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Economie sociale - La Fondation Macif s'oriente vers "l'innovation sociale"

Après avoir soutenu 2.300 projets des entreprises de l’économie sociale et solidaire, avec plus de 20 millions d’euros de subventions pendant quinze ans, la Fondation Macif met le cap sur "l’innovation sociale". Entendez par là : "Toute nouvelle pratique, stratégie, idée ou organisation mise au point pour améliorer une situation ou répondre à un besoin social." Pour le président de la Fondation Macif, Alain Philippe, "l'idée n'est plus seulement d'innover dans les politiques sociales, au sens où on l'entend le plus souvent (via des allocations par exemple) mais de permettre aux hommes et aux femmes de transformer eux-mêmes leur quotidien". Une notion difficile à définir car elle recouvre quantité de secteurs mais la fondation, qui organisait un colloque sur le sujet, mardi 5 octobre, souhaite mettre en évidence les liens entre les questions sociales et environnementales, en apportant des solutions nouvelles en matière de transport, de logement, d'agriculture et autre. Elle fait attention toutefois à ne pas empiéter sur les compétences des pouvoirs publics, comme l’a souligné Alain Philippe, lors d'un point presse en marge du colloque : "Nous voulons surtout éviter d’assumer des responsabilités publiques." Le président de la fondation reconnaît cependant que "la tentation des collectivités publiques de nous faire assumer un rôle de relais associatif est grande" mais il préfère considérer les acteurs publics comme des partenaires "afin de les stimuler". Une incitation nécessaire selon Philippe Durance, co-auteur du rapport(Lien sortant, nouvelle fenêtre) "Créativité et innovation dans les territoires". "La France a une posture trop classique vis-à-vis de l’innovation sociale. L’Etat a une vision trop restreinte du social, qui se résume à la lutte contre la pauvreté", selon le professeur au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) de Paris. La fondation n'entend plus agir simplement comme "bailleur des fonds" mais souhaite contribuer à l'émergence de nouvelles idées. C'est le cas avec le projet de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), Agora-é. Une implantation d’épiceries solidaires pour faire face à la précarité étudiante qui vont s’installer prochainement sur les campus de Lille, Reims et Strasbourg. Ces enseignes commercialiseront non seulement des produits alimentaires, des articles d’hygiène et des fournitures scolaires à des prix réduits mais elles offriront aussi des services comme des rencontres avec des assistantes sociales du Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) ou des outils de prévention et de sensibilisation à l’hygiène alimentaire. Un autre projet est également dans les tiroirs de la Fondation Macif : celui des "systèmes d’échange de services non monétaires" qu’Alain Philippe a découverts au Québec et qu’il va développer dans le 19e arrondissement de Paris, avec l’aide d’une régie de quartier, de la Caisse des Dépôts et de l’Avise (Agence de valorisation des initiatives socio-économiques). Un programme qui verra la création d’une monnaie sociale où les échanges se payent en services rendus. S’il porte ses fruits, la fondation espère le développer dans d’autres régions. Tous ces programmes nécessitent une grande proximité. C’est pourquoi la Fondation Macif s’appuie sur 11 délégations régionales et 5 délégations nationales mais aussi sur les collectivités territoriales. Car les territoires sont le cadre de l’émergence de l’innovation sociale : "les solutions sont sociales et non pas globales", selon Philippe Durance. Pour le professeur du Cnam, "la difficulté réside justement dans la généralisation de ces solutions". La Fondation Macif va donc s’y employer. Forte d’une dotation annuelle de 3,4 millions d’euros (dont plus de 90% sont dédiés au financement de programmes innovants au plan social), elle espère prendre une part active dans cette économie solidaire qui représente près d’un salarié français sur dix, soit 2,1 millions de personnes et 203.000 établissements employeurs (chiffres de la Fondation Macif).
 

Muriel Weiss
 

 

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