin de "valoriser" la réalisation une fois les travaux achevés, par exemple avec "un repas de quartier, en guise d'inauguration".

"Une bonne information demande du temps" 

"Le panneau de chantier ne suffit plus mais il est déjà très important", a embrayé Brigitte Desveaux, vice-présidente de l’agglomération de La Rochelle (Charente-Maritime). Une bonne information va selon elle aider les habitants à mieux supporter les perturbations. "Cela demande du temps", un temps à prévoir dans les marchés publics et l'organisation du chantier. Dans le cas de gros et longs chantiers, les habitants doivent pouvoir connaître les différentes étapes, notamment les moments où il y aura le plus de bruit ou les périodes de travaux de nuit, a appuyé Eric André du groupe Rouge vif, qui a accompagné la rénovation du stade Roland-Garros à Paris.

Les riverains ont en effet besoin de connaître le calendrier, pour anticiper par exemple les coupures d'eau ou d'électricité programmées. Mais il est également nécessaire de leur "expliquer pourquoi cela peut parfois être fait de façon non programmée", a insisté Jean-Christophe Louvet, président de la direction développement durable de la FNTP. À côté des courriers dans la boîte aux lettres et des éventuels sites ou blogs, une communication plus interactive et agile peut passer par des outils tels que l'application la "Météo des chantiers".

Il s'agit aussi d'adapter l'accompagnement à chacune des trois catégorie de personnes concernées : commerçants, habitants, passants. Jean-Christophe Louvet rappelle ainsi que les commerçants, parfois contraints de déménager, subissent souvent les plus grosses nuisances.

La concertation de chantier bientôt dans les cahiers des charges et les formations ?

De l'avis des participants, cet enjeu de la concertation au moment du chantier est rarement anticipé. "Dans l'idéal, il faudrait que ce soit fait au moment de la rédaction du cahier des charges pour les entreprises du BTP", a jugé un représentant de SNCF Réseau. Même désireux de bien faire, les maîtres d'ouvrage seraient souvent rattrapés par un calendrier serré.

Quant aux entreprises de travaux publics, elles seraient déjà engagées, de plus ou moins de bonne grâce, dans le passage "d'une logique industrielle à une logique de service", a estimé le représentant de la FNTP. Avec la baisse de l'acceptabilité des chantiers, liés selon lui au fait que les travaux ne sont désormais plus de la construction mais de la reconstruction, les métiers seraient en train d'évoluer, même si la formation n'en tiendrait pas encore compte. "À l'origine, ce n'était pas notre boulot. Aujourd'hui, si on ne va pas au devant, on a la facture de toute façon."

 

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