La Haute-Bruche mise sur le potentiel agricole de son territoire

Située dans le Bas-Rhin entre Nancy et Strasbourg, la communauté de communes de la Haute-Bruche est un territoire rural et montagneux. Depuis bientôt trente ans, l'intercommunalité a mis en place plusieurs mesures en faveur de l'entretien du paysage. Ces actions ont permis de redonner du dynamisme à l'activité agricole locale. Aujourd'hui le territoire compte vingt-cinq exploitants de plus qu'à la fin des années 1980.

La communauté de communes de la Haute-Bruche (25 communes, 19 200 habitants) est un territoire certes rural, mais qui reste marqué par son passé industriel et par le déclin du secteur textile dans les années 1970 et 1980. « La crise du textile a entraîné un exode rural massif et a eu un fort impact sur l'attractivité locale. Les élus de la communauté de la Haute-Bruche se sont mobilisés, à partir des années 1980, pour donner une nouvelle dynamique au territoire en s'appuyant sur deux leviers : l'activité agricole et l'entretien du paysage », explique Jean-Sébastien Laumond, agent de développement chargé de l'espace et de l'environnement à la communauté de communes de la Haute-Bruche. Pour cela, ils ont élaboré un projet paysager intercommunal, qui définit un programme d'actions de vingt-et-une mesures spécifiques, et précise le niveau d'intervention de l'intercommunalité. Parmi les actions phares : la création d'associations foncières pastorales et la réalisation de deux corps de ferme.

Des associations foncières pastorales (AFP) pour lutter contre les friches

La vallée était composée d'une multitude de petites parcelles, dont certaines à l'état de friche. Ce manque d'entretien et les boisements dispersés contribuaient à la fermeture du paysage. Les AFP ont été créées pour lutter contre ces friches. Leur intérêt est de permettre d’associer l'ensemble des parties prenantes et d’être rapidement opérationnelles sur des zones bien définies. Instituées à l'initiative des communes dans le cadre de leur projet paysager, ces associations regroupent une assemblée de propriétaires fonciers possédant des périmètres laissés à l'abandon et susceptibles d'être réexploités, ainsi que des terrains boisés présentant un intérêt paysager. Chaque AFP de la haute vallée de la Bruche a mis en place un groupe de travail réunissant l'ensemble des personnes impliquées dans le projet d'aménagement d’une ou de plusieurs zones, propriétaires, exploitants potentiels et élus. « Le projet doit être validé a minima par 50% de l'assemblée des propriétaires. En cas de délaissement d'une parcelle par un des propriétaires, en Haute-Bruche, la commune s'engage à se porter acquéreur », précise l’agent de développement. Quant à la communauté de communes, elle participe aux réflexions des groupes de travail en apportant une vision territoriale élargie, et accompagne les propriétaires tout au long des travaux : recherche de financements, montage administratif des dossiers, ou encore maîtrise d'œuvre des travaux pour le compte des AFP. Les travaux sont généralement subventionnés à hauteur de 80% grâce aux aides du département du Bas-Rhin, de l’Etat et de la région Alsace, et des fonds européens.
Aujourd'hui, la communauté compte 20 associations foncières pastorales, regroupant 1500 propriétaires et 3500 parcelles, soit l'équivalent de 500 hectares reconquis. Résultat : un paysage ouvert, une revalorisation des espaces naturels et, surtout, la pérennisation des activités de culture et d'élevage avec l'installation de nouveaux exploitants ou la reprise d'exploitations (50 agriculteurs pluriactifs contre 25 dans les années 1980).

La création de deux corps de ferme

La première ferme, située à Wildersbach (300 habitants), est constituée de trois bâtiments progressivement construits entre 2000 et 2008 pour l'élevage de vaches et de moutons, la transformation des produits de la ferme (lait et viande) et l'accueil de touristes (restauration, vente directe). La commune a acquis et viabilisé le terrain (eau et enfouissement des réseaux), tandis que l'intercommunalité a financé la construction des locaux. L’investissement total a été d’un million d'euros, financé à 75% par des subventions. Les deux collectivités, qui restent propriétaires de leurs acquisitions respectives, sont liées par une convention annexée au contrat de bail de fermage tripartite, qui porte la signature de l'exploitant et des bailleurs associés (c'est-à-dire la commune et l'intercommunalité). Le loyer, partagé entre les deux collectivités, leur est versé directement : la partie correspondant au corps de ferme revient à la communauté de la Haute-Bruche, celle correspondant au terrain revient à la commune. Le deuxième corps de ferme, construit sur la commune de Plaine (900 habitants) pour un investissement un peu supérieur (1,3 millions d’euros), accueille un couple de jeunes agriculteurs depuis 2004.
« Si le principe de ferme-relais est intéressant, ces deux projets représentent des investissements importants pour les collectivités. Aussi restent-ils exceptionnels. Nous incitons les agriculteurs à s'installer ou à s'agrandir de manière indépendante, notamment grâce aux actions paysagères engagées par les AFP », indique l’agent de développement.

Laura Henimann / PCA, pour la rubrique Expériences du site Mairie-conseils
 

Communauté de communes de la Haute-Bruche

Nombre d'habitants :

19200

Nombre de communes :

25
114, Grande Rue
67130 Schirmeck

Jean Sébastien Laumond

Agent de développement chargé de l'espace et de l'environnement

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