La montagne veut se pousser du col à Bruxelles
Plus on est loin et haut, plus il faut parler fort. En cette année olympique, c'est peut-être ce que se sont dit Marie-Antoinette Maupertuis, membre du Comité européen des régions (CdR), et par ailleurs présidente de l'Assemblée de Corse, et Herbert Dorfmann, député européen (Italie/PPE). Tous deux – avec le renfort de l'association européenne des zones de montagne Euromontana – viennent en tout cas de lancer, ce 14 mai, une "Alliance européenne pour la montagne", avec pour objectif affiché de "renforcer la voix des régions de montagne au sein des institutions européennes", afin qu'elle soit davantage entendue, et écoutée. "Les territoires de montagne ne demandent ni privilèges ni compassion. Ils exigent simplement d’être traités à la hauteur de leur contribution stratégique à l’Union européenne. Avec cette alliance, nous portons une ambition claire : inscrire durablement nos spécificités dans les priorités politiques et budgétaires européennes", explique l'élue corse.
Dans un "manifeste pour l'action et le changement", les deux élus et la présidente d'Euromontana soulignent qu'"avec 30% de la superficie de l'Europe, 13% de sa population, 18% de ses exploitations agricoles et 43% des sites Natura 2000, les montagnes doivent jouer un rôle clé dans la réalisation des objectifs de durabilité, de résilience et de prospérité de l'Europe", agissant tout à la fois "comme des châteaux d'eau du continent, des sources d'énergie et de matières premières, des fournisseurs d'aliments de haute qualité, des réservoirs de biodiversité, des puits de carbone et des sites abritant un riche patrimoine culturel et naturel". Pourtant, si la montagne est belle, elle reste frappée par le phénomène d'hémorragie démographique qui touche l'ensemble des territoires ruraux de l'UE (lire notre article du 7 novembre 2023). Les élus entendent en conséquence défendre notamment un "droit à rester" en montagne et à faire réellement valoir l'article 174 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne – lequel prévoit qu'une "attention particulière est accordée aux zones rurales, aux zones où s'opère une transition industrielle et aux régions qui souffrent de handicaps naturels ou démographiques graves et permanents telles que les régions les plus septentrionales à très faible densité de population et les régions insulaires, transfrontalières et de montagne" –, jugé insuffisamment pris en compte par les politiques européennes. Les élus du Parlement européen et du CdR représentant les territoires de montagne sont invités à rejoindre les rangs de cette alliance, et à donner de la voix.