Attractivité - La France attire des centres de décision de petite taille concentrés en Ile-de-France
Quatre pays européens accaparent 70% des centres de décisions de groupes étrangers : l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique et la France. Mais sur trente ans, dans ce match à quatre, "on observe une érosion nette de la part de la France au profit de l'Allemagne et de la Belgique", note le Conseil d'analyse économique (CAE) dans une note publiée le 11 mai 2016 sur "l'attractivité de la France pour les centres de décision des entreprises". Selon Business France, un "centre de décision" est une "structure interne à l'entreprise dont le dirigeant et les équipes participent aux prises de décisions stratégiques (direction financière, marketing, communication, R&D…), engageant l'avenir de tout ou partie de l'entreprise, notamment en matière d'investissement et d'emploi". Le centre de décision est distinct du siège social dont la localisation répond à une finalité fiscale via une holding par exemple.
Entre 1980 et 2012, la France a reculé de la première à la quatrième place en termes d'attractivité des centres de décision de groupes étrangers, tandis que l'Allemagne est passée de la quatrième à la première place. Lorsqu'on prend en compte la taille des centres de décision, le Royaume-Uni est "clairement premier sur toute la période" même si, depuis la mise en place de l'euro, Londres est devenue moins attractive que Bruxelles. Le CAE constate en outre que "la France n'est pas la destination privilégiée des pays émergents" (Chine, Inde, Brésil, Qatar, Japon, Russie…) qui localisent leurs grands groupes principalement au Royaume-Uni.
Des petits centres concentrés en Ile-de-France
La France attire des centres de décision de petite taille qui sont concentrés en Ile-de-France. "Cette performance déclinante de la France et de la région parisienne ne tiendrait pas à un déficit d'attractivité 'pure' mais plutôt à une spécialisation sectorielle et géographique défavorable", précise le CAE. "La spécialisation sectorielle de la région (notamment l'importance du commerce de gros) et l'origine traditionnelle des investissements étrangers (Etats-Unis et pays européens plutôt que pays émergents) pourraient expliquer la moindre performance de l'Ile-de-France." Les entreprises localisent leurs centres de décision en fonction de la taille de la région, des infrastructures aéroportuaires, de la présence d'une main d'œuvre qualifié (sur ce point, Paris domine Londres par exemple), de la qualité de la gouvernance publique, des avantages liés à la présence d'autres centres de décision et d'une fiscalité modérée sur les hauts revenus. Les cadres supérieurs qui ont une influence sur le choix du lieu d'implantation d'un centre de décision sont aussi vigilants sur l'agrément d'une ville et la qualité des établissements d'enseignement.
Le CAE constate que "la bataille est perdue [pour le France] pour la tête de pont des entreprises multinationales américaines au profit de Londres et Dublin". En revanche, "l'Ile-de-France a toutes ses chances" pour gagner la bataille visant à devenir la capitale économique de la zone euro, devant l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, "à condition de ne pas les gâcher". Le CAE préconise d'améliorer le hub de Roissy-Charles de Gaulle et son accessibilité depuis le centre de Paris, et d'investir dans quelques grandes universités pour les hisser à un rang mondial et augmenter le nombre de places dans les lycées internationaux ou les lycées avec des sections internationales, afin de pouvoir accueillir plus de jeunes non francophones. Enfin, pour le CAE, la stratégie "la plus prometteuse" consiste à "améliorer le climat des affaires en France" plutôt que de chercher à attirer coûte que coûte des centres de décision. Il recommande ainsi d'éviter de rentrer dans une course au moins-disant fiscal et de développer une culture du conseil aux entreprises au sein de l'administration fiscale pour les aider à comprendre les règles du jeu.